La particularité des organisations que sont les centrales nucléaires se trouve dans le risque d'accident qu'elles peuvent générer, et dans la sécurité optimale qu'elles requièrent pour le réduire à néant. Il s'agit d'atteindre par-là une fiabilité parfaite, où l'erreur n'a pas cours. Les accidents graves qu'ont connus des organisations à « haut risque » tel que Tchernobyl en 1986 en Ukraine où « les exploitants de la centrale avaient perdu tout sens du risque » ou encore à Bhopal en 1984 en Inde, ont eu des conséquences ravageuses sur la population et l'environnement. Ces accidents restent néanmoins des cas extrêmes de par leur niveau de destruction.
Compte tenu de la rareté des accidents d'une telle ampleur, ces organisations à « haut risque » sont aussi des organisations « hautement fiables »; on entend par cette caractéristique des organisations dans lesquelles il y a la maîtrise de technologies de plus en plus complexes, où l'erreur peut avoir des conséquences plus ou moins prévisibles, plus ou moins graves. Ces organisations sont sous le feu des projecteurs, sous la surveillance des institutions de contrôle qui sont l'émanation d'une préoccupation partagée, celle d'éviter à la population et l'environnement des coûts qui ne se chiffrent pas. Il ne faut pas oublier que les exigences de rentabilité et de fiabilité sont, non pas contradictoire mais en concours.
Lorsqu'un accident survient dans une organisation complexe, la logique veut que l'on hésite à faire porter la responsabilité de celui-ci sur une personne en particulier.Il est plus correct de remettre en question l'organisation toute entière, son mode de fonctionnement, son mode de résolution de problèmes et son mode de prise de décisions afin d'éclairer la réalité.
Il faut donc analyser l'organisation sous un angle dynamique, où la fiabilité est le fruit d'une combinaison de facteurs, « le produit d'une série d'équilibres stratégiques ». Les acteurs adoptent des stratégies selon leurs objectifs, selon les circonstances, selon leur rôle. Ces stratégies se traduisent dans les faits en rapports de pouvoir au sein de l'organisation. Les rapports de pouvoir sont une pièce maîtresse dans la compréhension des comportements des acteurs et les rouages informels qui ont cours dans l'organisation.
[...] EDF est donc une entreprise publique. Elle détient le monopole de la production d'électricité en France avec l'énergie nucléaire comme fer- de-lance, électricité qu'elle exporte vers les pays limitrophes. La fourniture d'électricité est perçue dans notre pays comme un service public, qui doit se traduire dans les faits par une équité de tarif sur le territoire national. La logique d'action civile est visible en France et caractérise la mission de service public et la défense des intérêts nationaux. La politique d'indépendance énergétique face aux aléas du prix du pétrole dans les années 70 a donné à EDF le champ libre pour investir le territoire en centrales. [...]
[...] Maintenant les prestataires sont sous la tutelle d'un contremaître prestataire lui aussi, les agents EDF n'ont plus de contrôle sur les prestataires, bien qu'il existe des chargés de contrôle qui ne plaisent ni aux prestataires, car ils se sentent surveillés pour la forme - les prestataires connaissent souvent mieux leur travail que les chargés de contrôle ni aux agents EDF, car ils sont l'émanation de la nouvelle donne organisationnelle qui les dépossède de leur expertise technique, qui leur enlève le contrôle des prestataires. Avant les prestataires devaient marchander avec les contremaîtres, maintenant, pour profiter de leur nouvelle indépendance, ils respectent les procédures à la lettre afin qu'on ne puisse rien leur reprocher. III. Quatre régimes de fiabilité organisationnelle Quelle que soit l'organisation, les moyens mis en œuvre pour le respect de la sécurité sont très importants, d'où une fiabilité organisationnelle effective. Cependant, les 4 centrales étudiées ne possèdent pas du tout la même organisation. Diablo Canyon est l'organisation bureaucratique par excellence. [...]
[...] Ces stratégies se traduisent dans les faits en rapport de pouvoir au sein de l'organisation. Les rapports de pouvoir sont une pièce maîtresse dans la compréhension des comportements des acteurs et les rouages informels qui ont cours dans l'organisation. La fiabilité de l'organisation comme convergence de stratégies ne peut être pensée sans la prise en compte des stratégies des acteurs, comme nous l'avons vu, mais aussi de la spécificité de la technologie, du cadre de travail pendant l'arrêt de tranche et du rôle des procédures. [...]
[...] Ce qui présente un risque réel que des actions soit entreprises sans le contrôle de la Direction, alors qu'elles peuvent être facteur de danger. Cela dit, l'informel donne aux ouvriers une grande marge de liberté, donc une réactivité efficiente face aux imprévus. Deuxième partie : analyse par les logiques d'action Le nucléaire est une technologie qui a deux applications, militaire et civile. La première est une arme de dissuasion, la seconde est un moyen de répondre au besoin d'énergie par la production d'électricité. [...]
[...] Le problème se situe aussi au niveau de la prise de responsabilité, personne ne s'implique personnellement: il y a une dilution des responsabilités, ce qui peut présenter un risque. Il y a aussi un comportement apathique des hommes de premières lignes qui limite de fait la réactivité de l'organisation. Diablo Canyon présente l'avantage d'être transparente, flexible, et prévoyante, elle associe les parties concernées à la conception des règles. North Anna est à la fois une organisation centralisée où la direction peut être perçue comme autoritaire, car elle décide de tout, et aussi décentralisée avec l'autonomie dans la conduite des activités de maintenance qui a pour corollaire une grande responsabilisation des équipes. [...]
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