Dans la continuité de "la logique de l'honneur" Philippe d'Iribane s'interroge à travers "l'étrangeté française" sur les éléments qui font de la France un pays aux multiples singularités.
Tour à tour encensée et décriée par ses voisins européens, la France est avant tout, il nous faut le reconnaitre une société d'ordre. Le corporatisme à la Française implique des responsabilités individuelles précises et des relations hiérarchiques implicites selon le rang d'appartenance.
Les relations professionnelles dans les entreprises françaises s'articulent autour d'un système de valeur fondé sur les catégories d'appartenance individuelle et les coutumes associées au secteur. Les relations individuelles sont codées et étroitement encadrées par un sens de l'honneur, d'amour propre et de fierté individuelle. En ce sens, la relation au travail dans les entreprises françaises est affective ; avoir un « bon contact » individuel est nécessaire et mesure le degré d'intégration de l'individu. Mais que l'on ne s'y trompe pas, cette attitude typiquement française, ne saurait être interprétée comme une quelconque forme d'allégeance à l'autorité supérieure, car chaque individu connait les responsabilités qui incombent à sa charge. A ce titre, l'individu ne peut faire l'objet d'un quelconque contrôle sauf à y entrevoir le premier signal d'une déchéance future.
Cette logique française de l'honneur place les relations individuelles informelles au même niveau d'appréciation de la qualité de la relation et de la coopération que les relations formelles. Pour l'individu, il s'agit de rendre service sans être servile, de donner un coup de main en restant digne. La difficulté est donc de mobiliser l'individu en s'appuyant sur les ressorts que forme la logique de l'honneur et non sur des recettes de gestion venues d'ailleurs. Pour se nourrir, l'honneur a besoin de relever des défis prestigieux, de se distinguer dans une aventure zélée conduite par des chefs dont le parcours et le cursus sont irréprochables et reconnus.
[...] La lecture de l'éthique protestante et l'esprit du capitalisme de Max Weber aide à comprendre ce que Philippe d'Iribarne effleure en filigrane dans son livre. Le lien entre les préceptes d'une église réformée distillant une attitude commune de pensée et de vie et les comportements actuels observés dans le monde anglo-saxon s'éclaire. En effet, le protestantisme affirme que l'homme est sur terre pour se livrer à des œuvres terrestres et que le succès de ses entreprises est le signe de la grâce divine. [...]
[...] Le modèle social français en question On n'est pas à vendre ! En France, nous l'avons vu les références sont toutes autres. on n'est pas à vendre nous rappelle l'auteur de l'étrangeté française Aux états Unis un homme libre se rend serviteur et valet d'un autre, en lui vendant pour un certain temps, son service Contrairement à son homologue français celui-ci ne voit rien qui l'abaisse en s'exécutant, ce qui lui importe c'est d'avoir un contrat précis et soigneusement délimité. [...]
[...] Enfin, Philippe d'Iribarne illustre par deux exemples tout le poids de l'étrangeté française à travers son système éducatif et l'intégration de ses immigrés. Ainsi, dans une France républicaine, la noblesse scolaire rivalise avec la noblesse de rang et permet d'élever l'individu moderne selon son mérite et ses compétences. Néanmoins, le principe Républicain d'égalité de traitement ne trouve pas le même compromis social quand il s'agit d'intégrer les immigrés. Le corps social français porteur d'une vision qui classe et hiérarchise peine dans ce cas à transposer ses propres valeurs. [...]
[...] Pour se nourrir, l'honneur a besoin de relever des défis prestigieux, de se distinguer dans une aventure zélée conduite par des chefs dont le parcours et le cursus sont irréprochables et reconnus. L'étrangeté française Avec l'étrangeté française Philippe d'Iribarne complète son analyse critique de la société française en nous rappelant que le statut social est en France la source première de dignité. A nouveau, Philippe d'Iribane s'appuie sur l'ancien régime pour éclairer l'orientation de son analyse mais cette fois, il s'agira aussi de partir à la recherche de l'univers mythique qui fonde la notion française de liberté. [...]
[...] Les rapports de travail échappent à une stricte logique contractuelle. Une noblesse de métier L'opposition noble/bas affecte directement le rapport entre salariés et employeurs car accepter de se soumettre à autrui par simple intérêt est considéré comme dégradant. L'idéal de service noble trouve son apogée dans les services publics, parce qu'on y serre l'intérêt général mais aussi et surtout parce que l'on n'est pas aliéné par une quelconque obligation de résultats contrôlés, qu'ainsi, on dispose d'une certaine autonomie donc de privilèges. [...]
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