Le capitalisme se transforme, donnant au travail des libertés qui n'existaient pas auparavant, mais la libération espérée n'est pas au rendez-vous. Si la "cage de fer" de la bureaucratie des organisations rigides et pyramidales héritée du protestantisme s'est détruite, d'autres valeurs qui faisaient la force de l'entreprise et du travail ont aussi disparu. Car une chose n'a pas changé : trouver et obtenir un travail constitue le plus grand objectif de la vie des hommes tant est si bien que l'on peut dire que le travail est le sens de la vie de l'homme. D'où l'importance du prestige et de l'identité au travail.
Or le sociologue américain Richard Sennett dénonce une perte de valeurs dans le système du nouveau capitalisme. Une dégradation du capital social qui se traduit par la perte de la loyauté, de la confiance informelle et du savoir institutionnel dans l'entreprise. Ce qui en vient à déstabiliser deux éléments de l'éthique du travail : la gratification différée et la réflexion stratégique sur le long terme. La conséquence de la souplesse et la flexibilité de ce nouveau capitalisme est source "de stress et d'angoisse chez les travailleurs", les inégalités se creusent, en termes de revenus, en réseau social, en distance sociale entre dirigeants et salariés. Il conviendra donc de comprendre la démarche de Sennett dans cet extrait à travers l'analyse du déficit de l'évolution du capitalisme, jusqu'à la transformation du prestige social.
[...] La transformation du prestige moral au travail contribue à la perte du capitalisme sociale a. Bouleversement de l'éthique du travail : la gratification différée et la stratégie Dans un premier temps, Sennett écrivait que l'identité au travail réside dans les conséquences sociales de leur activité.» En 2006, ce dernier concède que son analyse sur l'identité du travail réalisée dans les années 1970 est erronée. L'obtention d'un travail sûr est le plus grand objectif de la vie de l'homme, c'est le projet de la vie, le prestige que l'on retire de son travail est donc très important. [...]
[...] Or, le développement de la loyauté, de la confiance et du savoir institutionnel ne peut se faire que sur le long terme, ces valeurs sociales prennent du temps à se développer et à s'instaurer car elles reposent sur la connaissance de l'individu, la force du lien social dans l'entreprise et l'expérience au sein de celle-ci. D'autre part, l'on se rend compte que le capital social se construit de bas en haut c'est-à- dire qu'il dépend du sens que les gens ordinaires donnent à leur entreprise et non selon la dictée des dirigeants. Or, les définitions données par les dirigeants changeant constamment, les employés ne peuvent y trouver de signification. La construction d'un sentiment d'appartenance sociale à son entreprise devient donc chose ardue. b. [...]
[...] La confiance informelle se perd car en face d'un système de consommations où tout va très vite, les équipes dans les entreprises sont souvent amenées à évoluer, or nous l'avons dit, la confiance informelle fonctionne si elle se base sur le long terme. Enfin le troisième élément est le savoir institutionnel. Il comprend toutes les connaissances de fonctionnement de l'entreprise. Or, là aussi c'est l'ancienneté et l'expérience qui construit ce savoir. Sennett note que bien souvent ce sont les employés les plus bas dans la hiérarchie qui possède ce savoir. Le problème provient de la réforme de la hiérarchie dans l'entreprise qui licencie bien souvent ces employés en bas de l'échelle. II. [...]
[...] Comme le remarque avec justesse Sennett, le groupe d'une génération antérieure pensait en termes de gains stratégiques à long terme ; le groupe contemporain, de perspective immédiate L'évolution fait que les anciens pouvaient se fixer des objectifs sur le long terme, aujourd'hui la progression est devenue incertaine, il est difficile pour les employés de notre génération de concevoir une stratégie professionnelle sur toute une vie. Pour remédier à ce manque, pour se créer tout de même une base solide sur laquelle se reposer, les employés se constituent un réseau humain solide. Or, en général plus la place de l'individu sur l'échelon de l'entreprise est élevée plus son réseau sera vaste, et inversement. b. Critiques Richard Sennett explique avec beaucoup de clarté les notions qu'il avance pour expliquer les transformations sociales dans l'entreprise ainsi que les causes de l'érosion du capitalisme social. [...]
[...] Les déficits du changement structurel créent une nouvelle forme de pouvoir a. Le capital social et les origines des déficits sociaux Richard Sennett tente tout d'abord de donner une définition de ce que les sociologues appellent le «capital social en précisant que cette définition n'est pas universellement reconnue par l'ensemble des sociologues, rappelant sur un ton plutôt amusé que comme il est de règle chez les sociologues, nous ne sommes pas d'accord entre nous Il se rallie donc à la définition des sociologues d'Alejandro Portes et de Harrison White qui mesurent le capital social en fonction de l'ampleur de l'engagement (qu'il soit volontaire ou de nécessité) des individus dans des organisations sociales ou civiques. [...]
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