À travers le diagnostic de la société française en proie à des maux tant sociaux que politiques, Pierre Rosanvallon et Jean-Paul Fitoussi se proposent de dépasser les apparences d'un malaise qui, plus qu'une notion fourre-tout, reflète l'état d'une nation où la récession économique s'est doublée d'une crise morale et identitaire. À la lumière de telles constatations, les auteurs peuvent mieux analyser les nouvelles inégalités qui se sont faites jour dans notre pays, tout en essayant de formuler d'éventuelles solutions politiques ou sociales
[...] Fort de ces constatations, il est possible de dresser une typologie des inégalités. La précarisation de l'emploi, d'abord, a introduit une nouveau type d'inégalité et tend à accentuer les différences à l'intérieur de couches semblables. Les inégalités géographiques, ensuite, affectent le corps social : il convient de distinguer en effet les régions dynamiques d'autres en voie de désertification ou en restructuration, offrant à dans cas des perspectives d'avenir totalement différentes; il en va de même pour les prestations locales qui varient selon les villes et les régions. [...]
[...] Au cœur de la réflexion politique et économique, la notion de travail occupe une place d'importance d'autant plus pertinente que la conjoncture est propice au chômage de masse. L'ambivalence du travail, déjà soulevée par Marx en son temps, n'a pas perdu de son acuité : le travail est-il un facteur d'émancipation ou un facteur d'aliénation? Certainement un peu des deux. Mais à l'heure du débat sur l'aménagement du temps de travail, force est de constater que la chose n'est pas prête d'être tranchée. [...]
[...] Face à cette impasse, la France voit en l'Europe une issue salutaire; mais on ne saurait attendre de l'Europe ce que l'on est incapable de réaliser au niveau national : la maîtrise des règles du jeu. IV. Le répertoire des nostalgies politiques L'épuisement des conceptions économiques, sociales et politiques traditionnelles, le manque d'idées neuves et de projets concrets renforce l'incertitude laissée par la récession. Tandis que la classe politique s'épuise en bonnes intentions, les populismes reprennent l'électorat en main. La solution social-démocrate du compromis entre le capital et le travail qui a fait ses preuves dans d'autres pays n'arrive pas à percer en France où le socialisme, trop longtemps ancré dans une tradition révolutionnaire, reste détaché du syndicalisme et montre de nombreuses divisions. [...]
[...] C'est en ce sens que doit agir la décentralisation. En attendant, le rôle de la politique est plus que jamais la gestion des différences afin de sortir de cette crise de représentation qui emprisonne la société dans un sentiment de trahison et favorise la montée des populismes. Le renouveau de la démocratie passera par la réaffirmation du droit, ainsi qu'une plus grande lisibilité (transparence et éthique) de la politique. La gestion de l'économie ne sera pas étrangère à ce processus comme la mondialisation nous le montre un peu plus chaque jour. [...]
[...] Les voies pour en sortir existent et sont ici exposées : la tâche tient plus de la reconstruction que d'une simple entreprise de réforme, tant a été déstructurante pour la société française la période qui vient de s'écouler. À l'heure de faire les comptes pour mieux appréhender l'avenir, les auteurs posent les vraies questions et avancent une ébauche de solution politique : c'est l'évidence qui parle dans leurs constats, celle-là même qui fait défaut dans les discours publics. Pierre Rosanvallon et Jean-Paul Fitoussi mettent l'accent sur les tensions centrifuges qui, au même titre que les pressions extérieures, menacent à terme le contrat social. [...]
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