Proximité spatiale et distance sociale : les grands ensembles et leur peuplement, de Jean-Claude Chamboredon et Madeleine Lemaire

Résumé du document

L'oeuvre:
Article étudié: « Proximité spatiale et distance sociale. Les Grands ensembles et leur peuplement».
Auteurs: Jean-Claude Chamboredon et Madeleine Lemaire.
Parution: dans le volume 11 Revue française de sociologie en 1970, de la page 3 à la page 33.

Les éléments d'analyse essentiels à ne pas oublier pour effectuer une étude sociologique rigoureuse sur la population des grands ensembles:
• le recours à une comparaison avec d'autres unités d'habitation et d'autres quartiers d'une même ville.
• Les principes selon lesquels la population prise en compte s'est constituée : principes différents selon
le type d'immeuble et le type de statu de ses occupants.
• analyse des transformations sociales induites par les grands ensembles

Extraits

[...] Les principes de classement s'effectuent souvent selon des connotations éthiques: selon le statut d'occupation (propriétaire ou locataire), selon les organismes d'accession au logement, selon des critères de natalité ou des indices de possessions. La stratification sociale qui s'exprime dans l'usage que l'on fait de ces catégories varient avec la position de chaque groupe. Si l'on devait en retenir qu'une ce serait l'opposition des ouvriers aux classes moyennes. Les premiers sont conscients de leur appartenance à un même milieu et la norme les rappelle en cas de différenciation. Chez les seconds, il existe de nombreuses catégories morales: toutes autorisent le jugement de l'individu sur une échelle de vertus et de vices. [...]

[...] A propos de cette situation de coexistence, les habitants des grands ensembles se prononcent en se situant toujours par rapport aux autres groupes sociaux. Par le rapprochement spatial, ils s'aperçoivent de la distance réelle entre leur groupe et ceux qu'ils côtoyent. Face à cette situation, les attitudes varient: les habitants de classe populaire ou classe moyenne y sont très favorables, le rapprochement spatial leur fournit quotidiennement l'occasion de côtoyer des catégories qu'ils convoitent, les groupes les plus défavorisés ressentent comme une humiliation le fait d'être exposés au mépris des autres et à la confrontation avec des façons de vivre inaccessibles. [...]

[...] Ils augmentent également les chances de malentendu et de conflit entre les générations en renforçant les différences qui découlent de la définition différente des classes d'âges dans chaque groupe social. Ainsi, dans le cadre du grand ensemble, les oppositions sociales se doublent souvent de différences d'âge et, en général, de différences démographiques. La topographie des grands ensembles renseigne sur les différences entre les groupes sociaux. Des groupes particuliers sont rassemblés et constitués selon des mécanismes divers en fonction de leur statut administratif ou de la taille de leurs logements, d'opérations de relogement . ils vont alors avoir une existence dans la perception sociale. [...]

[...] Les Grands ensembles et leur peuplement auteurs: CHAMBOREDON Jean-Claude et LEMAIRE Madeleine parution: dans le volume 11 Revue française de sociologie en 1970, de la page 3 à la page 33. Les auteurs Jean-Claude Chamboredon Centre de Sociologie européenne, Ecole normale supérieure c'est un sociologue français. Il fut d'abord un proche collaborateur de Pierre Bourdieu dont il se distanciera par la suite (en 1981). Avec Jean-Claude Passeron et Bourdieu, Chamboredon a écrit un ouvrage méthodologique de référence (Le Métier de sociologue, 1967) encore réédité aujourd'hui. [...]

[...] Par solidarité, les membres des classes défavorisées sont plus enclins à s'intégrer à un réseau d'échange alors que les ouvriers et employés, attachés à des liens plus profonds fondés sur la complicité, l'identité de condition et l'interconnaissance, entrent plus rarement dans ce genre de relations. Plus spécifique et limitée, les relations dans les catégories supérieurs son souvent menées comme une entreprise. Par ailleurs, l'hétérogénéité des catégories sociales qui composent la population des grands ensembles entraîne une faiblesse dans l'interconnaissance des différentes groupes qui cohabitent. Le grand ensemble n'est pas le lieu de relations priviligiées: elles se réalisent par des choix libres de voisinage sans considération des séparations géographiques. [...]