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Cet ouvrage, écrit par l'historienne Phyllis Martin, spécialiste de l'Afrique centrale a pour objectif d'explorer la manière dont les habitants de Brazzaville occupaient leurs heures de loisir. Il a été publié dans son édition originale en 1995, mais ne fut traduit en français qu'en 2006. Il s'agit d'un aspect parfois négligé de l'histoire coloniale, mais source de nombreux renseignements sur la vie quotidienne des habitants des villes coloniales et des interactions qui se développèrent entre les différents groupes sociaux. Le loisir est une notion abstraite qui peut regrouper de nombreuses pratiques différentes, cependant elles sont toutes liées au fait qu'elles sont réalisées durant le temps libre des travailleurs à des fins de divertissement et de détente. En conséquence, cette étude sur les loisirs aborde également les évolutions déterminantes relatives à la manière de mesurer et d'appréhender le temps.
[...] Les produits avaient tendance à se diversifier pour répondre à une demande croissante et de plus en plus exigeante. Après la Seconde Guerre mondiale, le cinéma ou le retour des anciens combattants, participèrent à la diffusion de nouvelles modes permises par la diversification croissante de l'offre. Malgré la fondation de quelques fabriques de vêtements et de chaussures, la plupart des produits sont importés et la tendance ne change pas. Cependant, nombre de femmes continuent de porter le pagne africain pour des raisons esthétiques et utilitaires. [...]
[...] Les habitants des zones africaines prennent eux aussi l'initiative d'organiser leur espace quotidien avec leurs faibles ressources et dans les limites des contraintes imposées par l'administration coloniale. Ainsi divers bars et cafés apparaissent et deviennent des lieux de socialisation. De même qu'en 1930, un terrain de football est créé à Poto. Durant la Seconde Guerre mondiale, la ville vit à nouveau dans la peur et souffre de l'inflation. La guerre terminée, Brazzaville profite de la nouvelle politique en matière coloniale, plus dispendieuse en investissement public via le Fonds d'investissement pour le développement économique et social (FIDES). [...]
[...] Les Brazzavilois se sont complètement approprié ce sport. Les joueurs comme les supporteurs choisissaient leur équipe de cœur en fonction de leur identité religieuse, ethnique ou professionnelle, renforçant ainsi l'ethnicité urbaine. Ces clivages entraînaient des rivalités importantes, principalement entre les équipes de Bacongo et de Poto. Pour s'assurer, la victoire, la sorcellerie était courante. Cette pratique, héritière des rites religieux traditionnels, visait à soumettre la force des esprits en sa faveur. E. Chapitre 5 : Ambiance et animation urbaine Durant les premières années de la colonisation, les travailleurs pouvaient se rassembler dans les bars des factoreries où ils pouvaient consommer de l'alcool. [...]
[...] Ces derniers s'absentaient souvent lorsque leur aide était requise pour les travaux agricoles. Après la Seconde Guerre mondiale le nombre d'heures de travail fut abaissé, et des vacances annuelles accordées. Par contre, les demandes visant à négocier l'agencement des heures de travail ne furent pas appliquées. Ces demandes étaient motivées principalement par l'éloignement des lieux de travail et de résidence. Toujours dans l'objectif de contrôler les populations africaines de la ville, le pouvoir colonial tenta de régenter les pratiques sociales. [...]
[...] Brazzaville apparaît ainsi comme une juste représentation de la ville coloniale avec ses quartiers séparés, mais aussi ses espaces d'échanges. Une ville où la hiérarchie interne des groupes aussi bien colonisés que colonisateurs est exposée par toutes sortes de pratiques allant de la tenue vestimentaire au choix de l'activité suivie. Pour l'auteur, les tensions ayant éclaté à la fin des années 1950 entre les deux grands partis politiques, candidat à la gouvernance dans la future République congolaise, sont davantage dues à l'émergence de cette nouvelle « ethnicité » développée dans le contexte spécifique de la ville coloniale qu'à une rivalité traditionnelle entre ethnies aux origines géographiques opposées. [...]
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