"Les naufragés", Michel Declerck

Résumé du document

Sorti en 2001, "Les naufragés", de Michel Declerck est le résultat de 15 ans d'études et de 8 années d'écriture. L'écrivain est un psychanalyste et ethnologue qui a suivi les clochards de Paris pendant plus de 15 ans pour tenter de les comprendre. L'auteur a fait lui-même l'expérience de la clochardisation, allant dormir dans des centres d'hébergements, faire la manche, se faire ramasser par la police ; il est allé encore plus loin en étudiant la psychologie de cette population. Il a ouvert en 1986 le premier centre d'écoute pour SDF à Paris. Et il a vu défiler pendant des années des centaines de clochards, racontant leur vie, comment ils en sont arrivés la, leurs problèmes, leurs sentiments.

Il s'est immergé dans leur monde pour analyser ce monde de parias, cette communauté exclue de la société. Très peu de personnes se sont réellement penchées sur ce phénomène, on passe à côté de ces populations et des questions qu'elles soulèvent. L'auteur estime qu'en 2001, il y aurait à Paris entre 30 000 et 45 000 personnes qui relèveraient (peu ou prou) du problème de désocialisation. Le chiffre s'élève entre 60 000 et 135 000 pour la France entière

Extraits

[...] L'auteur déplore la situation : Toutes ces années, je n'ai constaté aucun cas de réinsertion. Il faut se faire à l'idée que ces gens sont incapables de fonctionner dans des conditions d'exigences minimales. La voie de la désocialisation et de la clochardisation reste désespérément à sens unique, et le SDF se banalise jusqu'à devenir une simple composante de la société urbaine moderne. Un naufragé auxquel plus personne ne songe à tendre la main Les SDF souffrent de nombreux maux : alcoolisme, prise de drogue ou de médicaments, malnutrition, maladies en tout genre, notamment la pneumonie qui leur est souvent mortelle, troubles psychologiques la liste est longue. [...]

[...] Aucune structure psychologique n'est mise en place (hormis celle ouverte par Patrick Delerck en 94) alors qu'on estime à environ 20% le nombre de clochards souffrants de problèmes psychologiques graves. Sans parler de leur santé qui est souvent déplorable : la plupart sont alcooliques et souffrent de crises d'épilepsie dues au manque d'alcool. Les structures sont très largement insuffisantes. Elles ne peuvent accueillir que quelques nuits la même personne, les lits de l'hôpital est surchargé et peut rarement soigner à long terme. Un autre problème est soulevé par l'épilepsie : les médicaments sont des psychotropes qui doivent se prendre quotidiennement et sont appréciés par les drogués. [...]

[...] "Les naufragés", Michel Declerck Bienvenue dans la rue, dans la vraie vie de la rue. Michel Declerck nous ouvre de façon brutale les portes qui mènent au monde des clochards, des relents d'odeurs répugnantes remontent, la puanteur et la saleté nous inondent. Ces hommes et ces femmes qui eurent un jour un travail, un mariage, qui se retrouvent peu à peu totalement désociabilisés. On voit aussi naître de l'espoir, de la fraternité et même de l'amour. Sorti en 2001, ce livre est le résultat de 15 ans d'études et de 8 années d'écriture. [...]

[...] Biographie de Patrick Declerck Philosophe et anthropologue, Patrick Declerck est l'auteur de nombreux ouvrages sociaux. Ses thèmes de prédilection sont la désocialisation, l'errance ou encore l'alcoolisme. Le livre les naufragés est considéré comme un livre majeur de l'anthropologie contemporaine. Il va d'ailleurs revenir sur ce thème et dans Le Sang nouveau est arrivé un pamphlet. Parallèlement à ses oeuvres d'anthropologues, Patrick Declerck est l'auteur de différents textes littéraires Socrate dans la nuit', un roman qualifié de métaphysique) et de nouvelles Garanti sans moraline', 2004). [...]

[...] C'est un travail énorme et très complexe qui relève qui combat quotidien. Pour conclure, c'est cette double approche (psychologue et immersion directe) qui rend intéressant cet ouvrage, mais c'est également un véritable engagement personnel qui fait surgir une parole, celle des clochards, qui n'est pas une population soulevant un intérêt considérable autre que la rubrique faits divers dans les quotidiens en mal de sujets ou en mal de conscience. Cela nous porte vers une vision plus psychologique du phénomène, mais cela nous mène aussi vers une critique de fond des dispositifs humanitaires et de leurs logiques inefficaces. [...]