Dans son ouvrage Identité et violence (2006), Amartya Sen montre à quel point les métissages culturels liés à la globalisation et la complexité de la création identitaire (individuelle comme collective) peuvent être génératrices de violence au sens propre comme figuré du terme. L'Amérique latine étant considérée comme la terre même des métissages, du fait de son lourd passé colonial et esclavagiste, il est intéressant de s'interroger sur les liens entre métissage et indianité quant à la création identitaire, ainsi que les rapports que ces deux ‘concepts' entretiennent avec le politique ; d'autant plus que nous sommes temporellement proches de la naissance de Constitutions reconnaissant le multiculturalisme dans la région (années 1990). De plus, l'essor des revendications indigènes depuis le début des années 1970 a donné à la notion d'indigénisme un poids politique croissant indéniable. Alors, quels sont les rapports entre indianité, métissage et politique ?
[...] Ibid. MAIREY Françoise et OSORIO Manuel, op.cit., p.104. GROS Christian, Métissage et identité. La mosaïque des populations et les nouvelles demandes ethniques Pouvoirs 2001/3, p.150. [...]
[...] MAIREY Françoise et OSORIO Manuel, Dialogues avec un métis Actes de la recherche en sciences sociales Vol n°52-53, p.101-104. SEN Amartya, Identité et Violence, Odile Jacob, Paris 251p. MAIREY Françoise et OSORIO Manuel, Dialogues avec un métis Actes de la recherche en sciences sociales Vol n°52-53, p.101. Ibid. BERNABE Jean, Négritude, créolité, indianité, mondialisation conférence à l'Atrium septembre 2007. Ibid. MAIREY Françoise et OSORIO Manuel, op.cit., p.101. BERNABE Jean, op.cit. Ibid. [...]
[...] L'identité métisse n'est pas négative, mais positive, elle n'est pas soustractive, mais cumulative, agrégative Ainsi, de même que les Nègres, les métis Amérindiens sont en phase de construction identitaire plurielle positive, que ce soit sur un plan individuel comme collectif. Enfin, il expose la théorie du ‘melting-pot' qui est, pour lui, un leurre, les Etats-Unis étant un pays extrêmement communautariste, marqué par une hiérarchie socio-raciale fortement ancrée dans les mentalités historiquement parlant. L'imaginaire des descendants d'esclaves a été capturé et lors même qu'ils étaient libérés de leurs chaînes physiques et institutionnelles, ils étaient installés dans un esclavage encore plus insidieux que par le passé et dont il n'est pas sûr qu'ils ne puissent jamais s'affranchir.[8] Les métis indigènes latino-américains sont certes eux aussi descendants d'esclaves, mais ils sont aussi les descendants de peuples assimilés, exterminés, méprisés, dévalorisés . [...]
[...] Un parallèle intéressant a pu voir le jour avec la condition des noirs aux États-Unis, connaissant le même problème d'invisibilité politique. D'ailleurs, même si le ‘réveil indigène' a pu permettre de politiser certains métis indigènes, il n'en reste pas moins que les autres métis persistent dans l'invisibilité et les préjugés. De même, les populations noires du sous-continent souffrent de leur identité négative et ne sont pas encore entrées dans une réelle phase d'intégration à la société. Nous pouvons alors nous demander quel sera l'avenir des revendications noires et métisses du sous-continent. [...]
[...] Le métissage peut alors se concevoir comme une opportunité et non plus une fatalité. Bien entendu, ces propos sont à nuancer selon les pays et selon le degré d'application réelle de la loi. Mais il reste indéniable que se revendiquer indigène permet à un métis indigène de rendre plus visible sa position et ses capacités. Nous avons donc pu analyser les enjeux liés à l'être métis indigène' en Amérique latine afin de comprendre que le métissage, avant d'être un problème racial, est essentiellement un problème historique, social et politique. [...]
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