Luc Boltanski et Eve Chiapello sont deux sociologues français, tous deux directeurs d'études à l'Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales. Luc Boltanski est un auteur de référence dans le domaine de la sociologie des cadres, Eve Chiapello est spécialisée dans le management. Les recherches de Boltanksi sont marquées par l'influence de Bourdieu, qui fut son directeur de recherche.
Le nouvel esprit du capitalisme s'inscrit dans le courant de la sociologie pragmatique, qui analyse les capacités critiques des acteurs et cherche à comprendre comment se construit l'engagement public. Le livre a rencontré un large écho auprès de la communauté scientifique. Il date de 1999, mais son analyse est actuelle puisque les auteurs se penchent sur une double crise qui perdure aujourd'hui : crise des conditions de travail, qui se dégradent, et crise de la critique du capitalisme, qui semble avoir disparu.
[...] Insuffisante pour stopper la critique, cette réponse est suivie d'une réponse à la critique artiste qui valorise non la sécurité, mais la flexibilité de l'emploi. Le problème est que le corolaire de la flexibilité est la précarité, ce qui illustre les effets réels, mais parfois paradoxaux de la critique sur le capitalisme Les conditions de travail se dégradent. Une crise de la critique du capitalisme La première crise est donc celle des conditions de travail. Elle s'accompagne d'une seconde crise, celle de la critique du capitalisme face à cette dégradation du monde du travail. [...]
[...] À la fin des années 1990, les évolutions du monde du travail provoquent cependant un renouveau de la critique sociale. Le discours en termes de classes sociales et d'exploitation est remplacé par le concept d'exclusion ou par celui, plus fort, de désaffiliation (R. Castel). La nouvelle critique sociale prend d'abord la forme de l'action humanitaire avec des associations comme la Croix Rouge, puis se politise avec l'apparition des nouveaux mouvements sociaux, militants et médiatisés, comme l'association Droit au Logement. Mais l'exclu n'a pas de responsable alors que l'exploité en avait un, le capitaliste. [...]
[...] La thèse des auteurs est que le capitalisme survit par adaptation du fait des critiques. La critique peut également conduire le capitalisme à se transformer pour se rendre simplement moins lisible et la désarmer, mais cette solution ne dure pas, et peut conduire à un report de la critique sur d'autres aspects. Bien que le capitalisme demeure, la critique a toujours une efficacité en ce qu'elle permet de le ralentir et de l'améliorer. Ainsi le capitalisme des grandes entreprises des années 1960 est apparu suite à l'émergence dans les années 1960 de la volonté des cadres d'autonomie et de sécurité de l'emploi. [...]
[...] Cette exploitation est celle des immobiles par les mobiles. Le capitalisme étant aujourd'hui mondial et porté par les nouvelles technologies, les acteurs agissent dans un monde connexionniste où ce qui compte est la mobilité. Pour les auteurs, les premiers exploiteurs sont les marchés financiers, dont l'extrême mobilité des capitaux est une menace pour les États et les entreprises, ce qui pousse ceux qui le peuvent à devenir aussi flexibles que les capitaux sont mobiles Les entreprises, fournisseurs, sous-traitantes se mondialisent pour devenir mobiles. [...]
[...] C'est probablement cette capacité surprenante de survie par endogénéisation d'une partie de la critique qui a contribué à désarmer les forces anticapitalistes (p. 69) Dégradation du monde du travail et critique sociale. Les conflits sociaux ont atteint un niveau historiquement bas sur fond de difficultés sociales grandissantes (p. 350) Changement de l'organisation des entreprises et désyndicalisation. Les nouvelles façons de structurer les entreprises ont donc permis, en même temps que des gains de productivité et la réduction du coût des opérations exigeant un personnel peu qualifié, une large suppression de l'opposition syndicale (p. 360) L'exclu. [...]
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