Lorsqu'il publie en 1939, dans l'anonymat presque le plus complet, son ouvrage Über den Prozess der Zivilisation, Elias se montre attentif à cette continuité de l'histoire politique occidentale. Il établit les conditions propres de l'évolution socio-politique de l'Occident entre le XIII ième siècle et le XVII ième siècle.
Problématique : Comprendre pourquoi et comment les sociétés occidentales de l'époque médiévale sont passées d'un mode de domination patrimoniale largement éclatée à un pouvoir fort et centralisé, s'institutionnalisant progressivement.
[...] Situation de départ : Une couche tout entière dispose d'un certain nombre de chances monopolistes non organisées La répartition des chances monopolistes parmi les membres de cette couche se fait essentiellement par la compétition libre et l'emploi de la force Evolution : Le pouvoir d'une couche de disposer de chances monopolistes est organisé et contrôlé par des institutions centrales La répartition des profits du monopole s'opère selon un plan orienté en fonction des exigences du processus de la division du travail et de la coopération optimale de tous les individus entre lesquels la répartition des fonctions a tissé des liens Conclusion Une réflexion sur le temps Dimension essentielle de sa pensée, le temps revêt trois acceptions : expérience de la durée, instrument de repérage, conscience du changement. Une évolution non évolutionniste Il s'agit de dépasser l'obstacle mental : celui d'une conception spontanément fixiste (stabilité comme norme). Pour intégrer le changement à la réflexion sociologique, il faut accepter l'hypothèse d'une évolution, comme le firent les théories évolutionnistes du XIX ième siècle, mais en les débarrassant de leurs présupposés historicistes et normatifs, qui par réaction ont incité les sociologues à rejeter tout modèle d'évolution. [...]
[...] Concerne les moyens militaires et les moyens financiers (ce sont les monopoles clefs) Les sociétés fondées sur une division très poussée des fonctions comptent, et c'est leur spécificité, un appareil administratif permanent et spécialisé chargé de la gestion de ces monopoles. Les Etats résultent de ce processus de formation d'un monopole permanent du pouvoir central et d'un appareil de domination spécialisé. C'est à partir du XI ième siècle que l'on assiste à la lente apparition des monopoles dans les domaines issus de la Francie occidentale. B. [...]
[...] On s'achemine vers un stade où les chances offertes par ces monopoles ne sont plus distribuées selon le bon plaisir d'une seule personne au profit de quelques-unes, mais en fonction d'un plan plus impersonnel et plus précis dressé dans l'intérêt d'un grand nombre d'individus interdépendants et, pour finir, dans celui de tout un réseau social constitué d'hommes interdépendants La centralisation et la monopolisation rendent possible une utilisation planifiée de chances qui, naguère, étaient à la seule portée de ceux qui pouvaient s'en emparer par la violence militaire ou économique La répartition elle-même cesse, à la suite de ce combat, d'être une affaire relativement privée pour devenir une fonction publique. Le droit de disposer du monopole, d'occuper les positions clefs ne s'acquiert plus par une compétition unique non monopoliste libre, mais par des combats éliminatoires périodiques pacifiques, par une compétition soumise au contrôle du monopole et réglée par l'administration monopoliste. [...]
[...] L'intérêt accordé par la sociologie historique de l'Etat à la période médiévale se justifie de deux manières : La genèse de l'Etat moderne emprunte en partie les cadres institutionnels de la féodalité La nature même de la féodalité, l'intensité de l'émiettement de la domination politique qu'elle induit, les stratégies adoptées par les différents acteurs pour faire face à cette situation, tout cela ne sera pas sans exercer une influence majeure sur les trajectoires étatiques observables en Europe occidentale Lorsqu'il publie en 1939, dans l'anonymat presque le plus complet, son ouvrage Über den Prozess der Zivilisation, Elias se montre attentif à cette continuité de l'histoire politique occidentale. Il établit les conditions propres de l'évolution socio-politique de l'Occident entre le XIII ième siècle et le XVII ième siècle. [...]
[...] Le réseau d'interdépendances aux fonctions fortement différenciées est régi par une loi propre qui s'oppose d'une manière progressive à la monopolisation privée des chances. II. Les phases d'un phénomène concurrentiel Le processus de la formation des monopoles obéit donc, dans ses grandes lignes, à des lois structurelles extrêmement simples Une période de libre compétition éliminatoire précède chaque formation de monopole social Face à cette phase de libre compétition, la mise en place de monopoles se traduit par l'impossibilité, pour un grand nombre de personnes, d'accéder directement à certaines chances ; mais elle comporte aussi une plus grande centralisation du pouvoir de disposer de ces chances Par cette centralisation, les chances se trouvent soustraites à la compétition directe de la masse des individus Mais cette unité détentrice du monopole est hors d'état d'utiliser le produit de son monopole à son seul profit, surtout s'il s'agit d'une société dans laquelle les fonctions sont largement réparties Ainsi commence une compétition serrée pour les chances que le monopoliste est obligé de distribuer à ceux qui dépendent de lui Alors que la compétition était libre dans la phase précédente et donc la victoire revenait au plus fort, elle dépend désormais de la fonction et de l'activité de chacun ainsi que des services que chacun est capable de rendre au monopoliste, pour que celui-ci puisse exercer son pouvoir. [...]
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