Les méthodes en sociologie, de Raymon Boudon, PUF, 1969, Vendôme, 126p, Comprendre et expliquer

Résumé du document

De nombreuses interrogations s'élèvent quant à l'étude des phénomènes sociaux. Il résulte alors de celles-ci une importante diversité de méthodes utilisées et donc de problèmes, conflits méthodologiques. Les termes de compréhension et d'explication furent placés au cœur d'une discussion de méthodologie qui agita les sociologues allemands à la fin du XIXème siècle. La question était alors de démontrer que les sciences de la culture devaient être conçues comme distinctes des sciences de la nature. Ainsi selon Diltey « la nature on l'explique, l'homme on le comprend ».
La démarche de Raymond Boudon a consisté, au sein de son ouvrage paru en 1969 « Les méthodes en sociologie », à nier l'existence d'une sociologie unilatéralement compréhensive.
Dès lors, il est possible de se demander en quoi la distinction qui a été faite entre la compréhension et l'explication peut être remise en cause.
Nous allons, tout d'abord, tenter d'éclairer l'opposition faite entre ces deux termes, ces deux notions (I) pour, finalement, dévoiler les remises en cause de Boudon (II).

Extraits

[...] Ainsi, comprendre c'est appréhender les significations des actions humaines, c'est accorder une place importante aux stratégies et aux représentations des acteurs. Cependant, au cours du siècle, le problème va se renouveler. Les fondements même de cette querelle vont être remises en cause. Tel fut le cas pour Boudon. II. Les remises en cause de Boudon : une querelle sans véritable fondement A. Rejet de l'attachement à une méthode compréhensive des approches sociologiques - une non transparence des phénomènes sociaux La sociologie compréhensive représente une voie contestée. [...]

[...] Une opposition faite entre la compréhension et l'explication A. Des rapports distincts envers les phénomènes à étudier - l'extériorité du savant face à l'intériorité du sociologue Tout d'abord, le rapport existant entre le sujet et son objet d'étude demeure diamétralement opposé en ce qui concerne le savant et le sociologue. Ce premier dispose d'un rôle d'observateur. En effet, le savant est fondamentalement extérieur à l'expérience qu'il se doit d'expliquer. Au contraire, le sociologue, avant d'être observateur donc avant d'observer un phénomène social, fait figure d'acteur même. [...]

[...] Plutôt que d'opposer l'explication et la compréhension Boudon se propose de les saisir comme des phases complémentaires de toutes démarches sociologiques. De la me^me façon que l'on distinguait, auparavant, clairement la macrosociologie de la microsociologie en mettant en place une barrière infranchissable entre une vision globale et holiste de la société et une plus individualiste, le rapport entre compréhension et explication qui avait été faite de façon catégorique. En revanche, on découvre de plus en plus de similitudes, d'homologies aboutissant à une certaine rencontre entre ces deux méthodes. [...]

[...] Une volonté multidimensionnelle ou l'alliance de la compréhension et de l'explication - deux moments d'un même processus La sociologie pourrait donc tirer un bénéfice non négligeable en utilisant l'explication. En effet, dans toute démarche le sociologue se doit d'utiliser des indicateurs objectifs qui rendaient compte de la véracité de leur compréhension. Appliquée une méthode unilatéralement compréhensive peut, comme nous l'avons vu précédemment, aboutir à un discours erroné. Il devient donc nécessaire de vérifier les hypothèses obtenues par des séries statistiques. [...]

[...] Bien que la sociologie soit un être social il ne peut tout comprendre. Boudon déclare que sur quelques exemples notre situation ne nous permet parfois ni d'expliquer une relation, ni même de la percevoir Les phénomènes ne sont donc pas tous transparents. Ainsi, l'impression première demeure bien souvent une illusion due au manque d'information quant au contexte à partir duquel prend sens le comportement. La rationalité de celui-ci ne peut donc être jugée que par rapport à la situation de l'acteur lui-même non à celle que le sociologue se mettre à la place de l'acteur -la naïveté de la sociologie compréhensive De plus, celui-ci doit pouvoir s'affranchir du sens commun qui constitue bien souvent un leurre. [...]