François de Singly tente, à travers cet article intitulé "La lutte conjugale pour le pouvoir domestique", de rendre compréhensible les combats et les arrangements conjugaux réalisés à partir des enjeux sociaux que les fonctions sociales de la famille lui attribuent.
[...] Dans cette sous-partie, il est question de la réglementation. Inculquer les normes aux enfants peut se faire par différentes actions qui varient par l'imposition d'un rapport différentiel à la règle mais aussi par le contenu des règles que ces actions véhiculent. Dans le rapport strict à la règle, l'enfant est très soumis à l'autorité de la loi et à la loi de l'autorité. Lorsque le rapport à la loi est non strict, le mode d'imposition de la légitimité morale se base sur le Moi (différent du modèle fondé sur l'opposition naturelle des parents et surnaturelle du Bien). [...]
[...] La morale permet ainsi aux enfants et aux futurs adultes qu'ils seront de rester à leur place dans les pratiques sociales puisque la morale sert à réguler les rapports sociaux des individus à l'intérieur de la société. La famille, garante de la régulation morale des enfants participe ainsi à la reproduction sociale et culturelle de la société. L'éducation transforme donc la nécessité sociale en un idéal obligatoire et désirable. Cependant, il existe plusieurs types d'inculcation morale. Ces derniers varient selon l'appartenance de classe des parents. [...]
[...] Or, les parents n'ont pas de compétences, ni de rationalité aux limites fixées. En cela, les relations entre conjoints et entre parents et enfants se distinguent des rapports bureaucratiques. La famille ne devrait donc pas être considérée comme un Appareil Idéologique d'Etat. La famille conjugale justifie l'autorité déléguée par la nature biologique et affective de ses liens. Ce type de famille fonctionne donc sur la base de l'amour. Malgré ce mode de fonctionnement basé sur l'amour, les conflits entre conjoints existent toujours. [...]
[...] Enfin, il mettra le concept du double bind en parallèle avec un des effets engendrés sur les enfants par la lutte conjugale pour la conquête du pouvoir. I. L'autorité déléguée : objet de rivalité au sein du couple Intéressons-nous dans cette partie à l'autorité déléguée comme élément de la rivalité conjugale. Dans le cadre du mariage, les époux doivent remplir une de leur fonction fondamentale : la transmission d'un patrimoine biologique, économique et culturel. En effet, le mariage doit se penser à trois : l'homme, la femme et l'enfant. [...]
[...] L'enfant devient un vecteur de règles et ses valeurs ne lui appartiennent pas (il ne les a pas créées). Cependant, il se les approprie en reconnaissant leur bien-fondé. Le fondement idéologique dont il est question ici s'appuie sur une légitimité basée sur l'autorité naturelle des parents et surnaturelle du Bien. Les parents croient, dans cette perspective, qu'ils aident uniquement leurs enfants à découvrir leurs richesses personnelles. Lorsque les parents désignent un défaut de leur enfant, ce dernier doit corriger sa personnalité, son attitude, la changer pour la faire correspondre à la morale prescrite. [...]
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