Le texte servant de base à cette fiche de lecture est un extrait de Sociologie de la drogue, écrit par Henri Bergeron et publié en 2009 (Collection Repères). Plus précisément, il est ici question du « Chapitre II : Sociologie de la déviance, usages de drogues et toxicomanie », et du sous-chapitre « Comment sortir de la toxicomanie ».
Henri Bergeron est chargé de recherche au CNRS et chargé de cours à Paris I – Sorbonne et à Sciences Po Paris, et travaille sur le domaine de la sociologie de la drogue et de la toxicomanie. Sur ce domaine, il a publié quatre ouvrages, dirigé deux écritures d'ouvrage et tenu sa thèse. Membre du comité scientifique de l'Observatoire européen des drogues et des toxicomanies, il se déclare publiquement favorable à la dépénalisation du cannabis en 2011 et souligne la nécessité d'un débat sur les politiques antidrogues.
[...] Ainsi, il y a une reconnaissance de leur situation de déviant et de l'anormalité de leur condition les poussant à se réintégrer [ou du moins à tenter de le faire] dans le monde ordinaire Pour cela, les toxicomanes passent par la justification de leur raison à vouloir quitter la toxicomanie : ces raisons doivent être à la fois valables pour eux, mais compréhensibles pour les proches. Ainsi, pour Ogier, toutes ces théories partent du point de vue de l'auteur, c'est ce qui aide les sociologues à obtenir des théories précises, liées à l'implication du capital social et des engagements sociaux pour ne pas devenir consommateur régulier ou sortir de la toxicomanie. C'est de ce point de vue que l'on peut considérer la drogue comme une béquille, due [entre outre] à l'effritement du tissu social de l'individu. [...]
[...] De ce constat, Biernacki met en avant deux ressentis possibles chez l'individu sortant de la toxicomanie : soit il ne se considère plus comme toxicomane, soit il se considère comme toxicomane abstinent, et cela même s'il ne consomme pas durant des années. Biernacki met également en avant le fait que si les toxicomanes souhaitent sortir de la consommation de drogues, c'est parce qu'ils ont vécu des expériences passées douloureuses et des crises existentielles : il parle de conversion possible pour évoquer le futur des anciens toxicomanes, et une carrière politique ou religieuse comme aboutissement récurant. [...]
[...] Bergeron évoque par la suite le modèle d'arrêt de la consommation développé par Stimson et Oppenheimer. Ce modèle s'articule autour de quatre motifs : le premier est que des évènements invitent le toxicomane à s'interroger sur sa situation [ce qui renvoie clairement à la faculté à se projeter et à prendre du recul développé par Lert et Fombonne] ; la seconde est la disparition de plaisir et d'euphorie liés à la consommation ; la troisième le vieillissement et la naissance d'un fossé entre réalité du toxicomane et besoins réels dû à un décalage de générations notamment ; la dernière d'une prise de conscience des risques sanitaires, sociaux et libertaires [renvoyant une nouvelle fois au modèle développé par Lert et Fombonne]. [...]
[...] Comment s'en sortent les toxicomanes ? Dans un premier temps, il est important de remettre le terme de toxicomane dans le contexte dans lequel Henri Bergeron l'utilise : il le fait au sens strict de l'OMS, c'est-à-dire en prenant en compte quatre facteurs que sont : l'addiction (envie de consommer ledit produit) ; la tolérance (augmentation des doses et diminution du temps entre chaque prise) ; la dépendance (psychologique et physique) ; et les conséquences néfastes existantes (sur la vie économique et/ou sociale). [...]
[...] Ainsi, pour Bergeron, les sociologues privilégient le biais de l'arrêt de la consommation comme porte de sortie des toxicomanes. En effet, il montre que les auteurs, traitant de ce sujet, s'appuient sur la théorie du sens visé développée par Max Weber : s'ils ne considèrent pas que la sortie de la toxicomanie est un choix rationnel en finalité (où seul impacte l'efficacité de son action sur l'individu), ils la considèrent comme sens visé par un agent (il faut alors distinguer une activité significative -c'est-à-dire dotée de sens- à un comportement purement réactionnel ; le sens et la fonction de l'action ; mais également la compréhension actuelle et la compréhension explicative de l'action). [...]
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