Rural profond, Roger Béteille, Solange Montagné-Villette, néo-ruralisme méditerranéen, intercommunalité, déprise commerciale, mission Mauger
Comme beaucoup de concepts géographiques, le « rural profond » a une valeur aussi bien scientifique qu'idéologique ou politique. N. Mathieu retrace son histoire : c'est dans la sphère statistique qu'il est apparu (commentaires du Recensement de 1982) pour remplacer l'appellation « hors ZPIU » et l'ancienne distinction entre les communes fondée sur l'importance du secteur agricole. Selon l'INSEE, dès qu'une commune rurale compte au moins un établissement industriel ou commercial de plus de 20 salariés et que le total des emplois dépasse 100 salariés, elle est « industrielle » et échappe donc au rural profond.
[...] Le secteur souffre de son enclavement topographique dans le Bugey : vallée suspendue au nord du bassin de Belley, encadrée par des lignes de crête, ce territoire ne dispose d'aucun réseau interne de villes et se rattache à des aires d'influence dissociées. Son peuplement demeure homogène, bien que dispersé dans une multitude de hameaux. De jeunes ménages se sont installés dans les années 1990, attirés notamment par le faible coût de l'immobilier et la proximité du couloir routier Bresse-Savoie (A40). Malgré le développement des migrations pendulaires, la moitié des actifs travaille sur place. [...]
[...] Le rural profond Limousin est un lieu où cohabitent innovation et valorisation du cadre de vie. Codechamp, à Champagnat (Creuse), village de 400 habitants, est leader européen dans la conception et la production de codeurs optiques haute résolution ; c'est un industriel de la région parisienne, propriétaire d'une résidence secondaire dans la Creuse, qui a lancé le projet, avec l'aide de subventions des collectivités territoriales. Le Limousin n'hésite pas à recourir à la diaspora limousine (groupe des parrains du Limousin créé en 1970). [...]
[...] En 1989, la mission Mauger constatait l'archaïsme, les mauvais résultats et le coût élevé des écoles à classe unique. Un conseil interministériel a alors programmé la suppression des écoles de moins de trois classes primaires ou maternelles. Cette approche modernisatrice a été contredite par les parents et les élus, qui se sont dits attachés aux écoles rurales, car, selon B. Collot, l'habitat rural est aujourd'hui en grande partie un choix de vie cohérent, ce que les administrateurs ont mal compris. [...]
[...] La volonté de mettre fin aux petites écoles est donc fondée sur des a priori liés à une représentation de la modernité. Les petites écoles ont été un véritable laboratoire pédagogique permettant aux enseignants d'adapter l'acte éducatif au milieu rural. Partie II : Types de mutation II.1 Les arrière-pays méditerranéens P. Derioz constate que, derrière la déprise agricole des pays de Sault (Vaucluse) et du Haut-Languedoc, la situation des communes et des agriculteurs est hétéroclite. La population agricole ne dépasse pas le cinquième de la population totale, sauf dans les communes viticoles. [...]
[...] : Fédération nationale des gîtes de France) se sont mis en place. Conclusion R. Béteille tente d'analyser la portée des initiatives et innovations réussies en milieu rural profond. Bien des territoires bénéficient avant tout de la fonction récréative que leur attribuent les touristes étrangers (Néerlandais notamment), ce qui traduit l'anémie de l'initiative locale. Les divergences entre géographes résultent essentiellement de la rapidité de la mutation des campagnes françaises : il est encore trop tôt pour que se dégage une interprétation unique. [...]
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