Né en 1955, médaille de bronze du CNRS 1997, chargé de recherche 1ère classe au CNRS 5section 40, “Politique, Pouvoir, organisations”), animateur de l'équipe “Connaissance de l'Entreprise et
Management” de l'INSA, chargé d'enseignement aux Universités Pierre Mendès-France et Stendhal
(Grenoble), à l'IETL (Lyon 2) et à l'ISTIL (Lyon), Christian Thuderoz est l'auteur de nombreuses
publications : “Du lien social en entreprise. Travail et individualisme coopératif ”, in Revue Française de Sociologie, n° 2, 1995 ; “Sociologie des entreprises”, collection Repères, La Découverte, Paris, 1996 ; “L'usine et le petit pot. Pour une sociologie de l'innovation industrielle”, Sociologie du travail, n° 3, 1997 ; “La recodification de la relation d'emploi”, (avec Jacques Bélanger), in Revue Française de Sociologie,
n°3, 1998 ; “La confiance. Aspects économiques et sociologiques”, Gaétan Morin, Québec-Paris, 1998
(avec D. Harrisson et V. Mangematin, coord.) ; “Régulation sociale et action collective pour l'emploi en France”, (avec P. Trompette), Relations industrielles / Industrial Relations, n° 4, 1999 ; “Négociations. Essai de sociologie du lien social”, PUF, 2000. Ses principaux axes de recherche sont la sociologie de la négociation, la sociologie des entreprises et de l'entrepreneuriat.
L'entreprise occupe aujourd'hui une place majeure dans les pratiques sociales, s'affirmant comme une institution centrale de nos sociétés. Il faut restituer à l'entreprise son épaisseur sociale : ni
simple réceptacle de rapports sociaux, ni modèle de société. L'entreprise est simultanément un lieu de
production, une organisation et une institution. Cette notion d'institution est complexe. François
Perroux désigne l'entreprise comme « un ensemble stable et organisé d'éléments et de relations, formé en vue d'accomplir l'oeuvre de production ». Le terme d'institution entre en résonance avec d'autres : communauté, groupement, règles, valeurs, conventions. L'entreprise est un lieu de création
institutionnelle.
Il existe trois façons d'appréhender sociologiquement l'entreprise : dans son mouvement
historique, dans ses formes multiples et successives ; comme un lieu de pratiques sociales, un espace abritant des relations sociales, des jeux et des règles (c'est donc une organisation) ; enfin, dans son rapport à la société, comme une institution (à la fois ordinaire et spécifique, en tout cas fondamentale), à qui incombe des responsabilités sociales. Ces trois regards sont complémentaires. Ils constitueront le fil conducteur de Sociologie des entreprises. Auparavant, il convient de définir l'entreprise, et en noter la diversité.
[...] Deux options se présentent : une place réduite, l'entreprise étant circonscrite aux mécanismes de production et à la combinaison des facteurs du travail et du capital ; une place majeure, l'entreprise étant jugée capable de s'ouvrir et d'agir sélectivement sur son environnement et de produire des règles, des cultures et des comportements lui appartenant en propre. La seconde vision permet de traiter l'entreprise comme un objet d'étude en soi. L'ambition théorique de cette sociologie est réelle : forger des outils conceptuels permettant de penser simultanément l'unité de l'entreprise et sa pluralité, penser son autonomie et son ouverture au monde, sa fonction d'organisation économique et sa nature d'institution du monde social. L'ambition de cette sociologie est de conforter l'entreprise dans sa capacité de se comprendre et d'agir sur son propre développement. [...]
[...] March proposent l'idée d'une entreprise contingente, soumise aux stratégies de ses membres. La nouvelle économie institutionnelle définit l'entreprise comme une structure de gouvernance, autrement dit comme une institution susceptible de gérer et coordonner des transactions, en vue de répondre à une question centrale : faire ou faire faire Mais ces approches la réduisent à un simple réseau de contrats spécifiques : la firme apparaît comme une forme d'organisation en dernier ressort. Chez Richard Nelson et Sydney Winter, l'approche évolutionniste de la firme résulte de la convergence de trois types de préoccupations : rendre compte de l'évolution des firmes par le principe de la sélection naturelle (les mécanismes de sélection agissent sur les gènes de l'entreprise : ses routines), au sens de Darwin ; réactualiser les approches de Schumpeter en examinant l'évolution technologique des firmes sous l'angle d'un processus essai/erreur ; mobiliser la notion de rationalité limitée, proposée par Herbert Simon. [...]
[...] L'entreprise naît de la séparation entre le cercle familial et le lieu de travail. La distinction comptable entre la maison et l' exploitation et le développement d'un droit construit sur cette séparation sont décisifs. Les ressources accumulées ont joué un rôle déterminant. L'entreprise s'est développée tout autant contre la société qui l'entourait, la bousculant dans son rapport usuel avec l'argent, qu'avec elle, étroitement solidaire des structures sociales qu'elle sécrétait et modifier. L'entreprise naît de la libération de la société civile par rapport à l'Etat, quand émerge un autre système de valeurs, orientées vers l'activité économique, et à distance des anciennes valeurs militaires, religieuses ou politiques. [...]
[...] En ouvrant la boîte noire de l'entreprise, elles permettront peut-être de faire un pont avec les regards sociologiques qui, depuis longtemps, analysent et décrivent le fonctionnement interne des organisations. [...]
[...] Acteur éthico-économique, l' entreprise active (Sylvaine Trinh) serait un modèle d'entreprise que toute société pourrait avoir pour ambition de mettre en place. 6 Q u'est-ce qu'une entreprise ? Pourquoi une sociologie des entreprises ? Depuis quand et sous quelles formes les entreprises sont-elles apparues ? Que nous apprend l'évolution de ces formes ? Quels sont les différents aspects de la diversité des entreprises ? Comment appréhender sociologiquement l'entreprise ? N'est-elle pas un centre de production ou une simple organisation ? Dans quelle mesure l'entreprise est-elle autonome, capable de définir et d'orienter elle-même ses stratégies ? [...]
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