« Mieux vaut prévenir que guérir », cette formule est révélatrice de ce phénomène d'envahissement de notre quotidien par des considérations médicales, de santé, où tout est prétexte à des traitements, des thérapies juste « au cas où », en prévention ou même, désormais, par habitude ou dépendance.
En effet, aujourd'hui la médecine et la médicalisation tiennent une place importante dans la société et ont une influence sur les comportements, les représentations des individus vis-à-vis de la santé et des maladies. La science médicale s'est imposée tant dans la dimension économique que sociale et apparaît comme un thème transversal auquel tout se rapporte dans la vie quotidienne. Cette diffusion du domaine médical à l'ensemble de la société a conduit à une importance croissante de son pouvoir sur les individus et à une métamorphose de ses pratiques médicales. Cela implique alors des questions quant à la direction prise par la médecine aujourd'hui.
On peut alors se demander si l'idéologie médicale ne tend pas actuellement à devenir toute puissante sans prendre en considération les dangers que cela peut entraîner. Nous pourrons alors voir tout d'abord le pouvoir qu'exerce le domaine médical sur la société et ensuite comment celui-ci se voit limité du fait même de ses excès.
[...] Tout d'abord, on peut concevoir la médecine comme un véritable pouvoir, qui colonise totalement le quotidien des individus La domination de la médecine -Tout d'abord, la domination de la médecine peut se révéler d'un point de vue économique à travers l'émergence de l'entreprise médicale. Ce pouvoir économique se concrétise, par exemple, avec les grands groupes pharmaceutiques qui sont gérés comme de véritables entreprises. Leur considération première est devenue non plus la santé, mais le bénéfice et le profit. La prise en compte du bien-être du patient, de sa santé, laisse place à celle de l'efficacité et de la productivité comme dans toutes entreprises. [...]
[...] On veut limiter les risques, la douleur, les désagréments. Cela est d'autant plus marqué avec la prégnance de la société de consommation qui fait de la consommation un mode de vie, une pratique culturelle et non plus une action induite par un réel besoin. On consomme des médicaments, des thérapies comme des produits, des biens de consommation classiques, sans en avoir forcément besoin, mais plutôt par habitude de consommation, ou par prévention. On le voit notamment dans la publicité où de nombreux produits se rattachent au médical, à l'hygiène et sont présentés comme indispensables. [...]
[...] Ivan Illich, L'homme assisté L'entreprise médicale menace la santé. La colonisation médicale de la vie quotidienne aliène les moyens de soin. Le monopole professionnel sur le savoir scientifique empêche son partage. Une structure sociale et politique destructrice trouve son alibi dans le pouvoir de combler ses victimes par des thérapies qu'elles ont appris à désirer. Le consommateur de soins devient impuissant à se guérir ou à guérir ses proches. Ivan Illich, L'homme assisté Introduction Mieux vaut prévenir que guérir cette formule est révélatrice de ce phénomène d'envahissement de notre quotidien par des considérations médicales, de santé, où tout est prétexte à des traitements, des thérapies juste au cas où en prévention ou même, désormais, par habitude ou dépendance. [...]
[...] Elle peut désormais être considérée comme une entreprise. L'individu faisant appel à la médecine n'est plus un malade mais un consommateur de soins L'entreprise médicale est ainsi devenue une véritable industrie dans un contexte de mondialisation. Par exemple, les médicaments sont protégés par des brevets dans le cadre de l'Organisation Mondiale du Commerce (protection des droits de propriété intellectuelle : TRIP'S, Trade Related Intellectual Property's Rights), ce qui rend difficile pour certains pays d'avoir accès à des médicaments s'ils ne possèdent pas de licences. [...]
[...] De là vient la notion de droit des usagers qui aboutit à une véritable relation soignants-soignés. La médecine n'est alors pas seulement synonyme d'excès et de domination, mais aussi de progrès importants. [...]
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