Dans un article paru en 1975 dans la Revue française de sociologie, Michel Crozier et Jean Claude Thoenig, chercheurs au CNRS et membres du CSO, analysent le cas du système de décision politico-administratif local en France. Pour cela, les deux auteurs se basent sur les travaux fondateurs en la matière réalisés par les analystes américains de la sociologie des organisations. Les deux auteurs ont alors pour objectif d'améliorer le caractère scientifique de ces travaux, jugés plus descriptifs qu'analytiques.
Afin de mieux cerner l'analyse des auteurs, il convient de noter leur appartenance au CSO et de fait souligner que cet article s'inscrit dans la lignée de la sociologie des organisations née aux Etats-Unis après la Seconde guerre mondiale. Cette branche de l'étude des politiques publiques met l'accent sur les relations de pouvoir entre les différentes organisations et leur environnement en même temps qu'elle souligne les relations d'interdépendance entre les membres actifs du jeu.
C'est dans cette optique qu'est analysé le cas du système politico-administratif local en France. Dans la lignée des travaux de JP Worms, cette étude s'attache elle aussi à mettre en valeur l'existence d'un « système » soulignant ainsi que les membres du système ne peuvent être analysés indépendamment les uns des autres. Au cœur de la problématique des auteurs se trouve donc la volonté de saisir les régulations profondes qui gouvernent les ensembles interorganisatonnels.
Nous reviendrons ici de manière synthétique sur les principales étapes constituant le raisonnement des auteurs.
[...] Comme dans le système préfectoral, l'intérêt général est mis en avant par le coordinateur, et élus comme fonctionnaires acceptent largement cette norme. L'intervention d'une instance extérieure s'avère primordiale dans la mesure où la non coopération semble être la règle entre les acteurs impliqués dans le jeu, évitement savamment entretenu pour que chaque instance concernée ait le meilleur accès au centre politique. La relation d'interdépendance entre les acteurs du système politico- administratif local est mise en lumière par l'exemple de la relation entre les maires et l'administration locale notamment pour ce qui relève de l'équipement. [...]
[...] Michel Crozier et Jean Claude Thoenig : La régulation des systèmes organisés complexes. In la Revue française de sociologie 3-32 Dans un article paru en 1975 dans la Revue française de sociologie, Michel Crozier et Jean Claude Thoenig, chercheurs au CNRS et membres du CSO, analysent le cas du système de décision politico-administratif local en France. Pour cela, les deux auteurs se basent sur les travaux fondateurs en la matière réalisés par les analystes américains de la sociologie des organisations. [...]
[...] Si le système semble présenter certains défauts, celui-ci se maintien pourtant. Il semble que les joueurs ont intérêt eux-mêmes à assurer sa pérennité. Le jeu ne fait pas véritablement de perdants mais c'est celui qui a le plus facilement accès aux instances supérieures proches de Paris qui l'emporte. C'est donc en participant au jeu que les acteurs le maintiennent, ceux qui s'écartent des règles prenant certains risques contrairement à ceux qui attendent paisiblement l'intervention du tiers dans le cadre du système de régulation croisé. [...]
[...] Crozier et Thoenig reviennent dans un premier temps sur ce qui fonde l'ensemble politico-administratif départemental français en tant que système. Au centre de cette démonstration se trouve l'idée d'une régulation croisée entre les acteurs sur laquelle nous reviendrons. Reprenant l'analyse du système préfectoral de JP Worms mettant en lumière la relation d'interdépendance entre préfets et notables, les deux auteurs démontrent que ce même type de solidarité se retrouve d'une certaine manière dans l'ensemble des relations entre les nombreux acteurs du système politico-administratif départemental. [...]
[...] L'analyse de Thoenig et Crozier a pour but de comprendre les modes de régulation existants au sein du système. Approfondissant les études sur le sujet, ces derniers vont mettre l'accent sur les relations humaines au sein du système, y incluant donc une dose de rationalité dans le processus de décision. Les acteurs ne s'engagent en effet stratégiquement pas tous de la même manière et la compréhension profonde du système passe alors par la reconstitution du jeu conscient ou non, dans le but de saisir leurs stratégies. [...]
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