Murray L. Wax a fait ses études à l'université de Chicago (on peut noter de suite la grande influence de la méthode sociologique et anthropologique de cette école sur l'auteur). Anthropologue et sociologue, il s'intéresse fortement, tout au long de ses recherches, au thème de l'éducation, et ce particulièrement chez les Indiens d'Amérique (les sioux oglala, mais aussi les cherokee ; il mena de plus différentes études généralistes sur l'éducation indienne dans les années 1965-68).
L'article que l'on se propose d'étudier, « La salle de classe comme théâtre : une recherche de terrain chez les Sioux oglala » est directement issu d'une conférence en 2001, à l'université de Paris V. Toutefois, le travail de terrain a été réalisé au tout début de la carrière de l'auteur, c'est-à-dire dans les années 1960 (il obtint son diplôme de docteur en 1959). Cette étude spécifique a été motivée par une première approche de la réalité scolaire à la fin des années 1950 : Murray L. Wax et sa femme Rosalie, ainsi que Robert K. Thomas ont enseigné en 1959-60 auprès d'étudiants amérindiens du 1er cycle universitaire. Ils ont été frappés par le déroulement de l'atelier d'été, dont l'ambiance différait radicalement de celle habituelle à l'école située dans la réserve sioux : y régnait une forte envie d'apprendre (« tournée vers l'apprentissage ») et une discipline impressionnante (« remarquablement disciplinée »). Il s'y est opéré la formation d'une véritable « communauté » (un groupe uni et original) comprenant les enseignants et les étudiants. L'auteur est frappé par l'importance qu'a prise cet atelier : il a en effet permis la formation de leaders politiques amérindiens par la suite. La question du lien entre la volonté d'étudier des élèves et la formation de ce groupe original émerge rétrospectivement en regard de cette première expérience.
[...] Cette représentation est un principe actif dans le comportement des élèves, les incitant à ne pas travailler, car il n'y a pas d'objectif final à l'éducation proposée. Les représentations collectives sont en effet structurantes : Roger Thabault analyse dans son ouvrage Mon village, ses hommes, ses routes, son école 1848-1914, l'ascension d'un peuple, l'impact de l'école sur Mazière- en-Gatine, petit village reculé. En 1850, l'école est perçue comme inutile et même contre-productive. Elle mobilise en effet les enfants, les empêchant de participer aux travaux des champs. Destinés à un travail agricole, les enfants n'ont pas besoin d'éducation scolaire. La fréquentation de l'école reste extrêmement faible. [...]
[...] Pour cela, il étudie alors la société des Indiens cherokee de l'Oklahoma de l'Est (p. 170). Peu prolixe en revanche ici en ce qui concerne les détails de l'enquête, il décrit rapidement l'organisation de la scolarité. On peut noter un changement notable : l'instituteur est ici choisi parmi la population locale. C'est donc un membre du groupe à part entière. Or, le même phénomène de formation de société de pair est encore observable au sein des classes. Ce sont uniquement ses modalités qui changent : les élèves ne sont pas ici totalement passifs, au contraire, ils s'organisent pour faire tourner en bourrique l'instituteur. [...]
[...] Comment arriver à expliquer ces revirements de situations et cette évolution à l'encontre de la logique, qui amène à l'échec scolaire les petits sioux oglala ? Wax critique la méthode utilisée précédemment par les chercheurs Ces anciennes méthodes apparaissent être en opposition totale avec la méthode que lui utilise (méthode de l'université de Chicago) et qu'il a légitimée dès le début du texte. Les principales critiques qu'il énonce permettent de comprendre pourquoi ces chercheurs n'ont pu aboutir à des résultats explicatifs. [...]
[...] On peut expliquer ce phénomène comme une réponse à une situation de domination. Elle permet la référence à l'identité sioux reniée : au sein des USA, les Amérindiens sont une classe sociale dominée : la formation de cette société de pair est un cas normal de tentative de créer un groupe dans le groupe, un clan de semblables, une société de pairs (p. 169) ainsi, l'échec scolaire peut être perçu, selon les mentalités sioux, de deux manières. Il garde toujours un aspect positif aux yeux du peuple indien. [...]
[...] On note donc qu'il faut chercher le principe explicateur en dehors de l'école même. Le troisième niveau permet d'apporter un éclairage supplémentaire au rapport qu'ont les Sioux à l'école. Il trouve sa source dans l'ethos sioux (c'est-à-dire l'ensemble de croyances propres au groupe social que constituent les Sioux oglala) la société sioux repose sur un principe égalitariste. L'ethos qui prime lors de l'éducation est de privilégier l'autonomie des enfants : les parents n'interviennent que très peu (le choix des enfants est toujours le plus important, comme le montre l'exemple des vaccins. [...]
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