Titulaire d'une maîtrise de droit public et diplômé du Centre de formation des journalistes, Philippe
Bernard est aujourd'hui chef de section au sein de la séquence « Société » du Monde. Le titre de son ouvrage,Immigration : le défi mondial, peut porter à confusion : on s'attend à un livre sur les migrations internationales alors que, passé le premier chapitre, il s'agit d'un état des lieux de l'immigration en France. L'auteur aborde les
différents aspects de la question (histoire, emploi, éducation, intégration, politique migratoire, etc.) avec une analyse particulièrement informée : est ainsi passée en revue au fil des chapitres l'histoire déjà ancienne de l'immigration dans ce pays, depuis les premières vagues de Belges sous le Second Empire jusqu'à l'arrivée massive de ressortissants des anciennes colonies d'Afrique du Nord. Quelles lois régissent le séjour de ces
populations étrangères ? Quel est le sort réservé à leurs descendants, pour la plupart devenus français ? Quel a été l'impact de la politisation du débat à partir des années 80 et de l'instrumentalisation du thème des immigrés
par une partie de la classe politique ? Quelles sont les conditions à réunir pour réussir une intégration dont les ratés sont aujourd'hui plus visibles que les réussites ? C'est à cette série de questions que l'auteur tente de répondre avec le souci méritoire de dédramatiser le débat, en en expliquant les différentes dimensions, sociale, culturelle et religieuse, entre autres. Un précis juridique de 25 pages recensant l'ensemble des lois relatives à
l'immigration, une chronologie et une bibliographie comprenant adresses et sites Internet viennent
opportunément compléter un ouvrage où la volonté pédagogique ne cède pas au refus du simplisme et à un
optimisme mesuré sur l'avenir français des populations issues des dernières vagues d'immigration. Philippe Bernard nous propose donc un état des lieux, riche d'une information sur les structures historiques, géographiques, culturelles des communautés, sur leurs réseaux de sociabilité, sur leur différenciation dans les modes de vie, de consommation, d'accès aux biens, qui met en perspective la difficulté d'intégration en France.
[...] Dans les pays d'accueil, le nombre des immigrés est souvent mal connu : seuls les réfugiés font l'objet de comptages. Dans les pays de départ, le nombre des absents fait l'objet, au mieux, d'évaluations grossières. Il faut donc se contenter de chiffres très approximatifs. Selon le Fonds des Nations unies pour la population, le nombre des personnes vivant dans un autre pays que leur pays natal serait passé de 75 millions en 1965 à 120 millions en 1990 et à 150 millions en 2000. [...]
[...] Parmi eux étaient des ouvriers (contre seulement en moyenne). Par ailleurs, l'appartenance des immigrés aux catégories ouvrières se vérifie quel que soit le pays d'origine - et elle est particulièrement forte parmi les personnes originaires du Maroc et d'Algérie. La population immigrée doit faire face à une plus grande précarité devant l'emploi (contrats à durée déterminée, emplois intérimaires). Elle est particulièrement touchée par le chômage (en des étrangers actifs étaient au chômage, contre en moyenne). Les ressortissants extra-européens sont les plus affectés : en mars 1998, leur taux de chômage, au sens du Bureau international du travail s'élevait à contre pour les Français. [...]
[...] Sur la mappemonde des flux migratoires, l'Europe occidentale est l'une des destinations majeures. Parmi les toutes premières, la France, pays carrefour où un continent butte sur l'océan et la mer, ex-puissance coloniale, contrée de relative prospérité, accueille massivement des étrangers depuis le milieu du XIXème siècle. Les strates massives et successives d'immigrés l'ont façonné, reconstruit, suppléant à des faiblesses démographiques, compensant les saignées guerrières, encaissant les chocs économiques. Mais, dès les premiers signes de la crise en 1974, l'afflue de la main-d'œuvre étrangère a été stoppée avec des phénomènes de repli et de xénophobie. [...]
[...] Désormais les familles constituent l'apport le plus élevé. Parallèlement, se sont intensifiées les deux autres sources de migration : la demande d'asile, et, plus récemment, dans certains pays, l'immigration de travail. Plus de 50 millions de personnes sont victimes de déplacement forcé La charge de ces populations exilées par la force pèse proportionnellement plus lourd sur les pays en développement et le nombre des personnes déplacées dans leur propre pays ne cesse de croître. L'immigration et le développement forment donc un couple tumultueux. [...]
[...] Le traité d'Amsterdam (article 73 signé en 1997, prévoit que le Conseil de l'Union définit les mesures relatives à la politique d'immigration dans deux domaines : d'une part, les conditions d'entrée et de séjour (délivrance par les États membres de visas et de titres de séjour de longue durée, y compris aux fins de regroupement familial), d'autre part, l'immigration clandestine et le séjour irrégulier. À (long) terme, ces décisions se prendront par un vote à la majorité. Pour autant, les États-nations conserveront la possibilité de définir de façon autonome leurs modes originaux de se constituer en tant que communautés de citoyens. [...]
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