Afin de mieux saisir les enjeux de cet ouvrage, et comprendre en quoi il fût un véritable choc théorique et politique, nous nous intéresserons, dans une première partie de cette étude, aux démarches et méthodes utilisées par Bourdieu et son équipe de chercheurs, mises en avant dans le premier chapitre du livre « l'espace des points de vue » . Nous analyserons ensuite plus en détails un entretien réalisé par Abdelmalek Sayad intitulé « une famille déplacée », mettant à jour des conflits de voisinage dans un habitat collectif de banlieue parisienne
[...] On a été volés et on continue à nous voler. On s'était foutu des dettes sur le dos et on les paie très cher et bêtement A plusieurs reprises, Mme Meunier se présente comme victime d'une situation qui la dépasse, et argumente une thématique de l'entre soi du communautarisme, qu'elle pose comme solution à ses difficultés ( ) on se croyait chez nous ( ) on a pas les mêmes goûts, les mêmes habitudes. On vit pas la même chose ( ) or, ils sont chez moi, ils sont en France, ce n'est pas moi qui suis chez eux. [...]
[...] L'ère de la consommation et des industries de service, la mondialisation, ont donné naissance à toute une catégorie d'individus travaillant, mais vivant dans des conditions sociales et matérielles très délicates. ( ) Constituer la grande misère en mesure exclusive de toutes les misères, c'est s'interdire d'apercevoir et de comprendre toute une part de l'ordre social qui a sans doute fait reculer la grande misère ( ) qui, en se différenciant, a aussi multiplié les espaces sociaux, qui ont offert des conditions favorables à un développement sans précédent de toutes les formes de la petite misère. [...]
[...] Le sociologue semble vouloir en arriver à une médiation des extrêmes pour mieux en comprendre l'ensemble. Ainsi, il dira ( ) La confrontation directe des différences à pour effet de favoriser la lucidité intéressée et partielle de la polémique ».Bourdieu va nommer cette approche perspectivisme et affirmer qu'elle ( ) n'a rien d'un relativisme subjectif qui conduirait à une forme de cynisme ou de nihilisme Cette démarche est présentée comme étant fondée dans la réalité même du monde social et de nos sociétés contemporaines où tout tend à la fois à rapprocher ( notion d'habitat collectif par exemple) et à individualiser les gens. [...]
[...] Afin de mieux saisir les enjeux de cet ouvrage, et comprendre en quoi il fût un véritable choc théorique et politique, nous nous intéresserons, dans une première partie de cette étude, aux démarches et méthodes utilisées par Bourdieu et son équipe de chercheurs, mises en avant dans le premier chapitre du livre l'espace des points de vue Nous analyserons ensuite plus en détails un entretien réalisé par Abdelmalek Sayad intitulé une famille déplacée mettant à jour des conflits de voisinage dans un habitat collectif de banlieue parisienne. La misère du monde résulte d'une vaste enquête de terrain sur la pauvreté commandée à Bourdieu en 1989 par la caisse des dépôts et consignations. Le sociologue va mener cette recherche avec son équipe de chercheurs ( dont L. Wacquant, L. Pinto, A. [...]
[...] III) Analyse critique Dans son analyse critique de la misère du monde publiée dans la Revue française de sociologie, Mona Meyer critique la démarche utilisée par Bourdieu et son équipe dans l'ouvrage, en soulignant notamment le fait que la disposition bienveillante ne doit pas tomber dans l'engagement actif et que réduire la distance sociale n'est pas de prendre parti et s'engager dans une intervention plus lourde Le projet de départ de cette recherche, à savoir donner la parole à une partie de la population qui ne l'a jamais, et donner à la société les moyens d'agir sur elle –même me semble très important. J'ai eu cependant quelques difficultés, lors de l'étude des entretiens menés par A. Sayad, à comprendre la démarche du sociologue. [...]
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