Georges Vigarello est directeur d'études à l'Ecole des hautes études en sciences sociales (ce qui explique sa focalisation culturelle et sociale dans l'étude de l'hygiène qui suit). Il a notamment publié Histoire de la beauté (2004) et co-dirigé Histoire du corps (2006).
Son ouvrage se lit comme un parchemin qui, à travers l'étude de l'eau, du linge, du corps (ou encore du parfum), de leur utilisation tout autant que de l'imaginaire qui les entoure, vise essentiellement à prendre le contre-pied d'un de nos préjugés : penser qu'à cette époque il n'existait pas d'hygiène « à proprement dire » et envisager ainsi que nos normes de propreté actuelles seraient issues d'un « point zéro ».
Le lecteur est d'emblée projeté dans une chronologie complète et complexe qui s'attache, avec pour sources essentielles les cahiers de bienséance et autres livres de raison, à démontrer la dégradation progressive de l'utilisation de l'eau, en France particulièrement. Une autre étude thématique tournée vers le linge trace cette fois le parcours inverse, à savoir la revalorisation du linge au fil des siècles. Enfin, il consacre les deux dernières parties de son ouvrage à rendre compte du retournement de situation concernant l'eau : passant du statut d'élément redouté à celui d'adopté et même apprécié. Ainsi, c'est sur cette trame chronologique et thématique que s'articule l'ouvrage de Vigarello.
[...] La baignade en rivière est une pratique populaire. Aussi l'hygiène de ces plus démunis va-t-elle leur être dictée par d'autres, dont les autorités étatiques La pastorale de la misère Dès 1840 et la nouvelle industrialisation des villes L'image du pauvre change, et devient inquiétante : il représente un danger politique, sanitaire et social, sa propreté devient l'incarnation de sa moralité. Pour ce faire, les autorités ont recours à l'eau qui lave, renforce, protège et rendent moral. L'objectif est de transformer les mœurs des plus pauvres à travers l'apprentissage de règles élémentaires d'hygiène à base d'eau. [...]
[...] L'enveloppe corporelle L'apparence externe focalise l'attention et notamment le linge qui le pare: d'où une brève histoire du vêtement L'habit c'est une ligne ni trop long ni trop court pour respecter la décence, et de préférence, de couleur grise ou noire. L'habit est aussi une structure l'agencement de différents tissus est témoin des différences sociales. La fréquence du changement de linge n'est pas précisée : ce qui importe, c'est ce qui se voit Apparences XVIIème siècle Le linge a un rôle central dans cette logique du visible: Le linge lave et montre car seul compte le visible. [...]
[...] Car la représentation de l'eau à l'âge moderne est très différente de la nôtre. Selon eux, la peau est poreuse et donc vulnérable. La chaleur et l'eau la fissurent. La peste n'a plus qu'à s'infiltrer. Et outre l'air pestilent, d'autres peurs sévissent, comme la transmission syphilitique, la grossesse d'étuves dues à l'imprégnation du sexe féminin par quelque sperme itinérant dans l'eau, les pertes d'humeur. Donc, outre le toucher, c'est le principe de béance de la peau qui prévaut dans la dangerosité : la chair et l'habitude du corps sont ramollies [après l'étuve] et les pores ouverts et, partant, la vapeur pestiférée peut entrer promptement dedans le corps et faire mourir subitement Par conséquent, des précautions, à priori aux marges de l'hygiène sont prises : par exemple, les normes de civilités, dictent depuis le XVIème siècle le bon goût de la cour et les attitudes quotidiennes à adopter, l'une des mesures convenues est de se laver visage et mains. [...]
[...] Le bain est un lieu d'érotisme: l'eau est propice à l'éveil des sens (lieu de rencontre plus que de sociabilité), ce qui lui vaut le surnom de l' Ostel de la folle largesse ou encore la représentation qu'en fait Bosch dans le jardin des délices C'est aussi un lieu de transgression et de violence, à travers l'histoire des plaisirs et du jeu intimement liée à la notion de transgression des interdits. Le bain est LE lieu de la sociabilité festive de l'excès qui relève beaucoup de la prostitution qui y est exercée et du tapage sonore qui en découle ! XIVème siècle Cependant, dès le XIVème, la lente instauration de distances physiques et l'apparition de pudeurs nouvelles (impulsées par les cours seigneuriales et la diffusion de leurs cahiers de bienséance) entraînent un début de l'évolution de l'usage de l'eau. [...]
[...] La ville doit donc être aérée, faut de quoi le mal s'entretient [dans ces endroits]comme du levain IV. Quatrième partie: L'eau qui protège 0. Les fonctionnalités de la peau Première moitié du XIXème: après 1830 Le mot hygiène a une place inédite dans les manuels de santé c'est une discipline particulière au sein de la médecine Le médecin et les textes d'hygiène insistent sur le côté scientifique des pratiques tel l'usage du savon ou du bain chaud promu outils de santé pour l'entretien de la peau. [...]
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