Le propre et le sale, Georges Vigarello, eau, linge, bain
•contact = risque majeur en cas d'épidémie à la fin du moyen âge et époque classique
→la fuite hors des villes infectées est très mal vue et conduit aux violences
Ville infectée = piège condamné à l'horreur avec souvent des règles internes (ex : contacts limités, lieux cloisonnés)
•idée que l'eau peut infiltrer la peau, dénonciations des étuves et des bains
•jusqu'au XVII siècle, peur d'une béance, d'une porosité de la peau, accentuées par la chaleur et l'eau (pores = portes ouvertes pour la peste) → vêtements lisses et hermétiques, n'emprisonnant pas l'air
•le bain est parfois considéré comme salutaire mais il est vu le plus souvent comme dangereux : il fait pénétrer des maux divers (syphilis, grossesses d'étuves...) et fait s'échapper des humeurs hors du corps → bain devient pratique complexe et rare
•force de l'association eau/infiltration du corps (ex : affaire Henry IV et Sully, techniques de pétrissage du nouveau-né jugé totalement poreux)
[...] 2ème partie : Le linge qui lave Ce qui recouvre et se qui se voit Propreté personnelle symbolisée par celle du linge, la vermine et l'usage restreint (ex : une seule chemise) du linge sont assez communs avant le XVème siècle équivalence changement de vêtement/propreté qui dure longtemps la vermine accompagne le quotidien à la fin du moyen âge (voir les épouilleuses), elle est un horizon naturel l'habit doit donc être honnête et décent MAIS le lien entre propreté du corps et vermine est encore très lâche : l'opinion pense alors que la vermine ne peut venir que du corps, et qu'elle indique un état de celui-ci, un dérèglement : on doit donc contrôler les humeurs, la nourriture critères anciens de la propreté du corps : lavage des parties visibles, mains et visage. [...]
[...] Or ces étuves sont progressivement détruites, et jamais remplacées (celles qui demeurent ont une vocation thérapeutique ou fonctionnant comme un hôtel), son public se raréfie la pratique privée du bain des nobles (signe de richesse et de faste) et des grandes dames disparaît également fastes de l'eau se retrouvent davantage dans les jardins et les fontaines : au XVIIème siècle l'eau est d'abord faite pour les cascades et les jets fastueux les cuves à baigner sont rares, aucun médecin parisien n'en possède au milieu du XVIIème siècle avec le bain, ce n'est pas tellement un rapport avec la propreté qui disparaît, mais plutôt une pratique culturelle. [...]
[...] (L'Encyclopédie méthodique de 1789 l'affirme) convergence des discours hygiénistes et modistes à la fin du XVIIIe : la poudre et le fard n'ont plus le même rôle, ils s'atténuent sur le visage des femmes surtout, mais aussi dans la tenue des enfants où les normes sont plus franches ; l'enfant du npble te du bourgeois n'est plus le même après 1780 discours modiste employant le mot nature : la poudre blanche durcit et défigure il vaut mieux utiliser de la poudre blonde sur les cheveux pour un résultat plus doux l'usage partiel de la poudre est lui-même codé →attention explicite au dessous de l'apparence →remise en cause de la liaison propreté/parure →autres repères que ceux du spectacle, surfaces et parfums sens du mot propreté change et concerne un objet plus corporel la propreté devient une condition à la parure le parfum, effet de surface, ne peut plus que tromper : il contrarie la nature, énerve et affaiblit 1764 : Bomare (Dictionnaire d'histoire naturelle) compare l'odorat borné des hommes à celui des animaux et attribue l'infirmité humaine à une sollicitation trop constante et violente de son odorat Parfum entêtant = effémination, soupçon sur la propreté artifice du parfum esprit bourgeois car évanescent, il symbolise dilapidation/perte avant le parfum lavait/nettoyait/purifiait : ce pan des toilettes/pratiques hygiéniques s'efface car l'effet du parfum n'est plus celui de l'épuration et ne peut atteindre la source de la fétidité →frivolités et impouvoir convergent dans le parfum la propreté devient dynamisme et vigueur (force plus interne) ; il s'agit d'inventer pour le corps une autre autonomie peu d'insistance sur le rôle socialement sanitaire de la propreté malgré l'évidente promotion de celle-ci infléchissement de la sensibilité à la propreté, qui devient connotée à la santé plus qu'à la civilité (travail du corps, manifestation d'une vigueur) intérêt pour la vie de la peau : attaquer la crasse = donner plus de force aux fonctions et plus de liberté aux organes propreté plus seulement pour le regard traités d'hygiène qui rationnalisent à nouveau la représentation des pores : leur entretien donne une issue aux transpirations et assure plus de fluidité au sang propreté devient nettement fonctionnelle et défend l'organisme en aidant les physiologies la mise en relation transpiration/propreté devient plus systématique : être propre = libérer la peau MAIS cette argumentation nouvelle n'implique pas une révolution immédiate des pratiques d'ablution : traités savants restant évasifs à la fin des années 1770 Effluves populaires et urbaines 1773 : création de la Gazette de santé inverser la fatalité traditionnelle éprouvée envers la mort et la maladie précautions nouvelles sur la petite enfance, assainissement des habitations/villes, banalisation des règles d'hygiène Il s'agit d'informer et de diffuser. [...]
[...] Avant la peur de l'eau du XVIème siècle, le lavage était même lié à la santé (l'eau améliorerait par exemple la vue) ; il concerne la décence et la moralité, non l'hygiène c'est un travail de l'apparence pratiques sont les ancêtres des nôtres, mais fonctionnent très différemment : elles sont un code indiscuté, mais aussi un comportement quotidien et réglé propreté ancienne est d'abord sociale et limite la décence à des parties le rôle de l'habit est essentiel dans le jeu des convenances car l'attention porte sur le visible l'habit est structuré par le linge du dessous et le linge du dessus ; la chemise, linge intime collé à la chair, n'émerge pas de l'habit. [...]
[...] Apparences le mot propre change de statut au XVIIème siècle : son sens semble acquis, il s'agit d'illustrer ce qui ne va pas de soit. [...]
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