Dans la société industrielle que décrit le professeur de sociologie Ulrich Beck, la répartition des richesses est dépassée par la logique de répartition des risques. L'auteur décrit l'évolution de la société : de la société traditionnelle à la société industrielle qui elle-même est amenée à disparaître au profit d'une nouvelle société.
Ainsi, tout long de son œuvre, la société de pénurie (société traditionnelle) s'oppose à la société du risque (processus d'industrialisation mis en marche).
La première se caractérise par une logique de répartition des richesses, une situation de classes où les inégalités entre classes sociales sont telles que les hommes ont un sentiment d'appartenance à leur groupe social (ce que Marx appelle la « classe pour soi »). Ainsi, la société traditionnelle est celle dans laquelle la misère matérielle prime, elle est l'objet de toutes les préoccupations. Beck parle, pour la caractériser, de « paupérisation matérielle ».
Au contraire, dans la société industrielle, celle-ci se caractérise par la logique de répartition des risques. Il n'y a plus de situation de classes, mais une situation de risque du fait de la standardisation des conditions de vie par la croissance économique explosive depuis la mise en marche du processus d'industrialisation. De ce point de vue, le sentiment d'appartenance à une classe sociale est « anesthésié » puisque les différentes classes ne sont plus aussi opposées que par le passé. Par ailleurs, la société du risque est celle où les préoccupations touchent des points intangibles, universels. Ainsi, le risque est imperceptible, et face à sa globalisation et son intangibilité, les menaces font de la société une véritable communauté de peur. L'égalité n'est plus la préoccupation centrale des populations. Ainsi, la sécurité est le véritable moteur de l'action des nouvelles générations.
[...] Ainsi, la société industrielle a eu pour conséquence l'émergence d'une nouvelle pauvreté, l'apparition d'un chômage de masse perçu comme un destin personnel. L'individu s'est responsabilisé et, par le processus d'autonomisation, n'a plus considéré le chômage comme un problème social mais individuel. La société perd sa culture de classe : les individus ne raisonnent plus en terme d'opposition de classe, se situant alors au sein d'un collectif. Après avoir traité de la menace d'autodestruction de la société moderne à travers la répartition des risques ainsi qu'à travers l'éclatement des fondements structurels sur lesquels celle-ci reposait, il convient de voir à qui ce système profite. [...]
[...] Ainsi, en prenant l'exemple de la République fédérale d'Allemagne, il explique que nous sommes passés d'une société qui vit, consomme, produit, détruit du capital, à une société qui fait exactement la même chose avec le risque. La société se gouverne par le risque et donc par la peur. Le texte a été publié en 1986. Beck est un homme de gauche européen, et cosmopolite. Ici, le terme gauche ne désigne en aucun cas l'affectation à un parti politique, la logique partisane doit être écartée : il est le représentant d'une gauche modérée au niveau mondial et conservé du marxisme le principe fondamental de l'interventionnisme d'Etat qu'il met en évidence dans cet ouvrage. [...]
[...] En somme, il convient de nuancer la portée réelle de cette égalisation des conditions d'existence qui serait le fait du processus d'industrialisation. Par ailleurs, la société moderne a vu la structure sur laquelle elle reposait remise en cause par son action. C'est en ce sens que l'auteur parle de société réflexive : la nature de la société moderne fait que, par son application, elle a vocation à se transformer, à disparaître pour déboucher sur une nouvelle structure. Ainsi, la société industrielle a eu pour conséquence un processus d'individualisation. [...]
[...] La pauvreté matérielle et la naïveté industrielle font l'atout des entrepreneurs qui imposent des consignes de sécurité qu'ils savent très bien qu'elles ne seront jamais appliquées du fait des manques de moyens financiers. Les sociétés industrielles gardent ainsi les mains propres (p. 77). Il y a combinaison des entrepreneurs industriels de réaliser des profits en baissant les coûts de production avec les intérêts propres des pays de lutter contre la misère matérielle, et assurer l'autonomie étatique. L'Etat change de plus en plus sa structure, et sa puissance change de nature. [...]
[...] Concernant l'émancipation de l'individu par rapport à sa classe, Beck s'oppose à Marx qui affirmait que le processus de modernisation aurait pour conséquence une cohésion organisée de la classe ouvrière. En effet, selon Marx, il n'y a pas d'individualisation mais une expérience collective de la paupérisation. Le passage d'une classe en soi à une classe pour soi illustre bien cette prise de conscience d'appartenance à une classe commune, aux modes de vies similaires au sein d'une même catégorie sociale (p. [...]
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