Ce texte de Michel Pincon et Monique Pincon-Charlot expose les difficultés du sociologue à mener une enquête sociologique et plus particulièrement un entretien sociologique, auprès du milieu social de l'aristocratie et de la grande bourgeoisie. En effet, cette interaction engage la position sociale à la fois de l'interviewé et de l'interviewer et engendre donc des biais à prendre en compte par le sociologue.
Tout d'abord, en situation d'entretien, c'est le rôle social de l'aristocrate ou du grand bourgeois qui va être mis en avant, c'est-à-dire sa fonctionnalité (sa position dans le système de production). Le sociologue doit alors aller au-delà de cette position sociale qui euphémise sa position réelle, afin de pouvoir rendre compte du quotidien de cette catégorie (mode de vie, organisation, pratiques familiales). Le rapport à l'objet d'étude du sociologue va donc relever de ses origines et de ses itinéraires, liés à sa propre position sociale.
C'est pour cette raison que les auteurs commencent en donnant une esquisse de leur origine sociale et de leur rapport à la bourgeoisie et à l'aristocratie.
Etrangers au milieu, ils vont devoir en faire l'analyse en faisant abstraction de tous les préjugés assimilés par leur propre position sociale.
[...] L'interprétation et les biais Le sociologue doit faire attention à ne pas se venger des humiliations symboliques dans l'interprétation des données recueillies. Il est important que le sociologue reste objectif dans son travail et qu'il ne cherche pas à adopter une attitude méprisante adoptée par les classes dominantes elles- mêmes. Par cette explication, ils espèrent ainsi éviter que le lecteur ait le même comportement de mépris. Pour cette recherche, les auteurs ont convenu de ne faire aucune concession sur le fond des propos et de garder le ton le plus neutre possible, afin d'éviter de tomber dans le piège de l'ironie critique. [...]
[...] Ainsi, Monique PINCON-CHARLOT est fille de magistrat et petite fille d'un industriel et d'un médecin. Elle est issue d'une petite bourgeoisie provinciale. Michel PINCON est fils d'ouvrier et petit fils d'ouvrier et de garagiste. Il est issu d'un milieu plus modeste. Tous deux sont donc issus d'une catégorie sociale distante de l'aristocratie et de la grande bourgeoisie. Distance considérable pour Michel PINCON, mais non négligeable pour Monique PINCON-CHARLOT. Etrangers au milieu, ils vont devoir en faire l'analyse en faisant abstraction de tous les préjugés assimilés par leur propre position sociale. [...]
[...] Ces deux auteurs mentionnent également le fait que la bourgeoisie de par son accumulation de capital maîtrise parfaitement la représentation qu'elle donne lors de l'entretien. Il faut donc aller au-delà de ce qui peut être dit par les interviewés. Dans le texte de Pincon et Pincon-Charlot, les interviewés sont satisfaits des propos des sociologues. Il semble donc que l'image que la bourgeoisie veut donner au monde et l'image que ces deux sociologues ont de la bourgeoisie d'après leur enquête se rejoignent. [...]
[...] La principale difficulté du travail d'enquête est la méconnaissance des codes de ce milieu. En premier lieu, ils décident de prendre contact par écrit avec des familles, dont ils ont obtenu le nom dans le bottin mondain, pour solliciter un entretien. Sur quinze lettres envoyées, ils reçoivent dix refus. Pour les autres, ils n'ont pu réaliser qu'un entretien téléphonique. Ils prennent alors conscience que pour approcher ces familles, ils doivent passer par un rituel de la présentation En effet, les classes dominantes doivent se sentir rassurées sur la personnalité sociale de la personne qu'ils ont en face d'eux. [...]
[...] Les sociologues citent quelques exemples comme l'éducation des enfants dans les plus grandes écoles françaises, mais aussi très souvent étrangères, les vastes résidences, les récits avec les domestiques et le réseau familial et amical qui rassemble des personnes socialement importantes. Face à cette description de vie, il est difficile, pour le sociologue d'origine modeste, de ne pas repenser aux privations qu'il a pu connaître. Une description, pouvant être ressentie comme une agression sociale, qui rappelle à l'individu ce qu'il a pu avoir de pauvre dans son existence. [...]
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