Maurice Godelier distingue trois fluides : le lait, le sang menstruel, les liquides vaginaux. Ces fluides corporels sont très mal perçus à l'exception du lait maternel. Les Baruya considèrent que le sang menstruel et les liquides vaginaux sont sales et dangereux pour les hommes ainsi que pour la société entière des Baruya.
Commençons par le lait, il présente un état de concurrence. Le lait permet de nourrir les jeunes enfants des deux sexes mais aussi les filles non pubères. Il leur permet de se fortifier et de grandir sans les hommes, c'est en cela qu'il instaure un état de lutte entre les sexes.
[...] Le sperme est donc la substance vitale et primordiale pour le maintien des conditions de vie des Baruya. La preuve quand une femme est malade il lui en donne à boire. De plus, comme on l'a vu tout à l'heure c'est grâce au sperme que les femmes ont bu qu'elles ont une poitrine bien développée et du lait en quantité suffisante. Les hommes donnent aussi du sperme aux jeunes garçons, nous verrons pourquoi par la suite. Cependant, ce n'est pas n'importe quel homme qui peut donner son sperme à boire. [...]
[...] Car en leur donnant du lait à boire lors des initiations les femmes Baruya anticipent sur le geste de leur futur mari. Le lait est fait pour les aider à devenir des femmes. Seulement le lait est du sperme transformé par le corps des femmes. Donc l'homme est toujours considéré comme supérieur. Alors, la domination se perpétue puisqu'on leur apprend dès leur plus jeune âge que c'est l'homme qui détient la substance vitale. [...]
[...] Ces épreuves humiliantes sont faites pour leur faire intégrer qu'il faut qu'ils deviennent des hommes, car pour le moment ils sont dans un entre-deux qu'ils doivent percevoir comme honteux. Ce ne sont ni des hommes, ni des femmes. Ils ne sont rien et doivent changer. C'est donc en leur prouvant que les femmes sont impures, mais aussi que le sperme est à la base de tout que les initiations des jeunes garçons contribuent à la domination masculine. En ce qui concerne l'initiation des filles, elle contribue aussi à la domination masculine. [...]
[...] C'est donc les hommes qui conçoivent l'enfant et non la femme. La femme n'est qu'un contenant. Finissons de parler des substances corporelles des femmes en traitant des fluides vaginaux. Lorsqu'une femme a des rapports sexuels avec son mari, elle a des règles à respecter pour ne pas le salir. Le mari doit se mettre toujours au-dessus de son épouse, pour ne pas être touché par les liquides vaginaux qui sont une menace pour lui. De plus, la femme doit garder le sperme à l'intérieur de son vagin pour être sure, d'avoir un enfant et si elle est déjà enceinte, les Baruya pensent que ce sperme nourrira l'enfant. [...]
[...] Donc les femmes, quant à elles, seront plus fortes et alors ce sera l'effondrement de la domination masculine. De ce fait, lorsque les femmes ont leurs règles elles n'ont pas le droit de préparer les repas avec leurs mains ni de toucher la nourriture puisqu'elles touchent leurs sexes et les tampons de feuille ; donc leur sang menstruel. C'est pour cela que les femmes se mettent à part dans une maison réservée pour cette occasion. La femme reprend sa vie conjugale que lorsque ses règles sont finies et qu'elle s'est purifiée. [...]
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