Dans une première partie, Jacques Donzelot décrit l'émergence de la question sociale, face à l'impasse de la souveraineté et le vide laissé par cette valeur fictive entre l'Etat et le citoyen. Il développe ensuite l'invention de la solidarité, avec ses théoriciens et ouvre sur les limites du « solidarisme. ». Dans une troisième partie, il évoque la séparation entre l'économique et le social et l'affirmation d'un Etat providence devant combler ce vide. Enfin, il illustre les limites de cette affirmation du social avec Mai 68 ; limites aboutissant sur l'autonomisation du social, l'accentuation du vide entre l'Etat et les individus et la nécessité de « reformuler les enjeux du politique ». Il semble à présent nécessaire pour notre commentaire, de conserver le plan du livre, le développement de l'auteur se plaçant dans une perspective historique
[...] La République française met progressivement en place un cadre de protection et d'assistance des citoyens. Ce cadre s'appuie sur les réflexions de Durckheim et s'inspire de systèmes étrangers (et notamment de la technique assurantielle mise en œuvre par Bismarck en Allemagne) et vise à réaliser la solidarité en en tant qu'expression visible du lien invisible (Charles Gide, économiste) entre les citoyens et l'Etat. Cette Ecole Nouvelle promotrice de la technique assurantielle s'oppose à l'école anglo-saxonne (reposant sur les sociétés de secours mutuel, auxquelles il peut être difficile de cotiser et offrant une couverture inégale des risques.) Elle promeut une assurance pour tous en influant sur le milieu plutôt qu'en moralisant les individus (école traditionnelle) et en mettant en œuvre le lien solidaire (interdépendances de fait.) Ainsi, pour E. [...]
[...] Les libéraux soulignent le vide Etat- société, alors que Marx met en avant le rôle du capital dans la désagrégation des liens sociaux, dans un contexte où l'Etat ne trouve pas sa place. Les utopistes s'interrogent enfin sur les lois qui pourraient régir légitimement la société. Jacques Donzelot montre ainsi dans la première partie de son ouvrage, comment le contrat social républicain a éclaté sous l'effet d'implications contradictoires de ses valeurs (liberté et égalité), et comment la question sociale a progressivement émergé, en tant que moyen de réaffirmer les liens dans la société. [...]
[...] L'opposition entre travail et capital se trouve ainsi transposée dans celle entre le social et l'économique. Les ouvriers désirent une progression des droits sociaux, alors qu' un patronat de plus en plus invisible vise à l'affirmation de la rationalité économique, tous se voulant porteur de la rationalité moderne. Dans ce conflit, l'Etat apparaît presque hors-jeu et va devoir intervenir pour que l'économique soit le moyen, et le social la finalité du progrès. Comment l'Etat peut-il parvenir à ce que chacun ait sa place dans l'entreprise ? [...]
[...] Keynes, le social doit permettre de soutenir l'économie, pour lui permettre d'être durable. Il fait ainsi émerger le principe de gouvernement des variables faisant de l'Etat un instrument neutre articulant le social et l'économique, pour garantir le progrès. Ce calcul (avant tout statistique) des risques et des chances opéré par l'Etat engendre une harmonisation des normes, mais chacun essaie de tirer avantage du cadre fixé. Pour J. Donzelot, le langage de la statistique est relatif dans son effet et homogénéisant dans ses effets. [...]
[...] L'Etat ne semble parvenir à recréer des liens dans la société et les doctrines politiques perdent de leur contenu. Il termine sur la mise en avant d'une nécessaire reformulation des enjeux politique. La politique se doit d'être moins partisane, plus consciente et mieux représentative de la société. L'Etat peut ainsi recréer des liens dans la société et mieux faire percevoir à chacun son intérêt d'y prendre part. En définitive, Jacques Donzelot réalise dans son ouvrage un historique des relations sociétales au sein de l'Etat républicain. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture