Il y a une apparente unanimité pour la défense du "service public", mais au-delà de celle-ci, les politiques de réforme des services publics ne cessent d'en miner les fondements matériels et symboliques. Une étude de leur évolution permet d'observer une recherche de rentabilité débouchant sur des suppressions de postes, de gares de trains, de bureaux, de lits d'hôpitaux etc. en parallèle avec un changement de statuts des employés lié à un accroissement des emplois précaires. Une dimension plus discrète, mais pourtant fondamentale, des politiques de réforme est elle aussi observable : la mise en place de services "adaptés" aux populations dans les "quartiers défavorisés". Ce volet "social" des réformes est vu comme une nécessité pour accroitre ou maintenir la cohésion sociale. Cette politique peut avoir des conséquences matérielles : une détérioration progressive dû à la recherche de rentabilité déjà évoquée. Mais elle peut aussi avoir des effets stigmatisants pour les populations visées, d'où l'importance d'une étude des représentations des services publics et de la façon dont ceux-ci se représentent les populations des quartiers populaires. L'intérêt de l'ouvrage de Yasmine Siblot réside dans sa faculté à analyser la complexité des processus en place : posant les paradoxes de l'un et du multiple et soulignant souvent la multiplicité des causes et des conséquences. Dans ce cadre, elle analyse les relations des habitants provenant des quartiers populaires avec les services publics et montre, en premier lieu leur importance matérielle, en tant que ressource économique fondamentale dans certains foyers. Mais elle souligne aussi leur dimension symbolique double, stigmatisantes d'une part, elles sont aussi une forme de matérialisation de droits définis collectivement. Afin d'analyser l'ouvrage dans le cadre du cours de méthodologie, nous développerons dans un premier temps la méthodologie employée par l'auteur puis ferons des critiques débouchant sur l'analyse d'un point précis de l'ouvrage (...)
[...] L'enquête de terrain est ancrée dans un espace local, bureau de la Poste dans une commune de la région parisienne. Lui donnant le nom imaginaire de Chény, l'auteur précise tout de même l'ancrage sociologique de la ville dans laquelle les observations ont eu lieu. Située dans une commune de banlieue populaire, cette ville compte habitants. Longtemps dite rouge cette ville comptait en 1975 un population où 45% des actifs étaient ouvriers, cette proportion a aujourd'hui reculé bien que la ville subsiste dans une situation de prolétarisation relative Elle est en effet affectée par un fort taux de chomage contre 12,8% en France en 1999) et une paupérisation du salariat d'exécution; Elle compte ainsi 45% de ménages non imposables en 1997 et un nombre important de bénéficiaires du RMI. [...]
[...] Le choix épistémologique consistant à donner une certaine importance au langage est donc fort, et permet de mettre en relief des points fondamentaux de la thèse de l'auteur. Cela nous apprend par exemple que l'usage de la notion de service public est essentiellement le fait des militants politiques ou des fonctionnaires syndiqués. En dehors de ces acteurs, le terme semble abstrait, et l'on évoque d'avantage les administrations Or cela dénote, au contraire des premiers, un manque de représentations politiquement constitués du monde social, et donc l'affirmation d'une incompétence liée à un sentiment d'illégitimité à évoquer les choix politiques. [...]
[...] Ce point n'est pas fondamental, mais il relève tout de même d'une erreur méthodologique, et bien qu'elle justifie son choix en expliquant le caractère contestataire que revêt l'usage de la lettre pour les habitants. L'auteur analyse tout au long des chapitres les plaintes objectivables et non uniquement subjectives de façon purement phénoménologique, ce qu'elle omet de faire avec les lettres. Enfin, comme cela peut être perçu à la lecture de ce travail d'analyse, le livre est jugé extrêmement riche en perspective, ce qui lui donne un poids majeur puisque Siblot semble vouloir, et réussir, analyser la complexité du champ social étudié. [...]
[...] Afin d'analyser l'ouvrage dans le cadre du cours de méthodologie, nous développerons dans un premier temps la méthodologie employée par l'auteur puis ferons des critiques débouchant sur l'analyse d'un point précis de l'ouvrage. I. Méthodologie de la recherche et opérationnalisation La démarche adoptée par l'auteur, vise à saisir à partir du guichet, la complexité des relations entre services publics et classes populaires ainsi que leurs évolutions. Les relations de guichet sont prises comme poste d'observation de différents processus qui dépassent le cadre observés. Ce lieu permet, en effet, d'observer, puis d'analyser les modalités concrètes de la mise en place des réformes de modernisation du fonctionnement des services. [...]
[...] Ainsi des techniques s'inspirant du public management sont entreprises et ce, grâce à une pédagogie active établie par le service de formation en coordination avec le CNFPT. II. Critiques et analyse précise d'un point de l'ouvrage Une analyse d'un ouvrage scientifique requiert une description de la méthodologie utilisée par l'auteur, point mené précédemment, mais aussi une dimension critique. L'ouvrage étant dense, de nombreux points peuvent susciter la critique, tant positive que négative, nous avons donc décidé de nous concentrer sur trois d'entre eux, nous paraissant significatifs. [...]
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