La lutte des places de Vincent de Gaulejac et Isabel Taboada-Léonetti

Résumé du document

Vincent de Gaulejac (1946) est professeur de sociologie à l'université Paris VII et également directeur du laboratoire du Changement social créé en 1990 dont les thèmes d'études sont :
- Le pouvoir dans l'entreprise
- Le sujet face aux déterminations sociales et psychiques
- La violence sociale et la lutte des places

Il dirige deux collections sur la sociologie clinique. Il est membre fondateur de l'institut international de sociologie clinique. Vincent de Gaulejac définit la sociologie clinique comme étant à : " l'écoute du sujet, proche du réel dans ses dimensions affectives et existentielles, attentive aux enjeux inconscients individuels et collectifs (…) elle s'inscrit au cœur des contradictions entre objectivité et subjectivité … entre le poids des déterminismes socio-historiques et la capacité des individus à être créateurs d'histoire."

Isabel Taboada Léonetti, (décédée en 2005) était sociologue chercheuse au CNRS. Membre fondateur de l'unité de recherche "Migrations et société" à la faculté Paris VII.

Extraits

[...] Le processus de réinsertion demande du temps, l'éducateur ne doit pas outrepasser les étapes. L'éducateur doit pouvoir définir les limites de son intervention auprès des personnes accueillies, la clarté est obligatoire lorsque les personnes sont en position d'espérer une sortie de leur galère. L'éducateur ne décroche pas la lune. Afin de ne pas réitérer des parcours portant vers des répétitions d'échec, l'éducateur se doit d'évaluer les capacités d'insertion sociale et socioprofessionnelle de la personne (état de santé, problème d'addiction, relation familiale, relation personnelle au scolaire, logement, expériences et centre d'intérêt Il doit convenir d'un programme d'insertion en accord avec celle-ci, ne pas décider à sa place. [...]

[...] Plus l'image négative est intégrée, plus le sujet entre dans la résignation et le retrait social. Une surenchère dans les conduites d'échec arrive parfois face au poids des contraintes non appréhendables par le sujet, cette réaction lui permet de conserver une dignité, une maîtrise de son parcours. " que ce soit par le repli sur soi qui conduit à l'isolement ou par la surenchère qui porte à anticiper le malheur, l'individu semble effectuer des choix qui font de lui l'acteur de sa propre désinsertion" (p.222). [...]

[...] Ce que l'on peut penser n'être qu‘un tout petit pas est parfois une avancée par la personne accompagnée, c'est sur ces tout petits pas ainsi que sur leurs valorisations que le chemin mené est cohérent. Une pause sur ce chemin permet de mieux appréhender la route . http://www.vincentdegaulejac.com/ Selon B .Bergier "les compagnons d'Emmaüs. Le social en acte, Paris; éditions ouvrières 1992 R. Castel, Les métamorphoses de la question sociale. Une chronique du salariat, Fayard, Paris Créée par la loi du 27 juillet 1999 B. [...]

[...] de Gaulejac tente d'expliquer certaines causes de l'exclusion sociale croissante. En analysant le passage de la société industrielle à une société postmoderne individualiste, hors groupal et centrée sur la compétitivité et le marché, il constate que la classe ouvrière est éclatée en 3 pôles : - "Un pôle promotionnel, rassemblant les ouvriers qualifiés qui deviennent techniciens"qui adhérent de moins en moins aux syndicats et aux partis. - "Un pôle traditionnel se référant encore au modèle ancien, celui de l'ouvrier pauvre, solidaire, rebelle" - "un pôle en perdition basculant dans l'exclusion suite à des plans de modernisation ou des ouvriers se retrouvent sans qualification, sans formation " 33). [...]

[...] L'exemple de chômeurs canadiens qui dans le chômage et la précarité ont réorganisé leur vie autour de ce temps libre (échange, entraide, système d'échange local "Car le bonheur dans la précarité n'est possible que si celle-ci s'appuie sur un autre système de valeurs. La consommation, l'argent, le pouvoir, le plein emploi remplacés par la vie naturelle, l'amitié, ou la solitude choisie, le temps dilaté, la liberté " (p.225). Dans cet exemple optimiste, les participants ont maintenu le lien, un réseau relationnel. La perte de ce lien entraîne une rupture. Ils ont montré par une mobilisation d'un capital social et culturel : une résistance dans cette première étape du processus d'exclusion. En prenant en compte les données sociohistoriques, V. [...]