Depuis plus de trente ans, Jean-Pierre Levaray travaille comme ouvrier dans l'usine Elf-Total-Fina de la région de Rouen. Touchée par la récession économique, celle-ci ne fabrique plus que des engrais industriels avec un matériel de plus en plus vétuste. Levaray est aussi syndiqué à la CGT, la Confédération Générale du Travail d'obédience communiste (à défaut d'avoir pu fonder une section de l'anarchiste CNT, Confederation National de Trabajo). C'est un militant libertaire: il est responsable de la Fédération anarchiste de la région rouennaise et de la librairie « l'Insoumise », une enseigne associative basée dans un des quartiers les plus déshérités de Rouen. La grande passion de Levaray est l'écriture et la publication de livres. Il a déjà publié des ouvrages comme Ecrire en Bleus: carnet d'usine de mai à juin 2003. En 2005, Levaray publie "Putain d'usine" suivi de Après la catastrophe et de Plan social. L'essentiel des thèmes chers à l'auteur se trouve dans "Putain d'usine": les accidents -parfois mortels-, les maladies professionnelles, la fatigue des quarts (les 3x8), l'ennui au quotidien, l'alcool, le stress, les moments de convivialité, les 35 heures, les plans de restructuration qui sapent le moral et réduisent les effectifs, les bouffées de fierté et de bonheur lors des grèves ou des « déboulantes » au siège social de la Défense.
[...] Putain d'usine de Jean-Pierre Levaray Depuis plus de trente ans, Jean-Pierre Levaray travaille comme ouvrier dans l'usine Elf-Total-Fina de la région de Rouen. Touchée par la récession économique, celle-ci ne fabrique plus que des engrais industriels avec un matériel de plus en plus vétuste. Levaray est aussi syndiqué à la CGT, la Confédération Générale du Travail d'obédience communiste (à défaut d'avoir pu fonder une section de l'anarchiste CNT, Confederation National de Trabajo). C'est un militant libertaire : il est responsable de la Fédération anarchiste de la région rouennaise et de la librairie l'Insoumise une enseigne associative basée dans un des quartiers les plus déshérités de Rouen. [...]
[...] Qu'il n'y ait plus ce travail, qu'on soit libres. Mais avec d'autres soucis Il rêve de quitter ce lieu d'infamie où les gens se répètent sans cesse, où l'on donne les mêmes consignes, où l'on voit les mêmes têtes. Il regrette de ne pas être parti plutôt, d'avoir perdu trente de vie dans cette usine, qui est pour lui une véritable prison : C'est là sans doute que j'aurai dû quitter l'usine. J'ai manqué de courage [ ] Pourtant, on reste tous, mes collègues et moi-même, lâchement. [...]
[...] À court terme, les salariés peuvent de moins en moins organiser leur vie personnelle à cause de la fameuse flexibilité À plus long terme, c'est la peur du prochain plan social qui supprimera un poste ou un atelier. C'est aussi l'angoisse d'une catastrophe semblable à celle qui a frappé les collègues de l'usine AZF de Toulouse. Le témoignage de Levaray est sombre, implacable. Il est même parfois dérangeant lorsqu'il décrit les moments d'horreur et de mort dans l'usine. Levaray a donc su trouver un style simple et sensible, d'une efficacité peu commune. Il est difficile d'avoir une vision objective du monde ouvrier lorsque l'on n'a jamais travaillé dans une usine. [...]
[...] Dans cette nouvelle société, on continuerait à fabriquer les produits pour le confort et pour nourrir tout le monde, dit-il, en autogérant des petites unités de production, en abaissant le temps de travail, en robotisant et en automatisant au maximum. Il est facile d'adhérer à cette idée de liberté totale, d'entraide entre tous pour une vie paisible et d'abolition de toute idée de subordination. Mais il semble que l'idée soit utopique car une société sans cadre étatique pourrait être dangereuse. Il semble que toutes les sociétés, même les plus primitives, se sont données des chefs pour organiser leurs clans. [...]
[...] Nicolas ans, intérimaire dans l'usine Bosch de Clermont-Ferrand, souligne les avantages des horaires fixes et des heures supplémentaires, plutôt bien payées. Ayant arrêté l'école après le bac, il reconnaît que le travail en usine est pour lui un moyen de bien gagner sa vie et de mettre de l'argent de côté. Il peut sembler que, contrairement à ce que soutien Levaray, sa description de l'ouvrier alcoolique est une caricature. Il n'est pas vrai que tout ouvrier devient alcoolique après une vie passée dans l'usine. [...]
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