Purifier et détruire : Usages politiques des massacres et génocides - Jacques Semelin

Résumé du document

Jacques Sémelin travaille depuis plus de vingt ans sur la question de la violence. Ses recherches ont en premier lieu porté sur la résolution non-violente des conflits et sur les actes de résistance. A ce titre, Purifier et détruire marque un tournant décisif dans la perspective soutenue par l'auteur.
Dans cet ouvrage, il s'intéresse aux processus aboutissant aux massacres et aux génocides en s'appuyant sur trois exemples historiques : le génocide juif mené par les nazis durant la Seconde Guerre mondiale, le nettoyage ethnique des musulmans lors de la guerre de Bosnie et le génocide Tutsi au Rwanda en 1994. En conviant l'histoire, la psychosociologie (sa formation initiale), la psychiatrie, la philosophie, l'anthropologie ou encore la sociologie politique son approche est résolument transdisciplinaire. Elle ne relève pas purement de la recherche sociologique ; il ne mène pas d'entretiens ou ne met pas en place un traitement statistique systématique, et il ne s'agit pas non plus d'un essai philosophique abstrait.

Extraits

[...] Jacques SEMELIN, Purifier et détruire - Usages politiques des massacres et génocides, Paris, Editions du Seuil, La couleur des idées 485p. Inscription de l'ouvrage dans un champ théorique Jacques Sémelin travaille depuis plus de vingt ans sur la question de la violence. Ses recherches ont en premier lieu porté sur la résolution non- violente des conflits et sur les actes de résistance. A ce titre, Purifier et détruire marque un tournant décisif dans la perspective soutenue par l'auteur. Dans cet ouvrage, il s'intéresse aux processus aboutissant aux massacres et aux génocides en s'appuyant sur trois exemples historiques : le génocide juif mené par les nazis durant la Seconde Guerre mondiale, le nettoyage ethnique des musulmans lors de la guerre de Bosnie et le génocide Tutsi au Rwanda en 1994. [...]

[...] Ensuite, les acteurs étatiques et paraétatiques sont détournés et/ou formés pour cette mission. S'ajoute le rôle de l'opinion publique et de la participation populaire qui varie grandement en fonction des contextes. Enfin, l'auteur constate une évolution de la morphologie de la violence où le processus d'extermination est autonomisé du processus de guerre. La partie suivante sur les vertiges de l'impunité se focalise sur le moment du passage à l'acte individuel. Il combine ici trois types d'interprétation qui font définitivement l'originalité et l'intérêt de la démarche de l'auteur. [...]

[...] Structure du texte Le premier chapitre de l'ouvrage, Les imaginaires de la destructivité sociale est essentiel. C'est autour et à partir de lui que vont ensuite se déployer les autres parties de la réflexion de J. Sémelin. Il cherche à comprendre comment se produit le mouvement de bascule du fantasme à l'action La question du passage à l'acte est centrale. Il commence par répudier toutes les méta-explications monocausales s'appuyant sur la pauvreté, la démographie, la spécificité culturelle ou la fatalité historique liée à l'opposition ethnique. [...]

[...] Le dernier chapitre est relativement à part du reste de l'ouvrage. Fort de son expérience, l'auteur s'engage dans une typologie des formes de massacre qui le mène à une définition de la notion de génocide. Il convie nombre de références et d'auteurs. In fine, une différenciation entre nettoyage ethnique qui aurait pour but la purification d'un territoire, mais en laissant une porte de sortie aux victimes (cas de la Bosnie), et génocide qui viserait à la destruction totale et immédiate d'une communauté (Rwanda), est faîte. [...]

[...] Si les actes de terrorisme peuvent être apparentés dans une définition extensive à la notion de massacre, il semble pourtant que ces deux types de violence ne se réfèrent pas à la même logique et ne peuvent être comparés dans la perspective de l'auteur, la question du passage à l'acte dans le cadre de meurtre de masse. En effet, le terrorisme a pour but principal de terroriser la population en médiatisant la mort d'un nombre de victimes relativement faible. A contrario, le génocide ou le massacre de masse ne me semble pas relever de cette recherche d'une caisse de résonance. Une invisibilité médiatique bénéficierait au contraire aux tueurs pour mener à bien leur entreprise purificatrice visant à l'élimination du plus grand nombre. [...]