Les paysans dans la société française, Anne Moulin, paysannerie, crise du phylloxéra, syndicalisme agricole, alphabétisation
A partir des années 1870, la paysannerie doit faire face à une crise multiforme (baisse généralisée des prix agricoles et crise du phylloxéra). Parallèlement, on assiste à une transformation de la famille paysanne avec le départ des jeunes pour la ville qui n'est plus compensé par le dynamisme démographique. La crise assure aussi le développement du syndicalisme agricole mais son enracinement dans la paysannerie reste faible. Néanmoins, il existe une organisation dans la profession. Avec la fin de la crise le monde quotidien des paysans se transforme : l'école apporte l'alphabétisation, popularise les valeurs urbaines et assure le succès de la presse, le service militaire est l'occasion pour les paysans de rencontrer des jeunes venus d'horizons différents. Il y a une amélioration générale des conditions de vie mais ces transformations aboutissent à une véritable perte d'identité. Du point de vue politique, les républicains prennent conscience de l'importance du vote paysan. Ceux-ci deviennent l'objet de la sollicitude du pouvoir qui parvient à les rallier à la République et à consolider le régime.
[...] MOULIN Annie, Les paysans dans la société française, Paris Le Seuil, pp 118-255. Thème : l'auteur dresse un tableau de la paysannerie de 1870 à nos jours, s'attardant sur ses mutations qui en viennent à remettre en cause son existence même, et sur l'évolution du mot paysan la façon dont il est défini, identifié, reconnu par le monde extérieur. Problématique : Existe-t-il encore une paysannerie, avec tout ce que l'expression signifie de solidarité et d'intérêts communs ? Plan : l'auteur adopte un plan chronologique et distingue trois périodes : des temps difficiles pour les paysans de 1870 à 1914, le creusement du fossé entre les paysans et le reste de la société entre 1914 à 1950, et enfin la spectaculaire mutation de la paysannerie de 1950 à nos jours. [...]
[...] Il se développe dès lors un profond malaise paysan qui incite les pouvoirs publics à réagir. L'attitude des paysans par rapport au pouvoir est ambiguë : ils s'en méfient mais comptent sur lui car leurs revenus en dépendent. Ils sont un groupe vieilli ne constituant plus que de la population active en 1988. Les familles paysannes ont de moins en moins d'héritiers. Mais l'appartenance à la paysannerie est toujours revendiquée par la majorité des agriculteurs. Cependant la normalisation n'est pas totale (moins dépensiers, moins de loisirs). [...]
[...] Il y a renforcement des inégalités au sein de la paysannerie qui invite à distinguer aujourd'hui entre paysans fossiles en voie de disparition (petits exploitants, leurs intérêts ne sont guère pris en compte), paysans moyens et la bourgeoisie agricole (issus de dynasties paysannes, ils sont à la têtes de propriétés de plus de 100 hectares). Conclusion : C'est en fait la paysannerie telle qu'elle s'est prolongée jusqu'aux années 1950 qui a disparu. L'émancipation socio-économique a été acquise au prix de l'acculturation. Et si pour les citadins le paysan en vient à incarner un objet d'envie, pour l'auteur, cette vision ne rend pas compte de la diversité des situations. Désormais il reste des paysans mais non une paysannerie. [...]
[...] La Libération marque aussi la perte de cohésion de la société paysanne qui se double d'une perte de confiance de nombreux paysans dans la terre qui ne paraît pas capable d'assurer leur avenir. Une évidence s'impose : il faut faire entrer les paysans dans la modernisation. A partir de 1950, on assiste à une véritable révolution agricole. La population paysanne, qui n'est plus majoritaire dans le monde rural investi par la civilisation urbaine, est valorisée par la complexité nouvelle de son métier et accède à des revenus plus élevés. [...]
[...] Durant la Première Guerre Mondiale, les paysans constituent le plus fort contingent de mobilisés. Cette guerre va accélérer l'évolution dans la paysannerie. Il y a vieillissement et dépeuplement de certaines régions (pertes humaines et baisse de la natalité). Par ailleurs, les pensions et allocations militaires permettent aux paysans de participer plus que par le passé à l'économie de marché. Enfin, l'inflation provoque un afflux d'argent dans les campagnes utilisés pour l'achat de terres. Mais les paysans ont plus un comportement d'épargnants que d'investisseurs et hésitent à s'endetter pour moderniser. [...]
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