Cet ouvrage est écrit par Mancur Olson, professeur à John Hopkins University (Etats-Unis). La logique de l'action collective est la traduction française de : The logic of Collective Action (Public Goods and The Theory of Groups) publié en 1966, aux Harvard University press. La préface est signée par Raymond Boudon qui, en France, diffusa largement la pensée d'Olson. Cette étude est axé sur les groupes et la logique de leur action. Pour cela, l'auteur va explorer l'action commune à travers les partis politiques, les groupes de pressions, ou les organisations syndicales, auxquelles l'ouvrage accorde une importance particulière. Pour cela, il va volontiers puiser dans les ouvrages traitant d'économie, de sciences politique, de psychologie ou d'autres sciences humaines.
L'aspect central de cette étude est la rupture qu'elle opère avec les ouvrages de sciences politiques et de sociologie qui ont jusque là traité de la question de la formation et du comportement des groupes. Si ceux-ci avaient tous plus ou moins accepté et posé comme postulat l'idée que le but de toute organisation était de défendre l'intérêt commun de ses membres, Olson entend démontrer que la formation de groupes ne saurait occulter ni les désirs, ni l'intérêt particulier de chacun. Aussi, appliquant les logiques de la pensée économique à son analyse, l'auteur se propose d'examiner en quoi la naissance de l'action collective découle du calcul rationnel coût / avantage de chacun de ses acteurs potentiels. En d'autres termes, le livre présente le mécanisme qui fait considérer à tout individu le coût de son engagement dans le groupe et le bénéfice qu'il peut en retirer, avant de véritablement devenir acteur de l'action collective. Ce raisonnement met en évidence une situation paradoxale où un acteur rationnel a intérêt à profiter des résultats d'une action collective sans pour autant y participer.
[...] L'individu y est d'ailleurs d'autant plus tenté que la participation à l'action collective a un coût en temps, en argent, parfois en considération. Aussi, pour Olson,l'action collective résulte des motivations individuelles plutôt que de la notion d'acteur collectif et de l'existence d'intérêt commun. Dès lors, un raisonnement rationnel conduit à ne pas agir pour la défense des intérêts du groupe. Toutefois, cette inaction est relative : la participation à l'action collective dépend de la nature et de la forme du groupe, l'anonymat favorisant la non-participation dans les grands groupes et les interactions plus serrées engendrant une plus grande participation dans les petits groupes. [...]
[...] On peut peut-être alors se hasarder à appliquer le postulat de rationalité économique au processus même de constitution des groupes latents. Si, les grands groupes ne trouvent pas d'eux-mêmes l'incitation à agir volontairement dans un but commun, ne pourrait-on pas expliquer leur constitution par la rationalité de leur fondateur qui, par cette création, maximiserait son intérêt qui serait, plus que la poursuite altruiste du bien-être des membres du groupe, la recherche d'un prestige personnel accru par une augmentation de son pouvoir individuel dans les négociations politiques et économiques, via sa position de leader du groupe ? [...]
[...] Aussi, l'organisation de l'action collective au sein des grands groupes (ou groupes latents vise principalement à éviter le phénomène de passager clandestin L'action collective de la part de ces groupes ne pourrait alors naître si celle-ci ne procurait pas de biens sélectifs, c'est à dire d'avantages particuliers réservés aux seuls participants actifs. Ces biens sélectifs peuvent prendre la forme de sanctions négatives (mesures coercitives) ou bien de d'incitations positives. Les sanctions dont il est question peuvent être d'ordre économique et/ou d'ordre social. Il peut s'agir, dans le cas des organisations syndicales, de la syndicalisation obligatoire à l'obtention d'un emploi dans l'entreprise concernée ou de la violence exercée en temps de grève contre les non- grévistes. [...]
[...] En d'autres termes, le livre présente le mécanisme qui fait considérer à tout individu le coût de son engagement dans le groupe et le bénéfice qu'il peut en retirer, avant de véritablement devenir acteur de l'action collective. Ce raisonnement met en évidence une situation paradoxale où un acteur rationnel a intérêt à profiter des résultats d'une action collective sans pour autant y participer. Olson explique ce paradoxe par la nature même des biens collectifs procurés par l'action collective : ceux-ci profitent à tous les membres du groupe (c'est-à-dire qu'ils sont non-rivaux et non-exclusifs), qu'ils aient participé ou non à leur production. [...]
[...] Ainsi, tout comme Marx, Olson considère l'action collective comme le résultat objectif d'une position et d'un calcul économiques. Néanmoins, si la logique marxiste énonce la loi selon laquelle le prolétaire sera logiquement porté vers le ralliement à l'Internationale et à la lutte sociale dans le but de voir ses intérêts défendus, pour Olson, la revendication d'un caractère rationnel et logique à la théorie marxiste n'est pas pertinente. Car, en toute rigueur, le travailleur, au niveau individuel, n'a aucun intérêt à se rallier à une action de classe coûteuse, dont il bénéficiera de toute façon en fin de compte. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture