"L’Orient après l’amour", Mohamed Kacimi

Résumé du document

« L'intégrisme commence quand l'homme perd son sens de l'humour », avec cette phrase Mohamed Kacimi formule sa profession de foi. Elle donne le ton de son ouvrage L'Orient après l'amour, dans lequel l'auteur algérien a choisi de livrer quelques fragments autobiographiques. En affirmant « Je n'écris pas en français. J'écris en moi-même » Mohamed Kacimi se forge une identité linguistique. Il rompt avec une longue chaîne de traditions et d'héritages que les siens assument depuis des millénaires. À l'arabe, il préfère le français, langue « humaine », qui lui a permis de rêver, de chanter, de parler de lui « sans être diabolisé ».

Extraits

[...] J'écris en moi-même Mohamed Kacimi se forge une identité linguistique. Il rompt avec une longue chaîne de traditions et d'héritages que les siens assument depuis des millénaires. Il délaisse l'arabe, langue dite de l'au-delà hantée par le Coran, celle qui relie l'homme à son Dieu, pour préférer le français, langue humaine qui lui a permis de rêver, de chanter, de parler de lui sans être diabolisé Cette première transgression par rapport à ses origines l'ouvre à de nouvelles perspectives, lui donne de la hauteur de vue et lui permet de tenir des propos intrépides qui retiennent toute l'attention du lecteur, car c'est lorsque l'auteur s'aventure à donner son avis que son récit gagne en saveur. [...]

[...] Libre de ne voir qu'au travers de son prisme, de sa sensibilité, détaché de toutes conventions, Mohamed Kacimi livre un témoignage rare, une sorte de révélation osée. Cependant, l'authenticité de son récit est parfois mise à l'épreuve En effet, certains pourront lui reprocher d'avoir trahi sa patrie, ses racines. D'autres le taxeront d'orientaliste, depuis qu'il a pris un aller simple pour Paris, en 1982. Autrement dit, ils lui reprocheront d'adopter le regard ethnocentriste de l'Occident, qui est peu reconnaissant des facultés des Arabes. Car, plutôt que d'encenser l'Orient, de le dépeindre à son avantage, Mohamed Kacimi préfère le démasquer au grand jour. [...]

[...] Avec quel pied faut- il entrer dans les toilettes ? La viande d'une brebis qui a été flairée par un cochon est-elle licite ou illicite ? Ma femme délaisse le lit, que dois- je faire ? Et le cheikh de répondre Le Prophète a recommandé de corriger doucement les femmes qui désobéissent [ ] Vous pouvez, comme l'autorise la tradition du Prophète, la piquer aux fesses avec un cure- dent. Son regard et ses propos traduisent une inquiétude grandissante, malgré sa capacité à tourner les choses en dérision. [...]

[...] Son livre raconte ses désillusions. Il lui semble qu'à force de manque de libertés, de répression, de prohibition de l'amour, les femmes et les hommes de ces pays ont finalement renoncé au bonheur pour faire de la catastrophe une religion et de la religion une catastrophe Un récit aux allures de carnet de bord amélioré Au fil des pages, il raconte son enfance algérienne marquée par l'indépendance, avec le regard hautain qu'avait déjà sa famille à l'égard de la paysannerie qui a fourni à la Révolution algérienne ses soldats et ses héros. [...]

[...] Son livre prend la forme percutante d'une chronique qui annonce le choc des civilisations, idée introduite par S. Huntington en 1996, selon laquelle les luttes de demain ne seront plus fondées sur des clivages de doctrines politiques, mais sur des oppositions culturelles, où l'aspect religieux tiendrait une place prépondérante. L'islamisme dévoilé C'est plus précisément l'expansion de l'islamisation qui l'effraie par- dessus tout, l'attachement inconditionnel à la religion, puisqu'aux yeux de certains il ne reste plus que cela. Guide unique, fil conducteur envers et contre tout au point de devenir absurde. [...]