Mythologies est un essai de sémiologie de Roland Barthes, grand sémiologue français du XXe siècle. Il y livre des descriptions et analyses de ce qu'il considère comme étant des « mythes contemporains ». Le livre se décompose en deux grandes parties: la première, et la plus conséquente, est une succession de chapitres courts traitant chacun d'un phénomène, objet, personnage ou événement ayant atteint la dimension de ''mythe'' selon l'auteur. La seconde partie est plus théorique, et s'attache à expliciter la dimension sémiologique de son observation, tout en précisant sa terminologie. Il y complète aussi sa réflexion sur les mythologies contemporaines.
Son étude repose sur des éléments culturels de l'époque (précisément, phénomènes, objets, personnages, évènements observés de 1954 à 1956 dans le paysage culturel français) propre à la culture de masse. Ceci est par ailleurs affirmé dans la préface: il s'est bien penché sur le « langage de la culture de masse ». Il explicite aussitôt l'objectif de cet ouvrage, il s'agit de faire un « démontage sémiologique de ce langage », autrement, la sémiologie étant "la science qui étudie la vie des signes au sein de la vie sociale" (Saussure). Par ce démontage, il veut défaire la confusion entre Nature et Histoire (nous y reviendrons).
[...] Barthes note que la construction de ces mythes déénote une forte incapacitéé àà imaginer l'autre. Est-ce rééellement une mééconnaissance, ou bien une peur de l'inconnu? Quoiqu'il en soit, il est vrai que l'autre est toujours particulièèrement transforméé pour pouvoir êêtre mythifiéé. Face àà l'éétranger, l'Ordre ne connaîît que deux conduites qui sont toutes deux de mutilation : àà le reconnaîître comme guignol ou le déésamorcer comme pur reflet de l'occident. L'exemple du pur reflet de l'occident se retrouve dans le chapitre Continent perdu : ici le mythe de l'exotisme montre àà quel point coloniser le monde, c'est toujours un moyen de le nier L'Orient y est effectivement niéé dans sa rééalitéé, et on ne voit àà travers cette repréésentation de l'orient qu'un spectre de l'occident : cela rassure, le mythe doit rester esthéétique et familier àà nos schéémas de penséée et àà notre perception du monde (depuis toujours forgéée par notre culture) : il ne doit pas effrayer, mais conforter. [...]
[...] Ce manichééisme se retrouve dans beaucoup de mythes éétudiéés par barthes, et est une autre des constantes de la penséée bourgeoise. Notons que ce type de mythe transforme une rééalitéé qui n'est pourtant pas mééconnue : il y avait dééjàà àà l'éépoque des travaux d'ethnologie, permettant une approche moins rééductrice que ''l'autre = le sauvage''. Mais le mythe ne suit pas la science, ne le veut pas; il se complaîît dans ses archaïïsmes, qui permettent d'entretenir ces valeurs chréétiennes, manichééennes, irrééalistes. [...]
[...] Feignant une ''banale'' éétude séémiologique sur un mode de communication, il mèène au constat d'un phéénomèène que l'on presque qualifier de ''manipulation'' (lui-mêême n'emploie jamais ce terme) sociale. Il emploie toutefois l'expression abus idééologique : cette culture, souligne Barthes, est imposéée par une classe sociale particulièère. A travers l'ouvrage, on devine que cette culture est donc impréégnéée idééaux propres àà cette classe particulièère, qui s'imposent ainsi àà tous : comme son nom l'indique la culture de masse atteint un public extrêêmement vaste. Mais grââce àà la forme ''mythique'', cette idééologie passe pour ce qu'elle n'est pas, devient universelle, sacréée. [...]
[...] Le chapitre Jouets montre comment l'acceptation du capitalisme se fait dèès l'enfance, avec les produits de la consommation de masse destinéés aux enfants. Barthes affirme que le jouet franççais signifie toujours quelque chose Les jouets en effet prééfigurent littééralement l'univers des fonctions adultes, afin que l'enfant puisse les accepter toutes Par làà, il entend que les jeux assujettissent dèès l'enfance : tout ce qui touche aux mythes du monde adulte y est repréésentéé l'Arméée, la Radio ( . la Méédecine, l'Ecole). L'enfant acceptera d'autant mieux ces institutions qu'elles lui seront familièères. [...]
[...] Ainsi, àà lui-seul, le terme Nature déépasse la simple dééclaration idééologique pour soutenir un combat : la léégitimation de la domination bourgeoise sur la sociéétéé. De la confusion Ordre-Nature nous aboutissons àà l'assimilation Ordre naturel-Ordre politique : ainsi s'opposer au systèème serait contre-nature, et par làà mêême immoral et àà l'encontre des rèègles universelles. Nous voyons ainsi que la construction du mythe se fait avant tout par l'inexactitude, voire le déétournement franc de notions (plus ou moins dééfinies), et par des raccourcis abusifs. [...]
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