Fiche de lecture issue de l'article : Demazière, D., Le Lidec, P. (dir.), Les mondes du travail politique. Les élus et leurs entourages, Presses universitaires de Rennes, Rennes, 2014.
1. Une présentation du livre lui-même, en restituant le contexte de publication et la position institutionnelle et intellectuelle de l'auteur.
2. Une synthèse des différents comptes rendus trouvés au cours de la recherche, en restituant l'espace des points de vue exprimés sur le livre concerné.
[...] Un autre compte-rendu fut publié dans la Revue française d'administration publique, organiquement rattachée à l'ENA. Il est écrit par Nicolas Hacquart, qui se présente comme un « étudiant diplômé de l'IEP de Strasbourg ». Après une présentation minutieuse du contenu du livre à travers l'exposition des quatre sous-parties et la mise en avant des points forts de l'ouvrage grâce à la mise en avant de plusieurs des contributions-clés de l'ouvrage, l'auteur conclut que « l'ouvrage en recourant à la sociologie du travail prend un angle d'observation du travail politique permettant de faire ressortir l'univers particulier, les normes implicites, le système de relations, les obstacles et les ressources à la recherche de légitimité nécessaire ». [...]
[...] Plus globalement, l'ensemble de cette deuxième partie met en avant ces frontières poreuses entre objet technique et objet politique, et, par des enquêtes ethnographiques approfondies, les moments où ces objets basculent d'une définition à l'autre. La troisième partie, intitulée « interprétations et appropriations du travail », se compose d'une contribution de Carole Bachelot sur les « appropriation différenciées des postes de direction » au PS, d'une autre sur les « variations dans le travail » pour un vice-président régional (Sébastien Gardon, Aisling Healy et Eric Verdier), et, enfin, de l'étude de Sandrine Nicourd sur les premiers mandats d'élus régionaux et sur la façon dont ils découvrent ce travail politique. [...]
[...] Outre la mise en avant du caractère heuristique de l'analyse de agendas des élus (qu'ils soient papiers ou électronique), plusieurs idées peuvent être avancées. Déjà, pour les élus les plus professionnalisés, on constate que les agendas sont comme « fabriqués » par les nombreux contributeurs de l'élu, qui agissent comme un « acteur collectif » (p.40). Si l'analyse de Laurent Godmer et Guillaume Marrel met davantage l'accent sur ce processus de fabrication, comme l'illustre l'étude de cas du remplissement d'une semaine type (p.44), alors que les deux autres contributions font davantage de place au ressenti des élus à travers de nombreuses citations d'entretiens, toute cette partie montre que le temps de l'élu est professionnalisé à travers l'agenda (avec une grande rationalisation), que ce temps est précieux (tous critiquent les réunions peu productives (la « réunionite » est dénoncée p.60)), qu'il permet de « contrôler son territoire politique » tout en permettant de constater, surtout pour les élus de proximité, que l'agenda, en laissant des moments « blancs » dans la semaine des élus, permet d'avoir toujours des moments de « disponibilité », qui constitue, pour les élus les moins reconnus nationalement ou par leur parti, une ressource essentielle. [...]
[...] Plus globalement, on sait que l'activité politique est toujours prise entre deux logiques contradictoires. D'un côté, la complexification des sociétés contemporaines et l'internationalisation de quantité de problématiques (comme la fiscalité ou l'environnement) nécessitent des compétences d'expertises de plus en plus grandes, et ce d'autant plus lorsque l'on a des mandats politiques importants. Face à cette première tendance qui va dans le sens d'une professionnalisation de l'activité politique, de l'allongement des « carrières » et de leur amplitude géographique et temporel (cumul), et de fait de l'accentuation du fait qu'il s'agit d'un véritable « travail » très prenant, les élus mettent toujours en avant les idées d'honneur, de service public et de désintéressement. [...]
[...] Cette référence à Abbott est doublée de celle à Howard Becker qui analyse la complexité des mondes de l'art à travers les notions de « producteurs cardinaux » et de « personnels de renfort » et qui a pu permettre de participer à un certain renouvellement récent de l'histoire des idées sous le label « d'histoire sociale des idées politiques ». A travers ces références, cet ouvrage est un appel à des analyses concrètes de ce qu'est, en acte, le travail politique, des élus et, donc, de ses collaborateurs, qui font ici offices de « personnel de renfort » de l'activité politique. C'est pourquoi l'ensemble du livre est marqué par des contributions fortement empiriques. [...]
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