Notre analyse se fera en deux temps. Premièrement (partie 1.1), nous étudierons quelle est la pensée de Clastres sur le langage chez les amérindiens. Pour cela nous distinguerons d'une part son rapport à l'individu (chap. 5 sur les chants Guayaki), d'autre part sa fonction mythologique et religieuse (chap. 6 et 8) et enfin son rapport au politique (chap. 2 et 7). Puis (partie 1.2) nous verrons quelle sont les conditions qui permettent d'expliquer la continuité et la stabilité de ce régime politique : la tradition, l'état de guerre permanent, les rituels initiatiques, et la volonté des tribus à rester petites démographiquement. Deuxièmement, nous verrons la portée du texte. Nous verrons d'abord que le livre est éminemment un livre polémique Enfin nous essaierons de voir en quoi le système de Pierre Clastres ne dépassent pas certaines limites (partie 2.2)
[...] Elles sont donc condamnées à être sans histoire. Par contre Clastres explique que par cette intermédiaire ces sociétés réussissent à être des sociétés de loisirs, le travail étant une conséquence de l'obéissance à un chef. Le langage, dans ce système, tient une place toute particulière puisqu'il est l'instrument de choix pour lutter cotre le pouvoir. Il permet de neutraliser les violences internes, de neutraliser l'apparition d'un état et de perpétuer indéfiniment la tradition Le ton du livre est éminemment polémique : Pierre Clastres argumente contre différentes erreurs qu'ont pu faire plusieurs disciplines quand à l'interprétation des société sans état. [...]
[...] La parole et le rapport qu'entretient avec elle le pouvoir, est un processus de civilisation On peut poser plusieurs limites au modèle de Pierre Clastres. L'absence d'autorité cache parfois dans son livre le très grand poids de la tradition, cette dernière étant à plusieurs égards très coercitive. On peut se demander si les sociétés primitives ne sont pas emprisonnées par cette tradition. Heureusement tout est fait pour que l'individu oublie ce poids, le principe de socialisation étant dans ces sociétés très fort (nous l'avons vu avec les rites d'initiations). [...]
[...] Cette analyse est peut-être le chaînon manquant d'une théorie qui pourtant tente de se déployer systématiquement. Conclusion Après avoir vu le rôle politique et conservateur de la parole par sa neutralisation, nous avons vu que la parole, ainsi que d'autres organes et coutumes des sociétés amérindiennes, avaient pour but d'empêcher la naissance de l'état, synonyme pour les indiens sinon pour Clastres de coercition. L'auteur comme exemple de société à état donne l'Occident. Pour autant ce système dual n'arrive pas à se déjouer de certaines limites. [...]
[...] Sa propre survie tient donc sur la capacité des autres à bien chasser. Les meilleurs chasseurs sont donc très respectés. Le soir, lorsque l'ivresse monte, les hommes se mettent à chanter mais sous une forme qui n'a rien d'un chœur. Le résultat est assourdissant et chacun semble absorber par son propre chant et n'écoute pas le reste des chasseurs, répétant sans cesse des paroles arrogantes et auto-complaisantes je suis un grand chasseur, j'ai coutume de tuer avec mes flèches, je suis une nature puissante, une nature irrité et agressive ! [...]
[...] La parole du chef ne pourra jamais devenir un ordre. La société s'assure ainsi, en localisant le lieu du pouvoir et en le neutralisant qu'un pouvoir coercitif ne pourra jamais s'installer. Cette argument est un des arguments clés de la pensée de Pierre Clastres c'est l'argument qui va lui permettre de montrer que les sociétés primitives sont des sociétés qui refusent l'état, qui refusent qu'un individu ait plus de pouvoir qu'un autre, et qui finalement refusent la coercition. Cette argument est pour Clastres décisif puisqu'il remet en question l'ethnologie classique, et l'Occident dans son ensemble. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture