La sociologie de Erving Goffman. Le non-respect des règles et la question de la folie — Jean Nizet et Natalie Rigaux (2005)

Thèmes abordés

identité, individu, malade mental, condition de félicité, cérémonies du moi, relâchement moral, psychologue, famille

Résumé du document

Cette identité change au gré des situations rencontrées, partant du principe que tous les individus n'ont pas les mêmes attentes envers autrui. Ainsi, l'individu doit s'adapter et se conformer aux normes voulues par les individus qu'il rencontre. Afin de respecter sa face et celle de l'individu, il est instauré des règles d'interaction qu'il faut suivre. Selon Goffman, les règles de l'interaction sont régies par la nécessité d'avoir un comportement compréhensible par l'individu ou le groupe avec qui l'on interagit. Entretenir une apparence « normale » protège l'individu d'être considéré par autrui comme « malade mental ». Le malade mental étant celui qui témoigne d'une incapacité à respecter ces règles, la conséquence sera l'apparition d'un malaise dans l'interaction. La maladie mentale n'est pas utilisée au sens de dysfonctionnement psychique. Lorsqu'il arrive des oublis de ces règles, la règle de la « lisibilité des comportements » fait que nous sommes amenés à fournir des explications afin de ne pas être considérés ainsi. Cela permet le maintien de l'ordre social, ce dernier évoluant au gré du respect des règles établies.

Extraits

[...] Le non-respect des règles et la question de la folie - Jean Nizet et Natalie Rigaux (2005) 1-A quoi renvoie la notion de face selon E. Goffman ? Cette identité change au gré des situations rencontrées, partant du principe que tous les individus n'ont pas les mêmes attentes envers autrui. Ainsi, l'individu doit s'adapter et se conformer aux normes voulues par les individus qu'il rencontre. Afin de respecter sa face et celle de l'individu, il est instauré des règles d'interaction qu'il faut suivre. [...]

[...] Cela permet le maintien de l'ordre social, ce dernier évoluant au gré du respect des règles établies. 2-Témoignage personnel Donnez un exemple personnel d'une situation dans laquelle vous avez identifié autrui comme un « malade mental » ou inversement on vous a identifié comme une « malade mentale » parce que vous n'avez pas respecté les règles de l'interaction ? Il y a quelques semaines, lorsque j'attendais que le tram arrive un soir avec deux amies, une femme assez proches de nous, a commencé a baisser son pantalon afin d'uriner. [...]

[...] Selon lui, respecter les règles de l'interaction, c'est aussi une façon de communiquer à autrui son caractère inoffensif. Le « malade mental » est alors perçu comme un individu dangereux. Lorsque nous nous retrouvons dans une situation où une personne se manifeste en tant que « malade mental », nous essayons alors de contrer le danger. D'après des recherches éthologiques, ce comportement est caractéristique de celui de certaines espèces animales, qui vient d'une façon quand tout son environnement semble « normal », mais lorsque l'un de ces animaux est alarmé par son « système de vigilance » et ressent une perturbation, qui fait qu'il va se préparer à affronter à un danger potentiel. [...]

[...] Au sens de Goffman, nous pouvons qualifié cette femme de « malade mentale ». 3-Qu'est-ce qu'une « condition de félicité » ? Une « condition de félicité » est un état de bonheur ou de plénitude extrême causé par des circonstances particulières, ceci est davantage favorable à la communication et à l'interaction d'un individu avec son environnement social. Ce qui favorise une « condition de félicité » est de garder une santé mentale, en tout cas dans les apparences. En effet, il est nécessaire de manifester une « apparence normale », afin d'être compris par tous. [...]

[...] Comme le dit Goffman, cette affirmation de soi et des autres est impossible dans les institutions totales, qui privent les « malades mentaux » des « cérémonies du moi », pourtant indispensables. Les « Cérémonies du moi » peuvent se caractériser par le besoin de se confier à une tierce personne, qu'il s'agisse d'un ami, d'un membre de sa famille et/ou d'un psychologue. Ceci est nécessaire afin d'exprimer ses sentiments, ses doutes envers soi-même, sa capacité à réussir, c'est l'extériorisation favoriserait le maintien d'une estime de soi valorisante. [...]