Dans son Introduction, Amselle constate le paradoxe d'un multiculturalisme français fondé à la fois sur la République dont le principe de base est l'assimilation de citoyens isolés — il n'y a pas d'intermédiaire entre le citoyen et l'Etat — et sur les mythes de l'historiographie de la France qui reposent sur l'existence de plusieurs stocks de population sur le territoire français — donc de plusieurs communautés. Le propos d'Amselle est double : il s'agit d'examiner, d'une part, la compatibilité entre ces schèmes fondateurs de l'histoire de France et l'universalisme républicain, et, d'autre part, la prégnance de la 'guerre des deux races' sur l'histoire de la France et de ses colonies
[...] Amselle revoie dos à dos aficionados du multiculturalisme et les tenants de l'orthodoxie républicaine, les jugeant les uns et les autres aveuglés par leur idéologie. Il prend finalement position en disant qu' il revient à ceux qui défendent une position républicaine ouverte le droit et le devoir de montrer, quand une revendication particulariste prétend faire figure de l'universel, comment cette identité s'est créée. Le dévoilement du processus de construction des identités servirait donc simplement, dans ce cas, à relativiser les prétentions des acteurs sociaux, de façon à réaliser un compromis entre les intérêts de l'individu et ceux des collectivités. [...]
[...] Qui plus est, le modèle assurantiel tend à répartir les gens en perdants et en gagnants de l'existence, affectant ainsi chaque acteur social à une classe de privilégiés ou de handicapés. La question d'un nouveau contrat social est ainsi soulevée : il ne serait plus contracté par les individus mais par les communautés, créant ainsi deux instances ethnico-culturelles majeures : les Français de souche assimilés à une ethnie ou à une race, et les minorités ethniques ou communautés, repoussoirs de l'identité française. Or, plutôt qu'un multiculturalisme à la française, c'est vers une multiappartenance privée dans le cadre de la citoyenneté française qu'il faudrait s'orienter, affirme Amselle. [...]
[...] Ces deux auteurs annoncent le relativisme culturel Le multiculturalisme en France : un produit de son histoire coloniale . A travers le récit de l'expédition d'Egypte, de l'occupation de l'Algérie et la biographie de Faidherbe, Amselle entend montrer que l'entreprise coloniale française a exporté le mythe de la guerre des deux races hors de métropole et que le traitement des communautés à l'intérieur du territoire national emprunte aujourd'hui beaucoup aux précédents coloniaux. Pour Amselle, l'expédition d'Egypte est exemplaire car elle pose les bases des trois logiques présentes tout au long de la colonisation française. [...]
[...] Vers un multiculturalisme français, l'empire de la coutume. Jean-Loup Amselle 1. L'auteur C'est un anthropologue de formation. L'anthropologie est l'étude de l'Homme et des groupes humains. (L'anthropologie culturelle, quant à elle, étudie les croyances et les institutions culturelles d'un groupe, conçues comme le fondement des structures sociales, et envisagées dans leurs rapports avec la personnalité.) Elle est distincte de l'ethnologie, la branche des sciences humaines ayant pour objet la connaissance de l'ensemble des caractères de chaque ethnie, afin d'établir les lignes générales de structure et d'évolution des sociétés. [...]
[...] En Algérie, une politique de régénération assimilatrice fut appliquée. Il ne s'agissait plus seulement de délivrer le peuple algérien de ses tyrans (régénération) mais également de l'assimiler à la société française. Un plan d'assimilation en trois phases avait même été prévu par Napoléon III : pendant la 1ère phase, dite arabe, les habitudes administratives et sociales ainsi que les chefs dont conservés mais mis sous tutelle ; pendant la seconde phase, l'implantation française commence, parallèlement à l'effacement des chefs aux profits des assemblées villageoises ; dans la 3e et dernière phase, la tribu transformée se juxtapose sans heurts avec la commune française qui pose toujours problème actuellement Amselle s'emploie à démontrer, dans le dernier chapitre, que cette politique de régénération assimilatrice fut également appliquée en France métropolitaine, avec succès aux minorités ethniques et religieuses puis aux immigrés. [...]
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