Dès l'annonce de cette fiche de lecture, j'ai eu dans l'idée de m'intéresser à un ouvrage portant sur le sujet de l'adoption. Je me suis attardée sur un certain nombre de livres mais la façon dont ils abordaient le sujet ne m'apportait pas entièrement satisfaction car les auteurs traitaient ce thème dans sa globalité et n'entraient pas réellement dans le vif de la question.
En poursuivant mes recherches, je suis tombée par hasard sur le livre de Céline Delannoy « Au risque de l'adoption ». Contrairement aux autres publications, ce livre est écrit par un auteur qui est réellement concerné par ce sujet et qui, pour ma part, porte un engagement fort, ce qui fait justement la différence avec d'autres livres écrits uniquement par des professionnels, psychologues ou autres. Grâce à ses nombreux témoignages, l'auteur nous fait entrer dans ce monde de l'adoption, un monde qui jusqu'à peu était encore très caché et tabou.
C'est justement parce que l'adoption était encore, il y a quelques années un sujet dont on parlait peu que j'ai souhaité m'informer sur la façon dont les enfants et les parents adoptifs vivaient cette relation. Il est à noter que l'adoption est inscrite dans le code civil depuis 1804.
Ma grand-mère maternelle a elle-même été adoptée et depuis toujours elle se pose des questions sur ses origines, les informations qu'elle a sur son adoption sont en fait très vagues. Je pense quelle doit souffrir encore aujourd'hui du fait de ne pas connaître, ni de mettre de nom sur la femme qui lui a donné la vie. Elle ne sait rien de sa petite enfance, si ce n'est le souvenir de ces séjours successifs au sein de ses trop nombreuses familles d'accueil. Ma grand-mère m'a expliqué le fait que pendant de nombreuses années elle a tenté de s'imaginer sa mère biologique en fonction de ses propres goûts et de son caractère, elle a tenté de comprendre pourquoi celle-ci l'avait abandonnée le jour même de sa naissance à l'hôpital. Mais étant donné qu'à son époque, dans les années 30, il n'y avait pas de dossier constitué par la mère biologique pour l'enfant qu'elle a mis au monde puis abandonné, ses recherches n'ont abouti à rien de significatif.
D'autre part, j'ai choisi ce livre parce qu'il combat, à mon sens, pour l'une des causes les plus difficiles de la société: la lutte contre la souffrance psychique des enfants. En effet, l'adoption d'un enfant fait souvent oublier l'horreur de son abandon. Céline Delannoy, elle, présente l'adoption en évoquant aussi bien les éléments heureux et bénéfiques que les aspects contraignants et difficiles liés à cet acte. Ce livre n'est ni un encouragement, ni une dissuasion à adopter, il évoque les risques encourus de part et d'autre par les enfants et les parents.
Par ailleurs, ce qui a principalement contribué au choix de « Au risque de l'adoption », c'est le fait que l'auteur donne enfin la parole aux enfants adoptés, ces enfants qui n'ont pas choisi d'être abandonnés puis adoptés, ceux qui surmontent plus ou moins facilement le vide de leurs origines, enfin ceux qui vivent avec le poids de la dette envers leurs parents adoptifs.
Le fait que le livre soit écrit avec une extrême clarté rend le livre accessible à tout public, non seulement aux parents adoptifs ou à ceux qui envisagent de le devenir mais aussi aux autres parents, aux enseignants et éducateurs qui sont tous concernés par une vie à construire ensemble.
[...] De plus, les parents doivent apporter un certain bonheur que l'adoption est venue leur promettre. Cela peut dépasser l'entendement quand les parents, soucieux du bien-être de leur enfant, deviennent hyperprotecteurs au risque d'étouffer l'enfant. Certes pour se sentir de bons parents, ceux-ci ont besoin d'être fiers de leurs enfants mais les enfants ont aussi besoin de percevoir que leurs parents sont fiers d'eux pour se sentir de bons enfants. Nous sommes donc dans un échange don/contre-don satisfaisant pour les uns et les autres s'il est bien équilibré. [...]
[...] Ce qui est incontestable, c'est que l'enfant portera le nom de famille de ses parents adoptifs conformément à la réglementation en vigueur. C'est la manière la plus symbolique de reconnaître un enfant comme étant le sien. Pour ma part, c'est une réelle preuve d'amour qui n'est pas négligeable. Quelques rares enfants adoptés ont la chance d'avoir gardé le contact avec leur mère génitrice, ils pourront ainsi mettre des mots sur leur abandon et ainsi tenter de comprendre les motivations de leur mère qui les a poussées à les abandonner. [...]
[...] Il faut tout de même avoir à l'esprit que la plupart des familles adoptives sont issues de milieux favorisés qui amènent plus de 80% de leurs enfants au baccalauréat. Une enquête affirme par ailleurs qu'à l'âge de vingt-neuf ans les enfants adoptés sont plus nombreux que les autres enfants à être étudiants ; ce qui peut s'expliquer par un retard initial ou un parcours plus laborieux soutenu par un fort soutien parental. Le taux d'échec au baccalauréat passe de pour les enfants de parents biologiques à 15% pour les enfants adoptés et les chances d'obtenir un diplôme de second cycle chutent de 45% à 25%. [...]
[...] Ceci fait allusion à une réaction de survie du nourrisson qui, pour ne pas être trop affecté par l'absence de l'autre, se retire de la relation et se replie sur lui-même. Ces enfants seront identifiés comme des enfants hors d'atteinte auxquels toutes actions de l'adulte à leur faire plaisir les laissent insensibles. A contrario, certains enfants vont s'organiser dans le ressassement du manque, ils vont ainsi vivre une permanente quête d'amour, sans cesse préoccupés de séduire autrui et d'attirer l'attention sur eux afin de combler leur manque affectif. Quoi qu'il en soit, l'école remplit de nombreuses fonctions pour ces enfants. Elle représente autant la famille de substitution que l'image paternelle. [...]
[...] La psychiatre Geneviève Jablanczy pointe l'importance de ce voyage dans la construction du lien. L'intérêt de ce déplacement permet d'accélérer les démarches et de connaître le pays de l'enfant, de prendre des photos de son lieu de vie et de le garder ainsi en mémoire à sa place. De plus, se rendre sur place permet d'observer les habitudes de l'enfant dans son pays : l'alimentation, le sommeil, les relations qu'il a avec les autres ; ces éléments sont extrêmement importants et permettent d'atténuer le choc du changement de pays et de rassurer les parents adoptifs sur leur qualité de futurs parents. [...]
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