« Le métier d'historien est un métier d'hommes qui écrivent l'histoire au masculin » ; « vouées à l'univers de la répétition, de l'infime, les femmes ont-elles une histoire ? » telles sont les déclarations des premiers historiens dont Michelle Perrot, qui commencent à s'intéresser aux femmes en temps qu'objet d'étude historique et ce, sous les incitations des mouvements féministes dans les années 70.
Dans l'introduction de son ouvrage, elle reconstruit le paysage historiographique des vingt-cinq années au cours desquelles sont nés les vingt-cinq articles qui constituent Les femmes ou les silences de l'histoire (publiés entre 1974 et 1997), divisés en cinq groupes thématiques : Traces, Femmes au travail, Femmes dans la cité, Figures, Débats. Michelle Perrot et tous les historiens qui l'entourent comme Georges Duby et sa colossale Histoire des femmes en Occident, de l'Antiquité à nos jours ont été les initiateurs de nouvelles pratiques historiographiques et de représentations théoriques autour de la question de la femme comme objet de l'étude historique. L'objet « femme » étant pluriel et pluridisciplinaire, il lui a donc fallu avoir recours à une approche mêlant à la fois anthropologie, psychanalyse, histoire des sciences et des arts.
[...] Ces associations constituent peu à peu des groupes de pression. En prenant l'exemple de la France, M. Perrot nous montre le peu de considération dont elles sont l'objet ; on ne leur reconnaît pas de droit de citoyenne (le droit de vote n'est accordé qu'en 1944). En effet, que ce soit sous Napoléon III, la IIIè République ou Vichy, les femmes sont reléguées à la sphère privée. La IIIè République leur accordera certes l'éducation mais ce dans l'unique but qu'elles puissent inculquer de bonnes valeurs républicaines à leur progéniture. [...]
[...] Michelle Perrot, Les femmes ou les silences de l'Histoire Flammarion Le métier d'historien est un métier d'hommes qui écrivent l'histoire au masculin ; vouées à l'univers de la répétition, de l'infime, les femmes ont-elles une histoire ? telles sont les déclarations des premiers historiens dont Michelle Perrot, qui commencent à s'intéresser aux femmes en temps qu'objet d'étude historique et ce, sous les incitations des mouvements féministes dans les années 70. Dans l'introduction de son ouvrage, elle reconstruit le paysage historiographique des vingt-cinq années au cours desquelles sont nés les vingt-cinq articles qui constituent Les femmes ou les silences de l'histoire (publiés entre 1974 et 1997), divisés en cinq groupes thématiques : Traces, Femmes au travail, Femmes dans la cité, Figures, Débats. [...]
[...] Ainsi au XIXè siècle, la puissance des femmes fait peur, car bien qu'elles n'aient pas de réels pouvoirs, elles exercent une influence diffuse sur les mœurs, ce dont les hommes se méfient. Les hommes envisagent donc de limiter leur ascendance tout en tirant profit de leur potentiel : leur rôle est donc exalté, mais c'est un rôle domestique qui a pour conséquence que certaines de ces femmes exclues se désintéressent des affaires publiques et préfèrent se consacrer à leur sphère privée Cette organisation rationnelle de la division des sexes en sphère, en canalisant l'énergie des femmes vers une sphère privée valorisée n'empêche pas que les femmes développent leur influence dans le peu d'espace qui leur est confié. [...]
[...] Plus souvent, les femmes agissent dans le sillage des hommes qu'elles cherchent à soutenir. Des voix, comme celle d'Hubertine Auclert, s'élèvent pour condamner l'inégalité des sexes mais elles sont concurrencées par celles de conservateurs et l'émergence du mouvement ouvrier français qui leur prête peu d'attention. Celui-ci accorde une priorité aux valeurs familiales car l'industrie détourne les femmes de leur fonction première de mère ; ni la libération des femmes par le travail ni leur égalité politique ne sont à l'ordre du jour. [...]
[...] Cette thèse se différencie de celle de Michel Foucault, pour qui la femme est avant tout une mère et une épouse, ne prenant sa consistance qu'une fois avoir prit conscience de sa sexualité. PORTEE CRITIQUE Dans les pays francophones, cet ouvrage a donné l'idée de réaliser une histoire propre, comme au Maroc, Histoire des femmes marocaines ou encore au Japon, où une Histoire des femmes japonaises est paru, s'inspirant de celle de Michelle Perrot. Ainsi, l'ouvrage a eu un effet de cristallisation des savoirs autour des femmes et un certain pouvoir d'entraînement, qu'il faut évidemment relativiser. Cependant, l'œuvre de Michelle Perrot a-t-elle véritablement révolutionné l'historiographie contemporaine ? [...]
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