Les Mondes de l'art, Howard Becker, sociologie de l'art, réseaux créatifs, artistes, histoire de l'art
Dans Les mondes de l'art, Becker remet en cause la sociologie de l'art, jusqu'à maintenant utilisée. Son objectif est d'analyser la production des œuvres artistiques dans leur ensemble et de mettre en exergue les différents mondes de l'art et leur organisation. A travers les onze chapitres de l'ouvrage, Becker tend à nous montrer, point par point, que les mondes de l'art sont organisés autour et par un réseau de gens, qui coopèrent à la production d'œuvres. Les œuvres artistiques sont alors loin d'être uniquement liées au talent, ou même au « génie « de l'artiste. Au contraire, elles sont issues d'un ensemble de ressources humaines et matérielles, fondées sur des conventions permettant à chaque participant de s'accorder les uns avec les autres. Becker considère ainsi les mondes de l'art comme étant des entreprises, notamment en mettant le doigt sur les formes de coopération. Il envisage donc l'art comme un travail « normal » et ainsi les artistes comme des travailleurs normaux, prenant part à une réalisation commune, qui serait l'œuvre d'art.
A travers cette étude nourrie d'exemples et d'illustrations de propos théoriques, Becker va au-delà d'une sociologie de l'art et nous propose une véritable sociologie du travail et des professions. En effet, en se plaçant à contre-courant d'une sociologie d'usage qui place l'artiste au centre des analyses, Becker se centre sur les réseaux de coopération, les considérant comme le cœur des mondes de l'art. Il définit ainsi les mondes de l'art comme étant : « le réseau de tout ceux dont les activités, coordonnées grâce à une connaissance commune des moyens conventionnels de travail, concourent à la production des œuvres qui font précisément la notoriété des mondes de l'art ». Ainsi, notre auteur s'attache à démontrer comment les mondes de l'art sont le reflet de la société et du monde des entreprises.
[...] Dossier sur : Les Mondes de l'art, H. Becker Howard Becker est un sociologue américain, né à Chicago dans les années 20, dorénavant à la retraite après une longue carrière dans la sociologie. Il a notamment été professeur en université. Héritier de l'école de Chicago, il s'inscrit dans le courant de l'interactionnisme symbolique, courant sociologique américain qui s'intégra à la réflexion de l'école de Chicago. Becker a également mené pendant longtemps, une carrière de pianiste, en parallèle de ses études, ce qui lui a permis de trouver un moyen de financement. [...]
[...] Chaque type possède ses propres caractéristiques en lien avec le monde de l'art où il existe. Becker ne cherche pas là à déterminer des types de personnes, mais des relations entretenues avec les mondes de l'art. Car comme nous l'avons montré, à travers l'étude de Becker : l'artiste n'est pas seul, la réputation se construit donc de façon collective et non pas seul. Déjà, ce n'est pas un artiste qui possède une réputation, mais tout un monde de l'art, car si la création implique la coopération, la réputation reviendra à tous ceux qui ont participé à cette création. [...]
[...] A travers cet ouvrage, Becker tend à nous démontrer la complexité des mondes de l'art. Il évince ainsi une conception, selon lui erronée, d'une sociologie de l'art ou même d'une histoire de l'art qui se centrerait sur l'artiste. Or, les mondes de l'art sont composés de réseaux, qui s'entrecroisent, se rencontrent, et qui se lient dans le but de produire des œuvres d'art. Becker met ainsi en avant les différentes couches qui composent un monde de l'art, qui ne se limite donc pas à l'artiste. [...]
[...] Mais, un monde de l'art pour exister a surtout besoin d'un public, qu'on parle de lui. Ainsi, quand ces réseaux s'articulent, ils forment un monde de l'art, reflet de la société. En effet, leur organisation est peu différente de l'organisation sociale, puisque les mondes de l'art se construisent par le biais de conventions, qui délimitent leurs limites, tout comme il serait le cas dans une entreprise classique Becker désacralise ainsi le monde artistique, et tout particulièrement la profession d'artiste, en nous montrant son fonctionnement, son organisation. [...]
[...] On voit donc bien à travers cet exemple, à quel point des conventions sont omniprésentes dans les mondes de l'art. Pour assurer la coopération entre les participants, les mondes de l'art font donc appel à des conventions connues de tous, souvent issues de matériaux culturels profondément ancrés, et qui n' pas spécialement de rapport avec l'art. Becker utilise alors l'exemple de la trame des ballets classiques : le rôle de l'homme courtisant la femme, faisant des figures chorégraphiques où les danseurs hommes et femmes forment un couple et où l'homme finit par conquérir la femme, suffisent à constituer la trame narrative d'un ballet que tout le monde comprendra, car c'est inscrit dans les codes culturels. [...]
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