L'opinion publique n'existe pas - Pierre Bourdieu - publié le 20/11/2012

Thèmes abordés

L'opinion publique n'existe pas, Pierre Bourdieu, sciences humaines et sociales, sondages d'opinion, ethos de classe

Résumé du document

Pierre Bourdieu (1930-2002) est un sociologue français. Il est devenu, à la fin de sa vie, l'un des protagonistes de la vie intellectuelle française notamment par son engagement politique. Il a consacré une part importante de son travail au développement des sciences humaines et sociales. Bourdieu a toujours défendu une vision déterministe qui lui a valu de nombreuses critiques et de nombreux détracteurs.
Venant d'un milieu ouvrier et ayant réussi socialement notamment par l'école, Pierre Bourdieu a analysé les mécanismes qui mènent à la reproduction sociale, « tu reproduiras ce que tes parents ont fait ». Il a apporté une analyse sur la détention de capitaux (culturels, politiques, sociaux, économiques) et symboliques qui régissent les individus et les mènent à reproduire et développer socialement le champ dans lequel ils ont évolué. Son œuvre s'est centrée, par la suite, sur une théorie de l'action notamment autour du concept de l'habitus, théorie qui, encore une fois, a influé sur les sciences sociales.

Extraits

[...] On recalcule donc les résultats à partir des Oui et des Non Car on estime que ne pas se prononcer c'est ne pas prendre de décision. La question est à débattre, exprimer son mécontentement par le silence et donc les non réponses, n'est-ce pas une forme de position ? Tout comme le fait de choisir la neutralité dans un conflit, n'est ce pas aussi prendre part au conflit ? Il en vient, donc, à une analyse de genre puis social concernant le comportement face aux NSP. [...]

[...] La réfutation de ce deuxième postulat est donc, je pense, à voir sous cet angle de position sociale dans une hiérarchie sociale (au vu des théories de Bourdieu). Enfin l'opposition concernant, l'explication implicite d'un consensus du problème social, par Bourdieu peut être comprise au vu de sa logique précédente. Les sondages interviennent à un instant autrement dit étant le reflet de notre société, ils sont utilisés lors de problèmes économiques comme une crise, politiques, sociaux. Peut-on pour autant dire qu'ils intéressent toute la population ? [...]

[...] Il nuance tout de même son propos en fin d'analyse en ajoutant que certes, elle n'existe pas, du moins pas de la manière dont la voit ceux pour qui elle a intérêt d'exister. La question de l'opinion publique reste complexe, controversée. De nombreux auteurs ont tentés de s'entendre sur sa définition, pendant que d'autres comme Pierre Bourdieu, Loic Blondiaux, Alain Accardo ont préféré démontrer qu'elle n'est qu'illusion, artifice et mensonge, qu'elle répond aux attentes de ceux qui la contrôlent, les médias jouant le rôle principal de cet artefact, les sondages faisant parti de cette mascarade contrôlée. [...]

[...] L'effet de problématique change la nature du sujet problématisé. Une question éthique est ainsi retranscrite comme un problème politique par l'enquête ce qui agrandit d'une certaine manière l'échantillon. Car plus on descend dans la hiérarchie sociale plus les individus se sentent impliqués dans ces questions de morale, sévérité des maitres d'écoles ou encore des parents alors que les plus instruits et les hommes de toute catégorie prennent plus part à un problème politique. Bourdieu distingue plusieurs principes à parti desquels on peut avoir une réponse à un sondage, il y a d'abord la compétence politique (exposé en début d'analyse): qui varie, selon lui, autant que la fréquentation des musées. [...]

[...] Cette croyance à l'opinion publique, fabriquée de toutes pièces par le sondage, permet donc de légitimer une politique mise en place, ce qui renforce les rapports de force. En revenant sur le premier postulat admis par l'opinion publique, Pierre Bourdieu veut démontrer que ce n'est pas possible de tous avoir une opinion. Il lève le problème des NSP (ne se prononce pas). En effet dans un sondage les non réponses, à l'image d'un vote nul ou blanc lors d'un vote, ne sont pas considérés. [...]