"L'Etabli" a été rédigé en 1978 par Robert Linhart. Ce dernier faisait partie des étudiants trotskistes et maoïstes qui, au lendemain de mai 1968, décidèrent d'aller travailler à l'usine. L'idée de « l'établissement » a été votée à une courte majorité à l'automne 1967 au sein d'un courant maoïste emmené par Robert Linhart, courant dont le slogan était « il faut comprendre la réalité pour la transformer ». Suite à ce vote, des centaines d'étudiants laissent derrière eux leurs attaches familiales et culturelles ainsi que leurs aspirations matérielles pour s'introduire au sein des masses ouvrières avec comme idée principale de « l'instruire et de s'en instruire ». Jusqu'en 1980 des militants « s'établirent » et permirent un durcissement des revendications ouvrières au profit des travailleurs français comme des travailleurs immigrés. L'établissement était pour les établis comme Linhart le moyen de rompre les frontières sociales.
L'objectif affirmé était de trouver des ouvriers pour assurer le relais politique et de vivre la condition ouvrière de l'intérieur afin de les organiser. Après les désillusions de l'après-mai 68, Robert Linhart, promis à un avenir d'enseignant, a décidé de se faire embaucher dans une usine Citroën, à la chaîne de fabrication. Linhart a écrit ce livre pour apporter un témoignage de son expérience en tant qu'établi. Ce témoignage se veut fidèle et objectif (« Les personnages, les évènements, les objets et les lieux de ce récit sont exacts »).
[...] Cette marginalisation dans la société s'est retrouvée dans l'usine de Citroën. L'ouvrage de Linhart nous permet également d'entrevoir la place déléguée aux immigrés dans la société. Il nous livre l'histoire personnelle de quelques ouvriers venant d'Afrique du Nord et Sub-saharienne, des pays de l'Est. Certains travaillent afin d'envoyer de l'argent à leur famille, d'autres ont l'espoir de fonder un foyer en France. Une fois embauchés, les ouvriers sont classés dans différentes catégories qui se traduisent par différentes rémunérations. Au lieu de reposer sur le savoir-faire, elles sont ouvertement racistes. [...]
[...] Ce dernier a considéré que le rapport de force face à la direction était en sa défaveur. En définitive, le 17 février, premier jour de grève, l'usine Citroën de Choisy compte 400 grévistes. Ce chiffre constitue une aubaine inespérée pour les grévistes qui y voit là un prétexte à la fête et à l'euphorie. Cependant, cette dernière sera de courte durée, elle se verra remplacée par un essoufflement du mouvement. En effet, le lendemain, on ne compte plus que 300 personnes le surlendemain puis 200 le dernier jour de cette semaine d'action. [...]
[...] Menant à un conflit social Linhart, au cours de son bref passage parmi les ouvriers de Citroën à Choisy, a pu mettre en place son projet et organiser une grève. Organisation de la grève En janvier 1969, la direction de Citroën annonce que la récupération va reprendre à partir de fin février. Cette récupération a un double objectif : - Economique : il s'agit de récupérer les salaires versés aux ouvriers durant les grèves de 1968 en faisant passer la journée de travail de 9h15 à 10 heures dont 20 minutes ne seront pas payés pendant les grèves de mai-juin, les ouvriers avaient obtenu quelques avances d'argent modiques d'une direction effrayée. [...]
[...] L'embauche des ouvriers se fait sur trois critères : la qualification (ou plutôt l'absence de qualification : pourquoi l'embauche d'un ouvrier à la chaîne serait-elle une opération compliquée ? Idée d'intellectuel, habitué à des recrutements complexes, des étalages de titre, des profils de postes. Ça c'est quand on est quelqu'un la moralité (les salariés de Citroën doivent avoir un casier judiciaire vierge, cet élément est censé attester de la moralité des ouvriers. Linhart découvrira que la direction se garde le droit d'embaucher des ouvriers ayant un casier judiciaire. [...]
[...] En effet, l'identité ouvrière était très liée au pouvoir de syndicats tel que la CGT. Mais le rapport de force entre syndicats et patronat après les événements de 68 se transforme et devient favorable au patronat qui en profite pour imposer de nouvelles contraintes aux ouvriers. Ce qui a pour conséquence d'isoler la classe ouvrière. La place des immigrés dans la société Depuis le milieu du XXe siècle, la France a mis progressivement en place une politique spécifique à l'égard de l'immigration. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture