Howard BECKER, né en 1928, est une des figures marquantes de « l'Ecole de Chicago » ou de « l'interactionnisme symbolique » notion due à Herbert Blumer, qui part de l'idée que les individus ne subissent pas les faits sociaux, mais qu'ils les produisent par leur interaction. L'Ecole de Chicago est connue pour son département de Sociologie. En effet, les sociologues appartenant à cette école étudient les problèmes sociaux de la ville qui sont principalement dus à l'évolution massive de la population ; ceci s'expliquant par l'afflux massif de migrants ruraux et d'immigrants étrangers. H. Becker étudie donc à l'université de Chicago à une époque où enseignent encore les principaux disciples et collaborateurs de R. E. PARK, en particulier E. BURGESS et E. HUGHES. Ce dernier l'encourage à prendre pour sujet de maîtrise l'étude des musiciens de jazz. En 1951, BECKER effectue une enquête sur les fumeurs de marijuana, nombreux dans le milieu du jazz. Ces deux études constituent l'essentiel de l'ouvrage OUTSIDERS, dont la forme définitive paraît en 1963, et respecte la grande tradition de travail de terrain de l'école de Chicago.
L'objet du livre est l'étude de la déviance dans une perspective interactionniste. La déviance étant l'action de transgresser les normes établies par la société. (Qui prend en compte les points de vue, et les positions de tous les individus. Dans le cas de Outsiders, se sont les accusés et les accusateurs.) Lorsque Becker fait son étude, la déviance n'est analysée que comme une donnée et pas comme un produit social. Seuls les déviants sont étudiés. En effet, les « entrepreneurs » qui font les normes ne font pas l'objet d'étude. BECKER change d'angle d'observation et considère que ce sont les groupes sociaux qui créent la déviance par l'institution de normes. Becker essaie avant tout de comprendre dans quelles circonstances on devient déviant et non de juger ces derniers.
Tout d'abord, Becker va définir la déviance et va montrer qu'elle ne dépend que de l'interaction entre la personne qui commet l'acte et celles qui réagissent à cet acte. Ainsi, pour Becker les normes sont imposées par la société, et cette imposition sera influencée par la politique en place.
Becker définit 4 types de déviances, ainsi que les carrières déviantes : La déviance non intentionnelle, la déviance intentionnelle, et la déviance intentionnelle et irrégulière.
Il explique, par la suite, comment devient on un fumeur de marijuana, en expliquant qu'il faut pour cela apprendre diverses choses telles que la technique, la perception des effets, et le goût pour ces effets.
Il montre, de plus, que la marijuana subit un contrôle social qui aboutit à divers problèmes comme l'approvisionnement, le secret et la moralité.
D'autre part, Becker étudie les musiciens de danse, et explique la méthode qu'il a utilisé pour cette étude. Il montre qu'il y a deux groupes : les musiciens et les « caves », ces deux groupes étant en conflit permanent .Cela entraîne au final à une volonté d'isolement et une auto ségrégation du groupe de musiciens.
De plus dans ce groupe professionnel déviant, les carrières dépendent du choix du musicien : Si le musicien s'autorise à jouer du commercial ou non. Les musiciens vont s'attacher à des coteries qui leur permettront d'évoluer ou non. Il explique aussi que la famille peut influer sur les choix du musicien.
Becker étudie ensuite les individus qui élaborent les normes et ceux qui font respecter ces normes. Il va prendre comme exemple la législation de la marijuana.
Il appelle ces individus les « entrepreneurs » de morale, et définit donc ceux qui crées les normes, et ceux qui les font respecter.
Par ailleurs, Becker va expliquer les problèmes qu'il a rencontré en faisant son étude, les problèmes que posent chacune des méthodes d'enquêtes qu'il a utilisé.
Pour finir, Becker défini la théorie de l'étiquetage, et explique qu'il considère que l'objet à étudier en sociologie n'est pas la société mais l'action collective. Dans ce dernier chapitre il revient sur des études faites par des sociologues et non sur sa propre étude. Il conclut en expliquant que pour comprendre la déviance il faut tout d'abord comprendre les différentes définitions qui la concerne.
Nous étudierons Outsiders à travers une question principale : comment la société ou les groupes en arrivent-ils à créer la déviance ?
[...] Il y a en effet, ceux qui ont choisit de devenir des commerciaux c'est-à-dire ceux qui ont cédés aux pressions du public. Ces derniers accèderont du même coup à la sécurité de l'emploi, à un salaire plus élevé et régulier, et à un prestige grandissant au détriment de leur intégrité artistique. Ce respect de l'intégrité artistique correspond à la deuxième possibilité des musiciens de jazz. Dans ce cas, il reste des musiciens de jazz, ne font pas attention aux regards et sentiments des caves c'est-à-dire qu'ils restent fidèles à leurs valeurs. [...]
[...] Si un individu transgresse une norme alors il créera de la déviance. Il apporte donc une nouvelle et plus complète définition de la déviance. En outre soulignons l'importance de trois nouvelles notions apportées par l'étude de Becker : Notion de carrière, théorie de l'étiquetage et action collective. En effet, désormais par la démystification de la déviance, celle-ci gagne un caractère beaucoup plus social. Elle devient une simple activité sociale au même titre que les autres. La déviance est donc un produit de l'interaction entre plusieurs groupes sociaux différents. [...]
[...] Cependant ceci reste un des points centraux dans l'étude de Becker. Le principale critique faite à cette théorie est qu'elle n'explique ni comment ceux qui commettent des actes déviants en viennent là, ni pourquoi certains commettent des actes déviants alors que d'autres s'en abstiennent. Si l'on suit la théorie de l'étiquetage, un individu ne commencera à commettre des actes déviants qu'après avoir été étiqueté comme déviant. Sa théorie souligne donc l'action de l'étiqueteur en négligeant quelque part celle de l'étiqueté. [...]
[...] Le destin des croisades morales peut connaître deux fins distinctes. En premier lieu, une croisade victorieuse permet l'instauration d'une nouvelle loi ou dans le changement de la moralité publique tout en entraînant le chômage de l'individu à l'origine de la croisade. Cependant, ce dernier, fort de sa victoire va continuer son combat dans une autre croisade. Une croisade peut cependant connaître un échec, soit parce que la mission n'attire plus d'adhérents, soit parce que ses objectifs, une fois atteints, sont remis en cause. [...]
[...] Nous étudierons Outsiders à travers une question principale : comment la société ou les groupes en arrivent-ils à créer la déviance ? Méthodes et grandes étapes de la recherche Nous allons tout d'abord voir les problèmes des enquêtes antérieurs. Ce point est d'autant plus important que Becker dédit tout un chapitre à ces problèmes (L'étude de la déviance : Problèmes et sympathie). La difficulté la plus récurrente que rencontre l'étude scientifique de la déviance est le manque de données solides, l'insuffisance des faits et des informations sur lesquels nous pourrions fonder nos théories. [...]
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