Lawrence WIEDER a été l'élève du célèbre fondateur de l'ethnométhodologie : Harold GARFINKEL. Il est diplômé de la faculté de sociologie de l'université de Californie à Los Angeles (UCLA) où il a obtenu son doctorat.
Il a enseigné la sociologie entre autres à l'université de l'Oklahoma avant d'en intégrer le département de communication en 1983. Il a ensuite dirigé la division d'interaction linguistique et sociale (Language and Social Interaction Division) de l'association nationale de communication (National Communication Association).
L'article dont ce commentaire fait l'objet s'inscrit clairement dans une problématique classique dans les courants américains de l'ethnométhodologie et de l'interactionnisme : celle du rapport de l'acteur aux normes – que celles-ci soient morales ou sociales a d'ailleurs peu d'importance.
Il convient donc de démontrer d'abord que le code des détenus, autour duquel s'articule cet article et le livre à partir duquel il est composé, concourt à comprendre et à expliquer, à certains égards, le comportement déviant en tant qu'il constitue un sous-ordre normatif (1.).
Il importe ensuite de montrer en quoi le code est formulé, d'après l'auteur, de façon réflexive et comment en découle son effet persuasif (2.).
Il convient enfin de démontrer ce qui constitue indubitablement l'apport le plus essentiel de l'auteur à la thématique des normes, pourtant amplement développée par différentes approches sociologiques, à savoir que le fait de « dire le code » peut être un guide pour la perception. Nous nous attacherons ici à mettre l'accent sur la portée d'une telle affirmation, laquelle dépasse largement le champ de la sociologie pour s'inspirer des découvertes linguistiques et philosophiques de l'époque (3.).
[...] En ce sens, on peut dire que les dires à propos du code sont réflexifs. C'est un langage à part entière davantage qu'un simple métalangage Le code des détenus est formulé de façon réflexive ( 2.1 et a un effet persuasif 1. La formulation réflexive du code des détenus Le code n'est pas dit de manière explicite : Il est directement mis en forme dans les entretiens. C'est ce qui est à la base de son caractère réflexif. Rappelons brièvement que le concept de réflexivité est hérité de la phénoménologie dont s'inspire l'ethnométhodologie. [...]
[...] On peut parler d'une collaboration à un degré élevé. Plus l'infraction au code est grave, plus la sanction à l'encontre du détenu qui a enfreint le code l'est logiquement aussi. On passe ainsi par différents degrés d'exclusion allant de l'exclusion dans les mots (désignation du pleurnichard comme pas comme nous à l'exclusion dans la force (violence à l'encontre de la balance en passant par une exclusion dans les faits (coupure de contact avec les lèche-culs Le code, en ce qu'il instaure des sanctions, est bien un ordre normatif. [...]
[...] C'est ce qui lui fait dire que le code s'élabore lui-même et élabore en retour le contexte dans lequel il s'applique (self- and setting- elaborative) La Gestalt-contexture Les bribes collectées sont des expressions indexicales (déictiques) c'est-à- dire des expressions qui prennent sens dans leur contexte. En fonction du contexte, un même énoncé peut avoir des sens complètement différents. C'est dire qu'il n'a pas de signification en soi. Ces bribes, constituant la Gestalt-contexture, prennent sens les unes par rapport aux autres. Il existe un rapport d'interdétermination entre elles. Elles déterminent ensemble et mutuellement les normes implicites. Ces normes implicites ne permettent pas de prédire les actions qui se déroulent conformément à elles car l'interprétation des individus leur laisse une marge de liberté. [...]
[...] Dans le doute, on ne peut se permettre de faire fi de ce risque. L'effet persuasif du code procède de cette multi- conséquentialité. Le code possède de plus une structure flexible et ouverte open, flexible structure : Il a la capacité d'expliquer grand nombre de faits. Cette structure flexible et ouverte correspond à ce qu'Harold GARFINKEL appelle la clause etcetera (etcetera clause) c'est-à-dire que des cas non explicitement prévus par le code sont malgré tout interprétés en fonction de celui-ci. [...]
[...] Chaque apparence peut donc être considérée comme une expression de ce modèle implicite tandis que ce modèle implicite est lui- même identifié à partir des apparences. Il faut comprendre le modèle implicite comme ce qui est accountable (pour reprendre un des concepts clés de l'ethnométhodologie) c'est-à-dire ce qui est observable et rapportable. L'accountable renvoie à ce qui fait sens et donc à une opération d'interprétation. Sans cesse les actions sont interprétées en termes de contexte et celui-ci est à son tour interprété comme étant ce qu'il est à travers ces actions. C'est ce qui nous permet de réinterpréter après coup une action. [...]
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