La démarche de l'auteur de
[...] Le capitalisme suppose en effet la concurrence des individus alors que la civilité nécessiterait d'eux une plus grande coopération. Et le développement du marché, amoral par nature, provoque ainsi une perte de repères. Le cynisme est aussi en politique le fait des prétendants ou des battus qui manquent d'éthique. Crises de la civilité et de la délinquance sont à la fin étroitement enchevêtrées. L'absence de morale aux niveaux les plus élevés de décision peut, à terme, justifier le comportement des voleurs de portables. [...]
[...] Que voulons-nous faire ensemble ? Dans une société qui consacre la liberté et l'individualisme, les repères et les valeurs qui unissent tous ses membres ne sont-ils pas affaiblis ? Il est difficile d'aborder cette question de la délinquance sans se référer au contexte politique qui l'a vue s'affirmer. On se souvient évidemment que la campagne présidentielle de 2002 s'était en grande partie jouée sur cette question. Les Français avaient en effet eu l'impression que ces problèmes n'intéressaient plus des hommes et des femmes politiques qui ne daignaient parler que d'un sentiment d'insécurité. [...]
[...] S'il est possible de renforcer le lien social en mettant l'accent sur les valeurs et l'appartenance à une même communauté politique, toute identité doit cependant éviter d'être restrictive ou exclusive. Il ne s'agit pas d'exclure mais de réunir. Une question demeure en suspens et l'ouvrage de Didier Peyrat n'y répond pas réellement. Dès lors que le diagnostic est clair et que la société souffre d'un manque de valeurs et de repères moraux, il s'agit de définir concrètement les mesures et les moyens permettant de les réhabiliter en rassemblant tous les citoyens. [...]
[...] Il dépasse les discours convenus des sécuriphobes et des sécuritaires. Il déjoue en s'appuyant sur les statistiques les idées reçues faisant des actes de délinquance une simple manifestation d'un regain de tension entre les forces de l'ordre et les jeunes. L'emploi de ce terme est d'ailleurs ici inapproprié puisque le magistrat parvient à ne pas tomber dans le travers auxquels de nombreux médias se sont habitués et dont ils ne s'excusent même plus : assimiler les jeunes et les délinquants. [...]
[...] Didier Peyrat entend donc dépasser le clivage habituel qui séparent les partisans du tout sécuritaire et les sécuriphobes. Son ouvrage se découpe en quatre grandes parties : le constat d'une délinquance orientée contre autrui, l'explication d'un phénomène porté par la crise de la civilité, les réponses que l'on peut apporter à la délinquance et la nécessité de réhabiliter une certaine morale. Didier Peyrat fait le constat d'une extension, ainsi que d'une brutalisation rampante de la délinquance en France[1] Il ne cherche pas à contester cette situation mais en fait au contraire un point de départ pour son analyse. [...]
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