L'intelligence sociale pourrait bien être le concept important du management de ces prochaines années comme l'annonce la parution de l'ouvrage récent de Daniel Goleman auteur des best-sellers sur l'intelligence émotionnelle. Les connaisseurs des tests sont familiers de la notion : ils se rappellent les travaux de Thorndike qui en donnait une première définition mettant en valeur la nécessité pour chacun, dans notre monde social, de maîtriser une capacité à comprendre les autres et à fonctionner avec eux.
L'ouvrage de Daniel Goleman "L'intelligence sociale" se situe dans cette lignée, mais il approfondit la perspective à la lumière des recherches les plus récentes sur les neurosciences. En effet, sur près de 400 pages, il réaffirme, démontre, argumente sur l'essence fondamentalement sociale de la personne : celle-ci existe avec, en fonction, grâce, par rapport aux autres, elle est un être social.
[...] Concrètement, GOLEMAN définit l'intelligence sociale selon deux dimensions principales. La première concerne une certaine conscience sociale faite d'empathie, de capacité à se situer sur le même registre émotionnel que l'autre, à comprendre ses sentiments, ses pensées et ses intentions. De manière générale on y trouve une capacité à comprendre comment fonctionne le monde social qui nous entoure. Le deuxième aspect de l'intelligence sociale selon l'auteur, c'est une capacité à faciliter les relations entre les personnes et plus largement le monde social environnant. [...]
[...] Cette intelligence sociale n'apparaît alors pas comme une sorte de caractéristique innée de la personne mais plutôt comme une compétence longuement développée selon que les contextes sociaux de la personne permettent à cet inné de s'exprimer et de se développer. Pour GOLEMAN cette intelligence sociale est donc bien «développable». La troisième caractéristique est de ne pas seulement fonder les développements de l'intelligence sociale seulement sur les neurosciences mais aussi sur une philosophie de la relation qui emprunte beaucoup à Martin BUBER[3] et, sans doute insuffisamment, à LEVINAS. [...]
[...] Intelligence and its Use. Harper's Magazine 140 (1920). BUBER, M. Je et Tu. Paris : Aubier. [...]
[...] Evidemment l'adolescence et la jeunesse sont des périodes de l'existence où l'activité relationnelle est forte et où en vit avec, contre, par rapport, en fonction des autres. Mais ce stade de l'existence ne constitue pas une exception dans le cours d'une vie. On remarque d'ailleurs l'importance de l'expérience relationnelle de l'existence quand on écoute les personnes parler de leur travail : en deçà de ce que l'on nomme parfois trop rapidement harcèlement, stress ou souffrance pour n'en faire qu'une expérience personnelle, c'est de qualité des relations humaines dont il s'agit. [...]
[...] Fini le moi, aux oubliettes la contrainte du développement personnel dans sa bulle protégée de l'environnement qui ne peut être que corrupteur, relativisées les exigences universelles d'autonomie et d'indépendance, remisée la philosophie du n'ai besoin de personne en comme l'avait suggérée Brigitte BARDOT Le second enseignement important est relatif à l'approche optimiste de GOLEMAN. L'intelligence sociale se développe, elle peut s'affiner. Comme dans n'importe quel secteur on peut apprendre, même si tout le monde n'atteindra pas le même niveau, même si chacun a son propre rythme d'apprentissage. Mais celui-ci ne se fait pas dans le secret de la personne mais dans l'expérience relationnelle quotidienne. GOLEMAN nous invite donc implicitement à revoir notre expérience du collectif. [...]
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