Norbert ELIAS (1897-1990) est né en 1897 dans une famille relativement aisée de la ville de Breslau (aujourd'hui Wroclaw). Il y reçoit une éducation allemande classique, est mobilisé en 1915 et, à la fin de la guerre, fait des études de médecine et de philosophie. En 1925, il se tourne vers la sociologie et va vivre à Heidelberg, où Max Weber a enseigné, puis suit le sociologue Karl Mannheim, dont il devient l'assistant à Francfort.
Face à la montée du nazisme, Elias, juif et démocrate, quitte l'Allemagne en 1935, vit à Paris deux ans, puis à Londres, où il écrit son premier ouvrage sur le processus de civilisation : en deux volumes, le livre paraît en 1935 à Bâle, et passe inaperçu. Pendant 35 ans, Norbert Elias est enseignant de sociologie à Cambridge, à Leicester, au Ghana et résidera surtout en Angleterre. Sa carrière prend un autre tour avec la réédition, en 1969, des deux volumes de 1939, suivis d'un nouveau tome. Ces trois livres deviennent La Civilisation des mœurs, La Dynamique de l'Occident, et La Société de cour. Norbert Elias est alors régulièrement invité à enseigner à Amsterdam et à Bielefeld, en Allemagne, où ses idées sont appréciées.
[...] Dans ce cas, même si l'environnement social n'oblige pas l'individu à se laver, l'autocontrainte fait qu'il va tout de même obéir à cette norme de manière purement naturelle. Le surmoi individuel dont parle Elias signifie l'autocontrainte que se donne l'individu par rapport à la norme sociale de propreté. En fait, lorsque l'individu intériorise cette règle qui lui est au départ extérieure, il prend une certaine habitude et la contrainte devient alors un automatisme, c'est-à-dire qu'elle devient presque naturelle. L'individu se contraint lui-même et c'est cette autocontrainte que Norbert Elias appelle le surmoi individuel. [...]
[...] Enfin, Norbert Elias explique le processus de civilisation des mœurs comme la tendance à contrôler ce qui relève de l'animalité au niveau de l'individu. Il distingue deux niveaux dans ce processus : 1. individu, personnalité, surmoi, autocontrainte, conscience de soi, sensibilité individuelle (sentiments précis, tels que le dégoût, la pudeur ou la honte) 2. société, instances qui cherchent à contrôler toujours plus (un Etat fort désigne le monopole légitime de la violence, car il s'impose comme le seul ayant le droit de légitimer la violence), cela aboutit à un contrôle de nos pulsions violentes, du fait de la sensibilité de l'individu (diminution du seuil de tolérance à la violence) Chaque individu doit parcourir pour son propre compte en abrégé le processus de civilisation que la société a parcouru dans son ensemble ; car l'enfant ne naît pas "civilisé". [...]
[...] Pour lui, le mouvement de civilisation fonctionne par principes universels et atteint la conscience même de l'individu. Il ne s'agit plus simplement de règles de conduite, mais de sentiments intimes qui génèrent culpabilité et regrets, se reproduisent d'eux-mêmes et ressemblent au refoulement freudien. Dans le processus de civilisation, les facteurs extérieurs sont déterminants, mais ils sont relayés par des mécanismes psychiques qui gouvernent la sensibilité de chacun. La civilisation chez Norbert Elias représente donc une forme d'intériorisation des règles à tel point que celles-ci paraissent naturelles et non extérieures. [...]
[...] Pour Elias, la civilisation se reflète dans la socialisation de l'individu. Le processus de civilisation est à l'individu, ce que le processus de socialisation est à la société. L'auteur explique le terme de loi fondamentale sociogénétique, c'est-à- dire qu'au niveau individuel, on parle de psychogenèse, mais au niveau collectif, on parle de sociogenèse. Il définit la civilisation comme l'émergence de la société et son intériorisation, et la socialisation comme l'histoire de l'individu et l'intériorisation des règles sociales. Finalement, pour Norbert Elias, la civilisation prend en compte aussi des temps de stagnation ou des phases d'accélération ou de régression (génocide). [...]
[...] Synthèse L'origine de la contrainte extérieure de propreté est issue de l'égard pour les autres. Les comportements sociaux répondent à une image sociale à rendre aux autres. L'auteur fait alors référence à la naissance dans une société aristocratique, puis dans la bourgeoisie qui fonctionne par imitation, etc. On remarque alors l'importance de la hiérarchie sociale, c'est-à-dire qu'on possède une image de soi à travailler par rapport aux autres. La norme sociale de propreté est de l'ordre de l'habitude personnelle, c'est une contrainte extérieure, issue du processus de socialisation, qui se transforme par la suite en autocontrainte. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture