La Police des familles, p. 9 à 153 - Jacques Donzelot (1977)

Thèmes abordés

La Police des familles, Jacques Donzelot, famille, enfant, éducation, économie sociale et familiale, ethnographie

Résumé du document

Le document est une analyse d'un extrait de l'ouvrage de Jacques Donzelot, sociologue, intitulé La Police des familles. L'auteur y aborde principalement le thème de la famille en regard des institutions politiques.

Extraits

[...] Le deuxième composant était un appareil médical-hygiéniste cela réglementerait les taux de natalité de la classe ouvrière et introduirait des normes de vie civilisée, soutenues par les enfants et les femmes. Les écoles publiques, en concurrence avec les écoles religieuses (de la même manière que la philanthropie rivalisait avec la charité chrétienne), étaient le noyau d'une série de lois visant à protéger la santé publique du logement ou des enfants. Donzelot les considérait invariablement comme des outils pour détruire la culture ouvrière autonome : si les mères étaient reconnues comme ayant le droit de dire si leur enfant allait ou non réformer l'école (auparavant, le consentement du père suffisait), c'était pour les confronter pères et permettre​ ​une​ ​plus​ ​grande​ ​intervention​ ​administrative​ ​dans​ ​le​ ​contrôle​ ​des​ ​enfants. [...]

[...] Qui pourrait interjeter en appel des sentences tempérées par le juge ? Comment résister aux autorités de normalisation​ ​qui​ ​évaluent​ ​le​ ​comportement​ ​quotidien​ Pour illustrer ses constatations, Donzelot a eu recours à un seul cas - qui avait probablement une valeur exemplaire - qui racontait les mesures prises contre un individu qui n'avait manifestement commis aucun crime ou il existait un doute raisonnable quant à la perpétration du crime. L'adolescent de quatorze ans aurait pu être acquitté et, en ne l'étant pas, Donzelot croyait​ ​que​ ​cela​ ​prouvait​ ​que​ ​la​ ​justice​ ​était​ ​essentiellement​ ​normative. [...]

[...] Par rapport au pouvoir central, le chef de famille répond donc de ses membres. Un problème majeur se pose au tournant de la Révolution, la famille se désagrège, et ce contrat social avec elle. L'auteur propose d'ailleurs une lecture familiale de la prise de la Bastille. Cette conversion de la réalité en une logique monolithique finit par déformer le récit historique par la pire forme de fonctionnalisme. La contribution de X à la dynamique Y devient la raison d'être de X (cachée). [...]

[...] Au milieu du 18ème siècle, il y a une littérature abondante sur la conservation des enfants. Le taux élevé de mortalité révèle l'impossibilité de trouver les nourrices de campagnes. Les villages​ ​alentours​ ​fournissent​ ​les​ ​nourrices​ ​des​ ​villes. Selon Donzelot, l'éducation des enfants riches pâtit des nounous des faubourgs alentours qui usent​ ​de​ ​sévérités​ ​lorsqu'elles​ ​ne​ ​sont​ ​pas​ ​surveillées. Il avance aussi que l'État n'est plus la finalité de sa production, mais son moyen. Par lui, il régit les rapports sociaux. [...]

[...] Le lecteur est en droit de se questionner sur la sélection pour le moins singulière de ces images, sont-elles là parce qu'il les aime bien, ou apportent-elles un intérêt sociologique. Jacques Donzelot poursuit sa présentation en établissant une dichotomie stricte dans sa théorie, l'opposition politique / famille, que l'on pourrait aussi ramener à une opposition vie politique / vie civile. Dans cette famille vivant sous l'Ancien régime, les conservateurs apparaissent comme garants de la famille car protégé de l'interventionnisme de l'État. Malgré ce traditionalisme latent, la disparition de l'unité familiale apparaît comme programmée pour le bien de la science et de l'État socialiste, avance Donzelot. [...]