Les Mondes de l'art, Howard S. Becker, division du travail, talent artistique, conventions, oeuvres d'art, théorie esthétique institutionnelle, intervention de l'Etat, artisanat, art populaire, fiche de lecture
Tous les arts supposent la coopération d'autrui ; il n'y a parfois pas de limite à la segmentation des taches (cf. générique des films) mais celle-ci n'est pas "naturelle" : par exemple, en Occident, les poètes laissent mettre leur oeuvre dans leur état définitif par les imprimeurs. Dans la poésie orientale, au contraire, la calligraphie est souvent aussi importante que le contenu du poème. La division du travail est arbitraire mais elle est souvent difficile à modifier, car les acteurs la prennent pour un fait acquis. On est généralement persuadé que l'art exige des talents et on accorde aux artistes des prérogatives particulières (au-dessus des contraintes de la société). Cette identité particulière de l'artiste a été acquise à la Renaissance.
Alors, il faut trier pour s'assurer que seuls ceux qui possèdent vraiment ce talent accèdent à cette situation privilégiée grâce aux corporations et à l'académie (peu d'autonomie de l'art) ou au jeu du marché (chacun peut tenter sa chance). Une activité peut changer de statut : par exemple, le mixage d'un disque s'est progressivement imposé comme une activité artistique. Il y a souvent confusion entre le travail de l'artiste ou du personnel de renfort (ex : La Joconde retouchée de Duchamp où de Vinci est traitée comme du personnel de renfort) : qui possède le talent ? Sans un film, est-ce le metteur en scène, les acteurs ou le scénariste ? C'est pourquoi on s'inquiète de l'authenticité de l'oeuvre : tout se passe comme si la réalisation d'oeuvres d'art était un concours appelant un jugement équitable, en toute connaissance de cause.
[...] Ceux-là ne sont pas obligés de se soumettre aux systèmes de distributions de leur discipline. Mais la plupart gardent des attaches assez fortes avec le monde de l'art ; s'ils sont refusés par le système de distribution en place, ils peuvent organiser un système parallèle (Salon des refusés à Paris) et porter tout de même leur œuvre à la connaissance du public. Le mécénat Les mécènes ont une solide connaissance des conventions du grand art ce qui les autorise à contrôler dans le détail le travail artistique qu'ils financent. [...]
[...] Les artistes se construisent une sorte de public imaginaire à partir de renseignements fragmentaires. L'élaboration du projet est à la charge de l'artiste et le lancement se fait avec une publicité variable selon les chances de réussite (on investira plus d'argent dans un projet à peu près sûr). Le système exerce son influence (variable selon le rapport de force et la confiance mutuelle) sur les œuvres à travers les relations d'interaction entre les responsables de cette industrie et les artistes : taille d'un livre, rebondissements Les exigences des industries culturelles engendrent une uniformisation plus ou moins grande des produits qui traduit moins un choix des artistes que les propriétés mêmes du système. [...]
[...] Les ressources humaines Aux yeux des participants du monde, celui qui fait les choses, c'est l'artiste. Mais il est important de considérer les ressources humaines, c'est-à-dire ceux qui sont aptes à exécuter les tâches demandées et qui sont disponibles. Ils sont généralement interchangeables, et apprennent les conventions en vigueur dans le monde de l'art en situation réelle de production artistique (autodidactes, sur le tas ou encore grâce à un stage). Quand l'offre existante de ressources humaines ne répond pas à sa demande, il forme son personnel. [...]
[...] Il peut et doit rester indépendant des mondes de l'art. L'agent producteur travaille pour quelqu'un d'autre qui fixe la nature du travail et les exigences quant au résultat. La fonction de l'objet devient un paramètre idéologique et esthétique important, avec également la virtuosité, c'est-à-dire une maîtrise exceptionnelle des techniques et des matériaux. Certaines traditions artisanales sécrètent un sentiment du beau, qui devient alors un 3e critère de jugement, emprunté à l'art. La production artisanale qui demande à être reconnue par un monde de l'art s'établit dans un nouveau système d'organisation et s'affranchit partiellement des contraintes de l‘employeur. [...]
[...] L'art et la société « Parler de l'art, c'est une façon particulière de parler de la société et des mécanismes sociaux en général ». L'analyse effectuée ne montre pas seulement que l'art est un phénomène social, mais que « l'art est social en ce qu'il est créé par des réseaux de personnes qui agissent ensemble ». L'étude de l'art comme action collective peut s'appliquer à l'analyse de l'organisation sociale et l'étude de n'importe quel événement. Les actions collectives et leurs résultats constituent l'unité élémentaire de l'investigation sociologique. [...]
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